« Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir », disait Aimé Césaire. Voici l’éphémeride du 12 juillet 2020
12 juillet 1918. Haiti déclare la guerre à l’Allemagne par décret du Conseil d’État
Voici ce qu’a écrit le Dr Joseph Bernard Junior au sujet de cette déclaration de guerre:
« Une nouvelle Constitution fut promulguée le 19 juin 1918, et le Parlement haïtien remplacé conformément à l’article D de ses dispositions transitoires par le Conseil d’Etat, entité formée de 21 membres nommés par le président de la République, et consacrée par un décret en date du 5 avril 1916. Ce dit Conseil d’Etat fit d’Haïti la 22e nation à déclarer la guerre à l’Allemagne le 12 juillet 1918 (6), vraisemblablement convaincu par le discours de Dartiguenave, affirmant que « […] la République d’Haïti, unie à la République des Etats-Unis d’Amérique par de multiples et puissants intérêts communs dont l’évidence éclate à tous les yeux, devait conformer son action à celle de sa grande alliée naturelle .
Cette déclaration de guerre à l’Allemagne enclencha sur le sol haïtien la campagne antigermanique de l’Oncle Sam visant à éliminer les intérêts allemands de l’Amérique pour les remplacer par des intérêts américains ou pro-américains. Cette campagne allait être officialisée par les deux arrêtés du 24 juillet 1918 interdisant respectivement la résidence de tout Allemand sur le territoire national et tout commerce avec l’Allemagne ou ses alliés (8). Tous les biens des Allemands d’Haïti, dont les noms furent publiés dans Le Moniteur, furent mis sous séquestre puis liquidés. Certains d’entre eux furent même incarcérés ou rapatriés.
Cette chasse aux sorcières se poursuivit même après la fin de la grande guerre. Mais suite à la sanction du Traité de Versailles le 2 juin 1920, une loi en date du 12 juillet 1920, soit exactement deux ans après la déclaration de guerre à l’Allemagne, institua un office haïtien de vérification et de compensation en vue de dédommager les Allemands d’Haïti (9).
Les mesures antigermaniques du 24 juillet 1918 furent rapportées par un arrêté présidentiel en date du 29 novembre 1920 (10). Une loi en date du 2 août 1921 mit fin à la séquestration-liquidation des biens allemands et institua une commission chargée de restituer les biens non liquidés. Mais pourquoi cette focalisation du gouvernement haïtien sur l’Allemagne, et non les autres nations alliées ? Tout simplement parce qu’elle était pour les Etats-Unis la plus menaçante avec sa Weltpolitik (politique mondiale) qui tendait à s’implanter définitivement dans la Caraïbe et en Amérique latine. »
12 juillet 1835. Décès de Coriolan Ardouin
Fameux poète Haitien et jeune frère de Beaubrun et Céligny Ardouin, Gustave-Léonard-Coriolan Ardouin était le fils d’Alexis Ardouin et de Suzanne Léger. Il a vu le jour le 11 décembre 1812 à Petit-Trou-de-Nippes. Très tôt, orphelin de père et de mère, toute la vie du jeune poète a été une suite de drame et de tourments. Né avec une santé fragile, le jour de sa naissance un papillon noir se posa sur son berceau et son grand frère âgé de 2 ans agonisa dans une chambre voisine. Il perdit ses deux amours et son fils alors qu’il était encore nourrisson. « Reliques d’un poète haïtien » fut l’unique recueil de poèmes de Coriolan Ardouin, publié à titre posthume par Émile Nau.
12 juillet 2001. Décès de Paul Eugène Magloire
Magloire est né le 19 juillet 1907 à Quartier-Morin( Cap-Haitien) et était Fils du général Eugène Magloire et de son épouse née Philomène Matthieu. Il a fait ses études secondaires classiques au Lycée Philippe Guerrier du Cap-Haitien. Avant de s’enrôler en 1930 à l’Académie Militaire de Port-au-Prince. Il en sortit un an plus tard et reçut sa première commission comme sous-lieutenant et sera promu lieutenant en 1933. Il fut le 30ème président d’Haiti et le 33ème chef d’état.
Président d’Haiti du 10 décembre 1950 au 6 décembre 1956, Il a gouverné le pays d’une main ferme en acceptant très peu de dissidences. Il court-circuitait ses opposants, les syndicalistes et les protestataires et cela lui a valu le titre de “kanson fè”. Mais la répression était de loin très modérée par rapport à celle de Duvalier. Il démissionna, en Décembre 1956, à contre-coeur, sous la poussée de revendications populaires et par suite du manque de support de quelques-uns de ses frères d’armes. Il est mort aveugle, à Port-au-prince.
12 juillet :
Pensée du jour
Fais ce que tu penses être bien, on te critiquera de toute façon. Eleanor Roosevelt
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