La violence des gangs pousse un demi-million d’enfants hors de l’école seulement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince où 1700 écoles sont fermées, selon l’UNICEF
Le fonds des nations-unies pour l’enfance en Haïti a fait état de 500 000 enfants qui ont perdu l’accès à l’éducation en raison de la violence liée aux gangs. La guerre qui a éclaté en 2018 entre différents gangs armés au Centre-ville (La Saline, Bel-Air) en passant par celle de Martissant avec les gangs de Gran-Ravine, Tibwa et Village de Dieu pour arriver à celle opposant 400 mawozo et Chen Mechan au niveau de la Plaine du Cul de Sac ont provoqué des milliers de déplacés dans des zones dansement peuplées. Ainsi, près de 1 700 écoles sont actuellement fermées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince en raison de ces affrontements entre gangs rivaux qui ont éclaté depuis la fin du mois d’avril.
« En Haïti, l’avenir des enfants est menacé par les gangs. L’insécurité prive des milliers d’enfants de leur éducation. De nombreuses écoles de la capitale restent vides en raison de la violence des gangs – elles sont soit fermées, soit inaccessibles. Les familles, les femmes et les enfants ont peur de quitter leur maison, les enfants ont peur d’aller à l’école. Aucun enfant ne peut aller à l’école alors que des balles volent dans l’air, ce n’est pas sûr et cela ne peut pas durer », a déclaré Bruno Maes, représentant de l’UNICEF en Haïti.
Dans un communiqué de l’UNICEF citant le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), seulement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, 772 écoles sont fermées à Croix-des-Bouquets, 446 à Tabarre, 274 à Cité Soleil, et 200 autres à Martissant, Fontamara, Centre-Ville et Bas-Delmas. Les gangs ont gardé la mainmise sur les écoles, où les directeurs devaient payer les chefs de gang pour assurer la sécurité de l’école. Les directeurs ne pouvaient pas se permettre de continuer à payer et ils ont été obligés de fermer les portes des écoles. En outre, de nombreuses écoles sont également occupées par des familles déplacées, poursuit l’UNICEF.
Des enfants enrôlés dans les gangs
L’UNICEF affirme avoir reçu « des informations crédibles selon lesquelles des enfants qui risquent d’abandonner l’école seraient recrutés par des gangs et payés à la semaine. » Outre les conséquences sur l’éducation, les enfants sont également déplacés, blessés et tués en raison de la propagation de la violence des gangs à Port-au-Prince. En dix (10) jours, 10 enfants ont été tués, dont six (6) en une seule journée.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), citée par l’UNICEF, 9 000 personnes ont été déplacées de Croix-des-Bouquets, Tabarre et Cité Soleil en raison de l’insécurité. Au 3 mai, 752 personnes dont au moins 124 femmes et 200 enfants ont trouvé refuge sur neuf sites autour de Clercine à Tabarre. Elles vivent dans des conditions précaires, sans hygiène et assainissement adéquats, sans accès aux services de base, sans eau potable et sans intimité pour les femmes et les enfants, avec un risque accru de violence sexiste.
« Les femmes et les enfants de la capitale haïtienne craignent leur vie et celle de leurs enfants. Ils sont victimes d’enlèvements, de maisons brûlées, de meurtres et de déplacements car leur vie est constamment mise en danger par la violence persistante des gangs urbains. Déjà touchées par les effets néfastes du COVID-19, en plus des catastrophes naturelles du pays, les familles haïtiennes continuent de fuir pour sauver leur vie. Donner aux enfants des armes pour combattre et les utiliser comme soldats ou espions est une violation de leurs droits d’enfant et est condamné par les lois nationales et internationales. « , a ajouté M. Maes.
Alors que la violence des gangs depuis août 2020 a provoqué le déplacement de 19 000 personnes, dont 15 000 femmes et enfants, et a entravé le transport de fournitures et de personnel vers le sud-ouest d’Haïti, touché par un violent tremblement de terre en août dernier, la « crise » actuelle des gangs affecte déjà les routes vers le nord, allongeant le délai de livraison aux personnes dans le besoin et augmentant considérablement les coûts des opérations humanitaires pour répondre aux personnes dans le besoin.
L’UNICEF a exhorté tous les acteurs concernés à s’abstenir d’utiliser la violence pour mettre en danger la vie des femmes et des enfants et à cesser de recruter des enfants. L’UNICEF a également appelé toutes les parties prenantes à prendre des mesures pour rétablir un environnement pacifique afin de protéger les enfants haïtiens de la violence.
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Le taux de référence calculé par la BRH pour ce lundi 9 mai 2022