192,5 Milliards de Gourdes Nécessaires à la Reconstruction du Grand Sud
Six mois après le terrible séisme ayant frappé le grand Sud, le gouvernement haïtien organise une conférence de donateurs ce 16 février 2022. L’objectif sera de réunir 192,5 milliards de gourdes nécessaires à la reconstruction de cette région. En marge de cet évènement, une conférence de presse a été organisée par le Ministère de la culture et de la communication lundi à Bois-Verna où sont intervenus le Ministre de la Planification Ricard Pierre, le Représentant Spécial adjoint du Secrétaire général au BINUH en Haïti, Bruno Lemarquis, entre autres.
D’entrée de jeu, la Ministre de la culture et de la communication Emmelie Prophète a souligné que le gouvernement haïtien et les habitants du Grand sud comptent beaucoup sur cette conférence des donateurs pour voir comment reconstruire les départements touchés par le séisme du 14 août 2021. Mme Prophète a souligné que cette reconstruction va vouloir dire beaucoup de choses. « Comment désormais reconstruire en Haïti pour la majorité des Haïtiens? Parce qu’Haïti est vulnérable; il est souvent frappé par des cyclones, des tremblements de terre. Nous sommes appelés à connaître des événements de ce type. »
Aussi, selon la titulaire du MCC, le pays doit effectuer une dévulnérabilisation, c’est-à-dire avoir des constructions respectant les normes. « Les gens doivent connaître ce que sont ces catastrophes afin d’être prêts lorsqu’ils arrivent ; pas seulement dans le Sud mais dans d’autres régions, a-t-elle expliqué. Aussi, le 16 février sera un gros exemple de reconstruction et ce sera lors de la conférence des donateurs.
En guise de précision, la titulaire du MCC a annoncé que la conférence des donateurs aura lieu le 16 février à l’hôtel Karibe à partir de 11h am. Le gouvernement sera représenté par le Premier ministre Ariel Henry, les Nations-Unies par la Secrétaire générale adjointe Amina Mohammed. « La majorité des délégués seront à l’étranger. Beaucoup de participants seront en visio-conférence. Il y aura également des représentants de pays étrangers, la majorité des représentants des ambassades sur place seront présents dans la salle », a fait savoir la ministre qui en a profité pour saluer le soutien des Nations-Unies pour son rôle dans la réalisation de ce projet.
Prenant la parole pour l’occasion, le coordonnateur résident du BINUH en Haïti, Bruno Lemarquis, a d’abord demandé que l’on reconnaisse le leadership des autorités haïtiennes et les contributions de la société haïtienne. « Dans la phase de l’urgence, il y a un grand leadership de la Direction de la protection civile, a-t-il reconnu. Les Nations-Unies et ses partenaires ont travaillé en coordination avec cette institution qui existe depuis 20 ans, qui a fait des progrès et qui maintenant se trouve en bonne situation. »
M. Lemarquis a également salué le leadership du gouvernement haïtien pour la mise en place du Plan d’évaluation des dommages, pertes et besoins (PDNA) « Ce processus a été mené sous le leadership du MPCE avec la participation de plusieurs ministères. J’ai moi-même participé à ce genre de processus en Haïti et dans d’autres pays, je n’ai jamais vu un PDNA élaboré aussi rapidement -en six semaines- d’une telle qualité. Nous applaudissons ce processus. »
Pour Bruno Lemarquis, la reconstruction du grand Sud est une opportunité pour les dirigeants haïtiens de renforcer les mécanismes de coordination avec les départements et les partenaires internationaux. « C’est aussi l’occasion de renforcer les mécanismes de gestion, de transparence, de responsabilité. C’est aussi l’opportunité de développer la région de manière plus résiliente, pour ne pas rebâtir la même vulnérabilité existante, d’investir beaucoup plus dans la réduction des risques de désastres », a-t-il déclaré. Le responsable reconnaît que beaucoup d’efforts sont faits sur les réponses, mais déplore qu’il y en ait trop peu pour réduire les risques.
Appelant au respect des mécanismes mis en place par les autorités haïtiennes, des institutions et de l’économie locale, M. Lemarquis a annoncé que le fonds fiduciaire demandé par le gouvernement haïtien sera prêt ce 16 février. « Cette structure permettra aux bailleurs qui le veulent de canaliser des fonds directement vers l’État haïtien », a-t-il expliqué. Par ailleurs, M. Lemarquis dit souhaiter une présence virtuelle importante des pays amis, des partenaires d’Haïti à cette conférence. Car, dit-il, ce qui compte ce n’est pas la quantité d’argent mais la solidarité.
Dans sa prise de parole, le ministre de la Planification et de la coopération externe Ricard Pierre a rappelé que toutes les interventions réalisées après le séisme ont été faites avec transparence, sous le leadership des autorités haïtiennes avec la collaboration des partenaires internationaux et des organisations locales. Ces dernières, souligne-t-il, ont participé activement à ces réponses. « Il n’y a aucune étape dans l’intervention de l’État et de ses partenaires où la collectivité n’était pas impliquée afin de s’approprier de ce qui se faisait », a-t-il rappelé, précisant qu’il s’agit là d’une différence majeure comparée à l’expérience de 2010.
À côté de toutes ces actions d’urgence, le gouvernement a également pensé à la reconstruction et au relèvement. « C’est en ce sens que le Premier ministre a rapidement contacté les Nations-Unies, la BID, la Banque mondiale et l’Union européenne pour former un comité de pilotage », a-t-il ajouté. Tout de suite après, une comité technique allait voir le jour. Constitué du MPCE, des cadres fournis par la communauté internationale pour travailler avec les experts haïtiens venant de divers ministères, ce comité allait élaborer de manière célère et efficace le PDNA, selon le ministre.
Élaboré également avec la participation de la population du Grand Sud, le PDNA évalue les dommages causées par le séisme, les pertes par secteur, mais aussi les besoins en terme de relèvement et reconstruction. « Tout ça sous les yeux vigilants de la population », a déclaré M. Pierre. Aussi, selon le ministre, le pays a besoin de 192,5 milliards de gourdes pour rebâtir le grand Sud. « Mais cette reconstruction se fera en fonction d’une vision, d’un plan. « Cette vision de ce plan s’inscrit à travers le Programme de Relèvement Intégré de la Péninsule Sud (PRIPS) », a précisé le titulaire du MPCE.
« Nous ne voulons pas répéter les expériences passées où chacun vient avec son argent et fait ses propres interventions au nom d’Haïti et des victimes. Aujourd’hui, il y a une évaluation des besoins qui a été faite, il existe un programme de relèvement préparé », a averti le responsable, rappelant au passage que les contributions seront déposés dans le fonds fiduciaire mis en place par les Nations-Unies à la demande du gouvernement haïtien.
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