« Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir », disait Aimé Césaire. Voici l’éphéméride du 26 juillet 2020.
Nous publions un extrait du texte du
Dr Gage Averill, sur le compas direcr. Dr Gage Averill est détenteur d’un doctorat en ethnomusicologie, il est spécialiste des musiques populaires haïtiennes , professeur et doyen à la Faculté des Arts de la University of British Columbia (Canada)
Nemours Jean-Baptiste nait dans une famille de la classe moyenne de Port-au-Prince le 2 Février 1918. Il apprend la guitare, et le banjo avec Barrato Destinoble dans la ville des Cayes. Et à Port-au-Prince, il prend des cours de saxophone avec Victor Flambert.
Au début des années 1940, il intègre le Jazz Guignard et le Conjunto International, où plus tard il rencontrera son futur partenaire et rival Wébert Sicot. Nemours est une des vedettes du Trio (plus tard Orchestre) Atomique, du nom de son chanteur Djo Atomique (de son vrai nom, José Laveau). D’origine dominicaine et haïtienne, ce dernier s’est spécialisé dans le répertoire cubain et dominicain.
Vers 1952, Nemours quitte l’Orchestre Atomique. En 1953, il fonde son propre orchestre au club Aux Calebasses. C’est à Raymond Gaspard, le guitariste de Nemours, que l’on doit le terme compas-direct (konpa-dirèk en créole, plus tard réduit à konpa). Cette étiquette commerciale associée au nouveau son du groupe signifie, en gros, « battement (rythmique) droit, carré ».
Cette pulsation rythmique « carrée » qui caractérise le konpa est renforcée par le rythme en « un-deux » de la contrebasse, sur lequel le tambour joue une variante du merengue dominicain (traditionnellement joué sur la tambora bi-membranophone). L’accordéon joue accords et arpèges (motifs joués sur les notes de l’accord) ainsi que quelques passages mélodiques. Saxophones et trompettes jouent en réponse les lignes mélodiques principales.
Le konpa-dirèk est la première musique haïtienne à évoluer dans un environnement complètement commercial. Dans ses premières années, il fait face à de nombreuses critiques venant de nationalistes culturels, pour son orientation populaire, ses influences dominicaines, et pour ce qui leur semble être une innovation purement commerciale.
Si la classe moyenne urbaine est le cœur du public de la musique konpa, Nemours s’efforce à le diversifier. Le vendredi soir, il joue pour les adolescents des zones urbaines, le samedi soir pour l’élite à Cabane Choucoune de Pétion-Ville, le dimanche pour les classes moyennes Aux Calebasses ou Sous Les Palmistes, au carnaval pour les classes populaires, et enfin dans les provinces lors des fèt patwonal (fêtes de saint) et autres fèt chanpèt (fêtes paysannes)
26 juillet 1915. Attaque du palais national par des opposants au président Vilbrun Guillaume Sam
Lourdement armés, 52 rebelles menés par Charles de Delva et Ermane Robin, prirent la d’assaut le palais national. Le président prit poudre d’escampette et se refugia au Consulat français.
Le lendemain, le général Charles Oscar Etienne, chef de la police de Port-au-Prince, fit massacrer les prisonniers politiques détenus au pénitencier national dont l’ancien président d’Haiti, Oreste Zamor.
Ces événements devinrent le prélude de l’une des périodes la plus humiliante de notre histoire.
26 juillet: Pensée du jourLa plus grande découverte de notre génération a été de s’apercevoir qu’un homme peut changer sa vie en modifiant sa façon de penser. Williams James
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