Politique

7 février 2022: le SDP maintient son soutien au PM Ariel Henry et prône le dialogue

Photo: Ody Bien-Eugène | #Juno7 #J7Fev2022

7 février 2022: le Secteur Démocratique et Populaire ( SDP) maintient son soutien au PM Ariel Henry et prône le dialogue

Lors d’une conférence de presse le lundi 7 février à Delmas 75, le Secteur Démocratique et Populaire (SDP) a réaffirmé son attachement à l’accord du 11 septembre. Cet accord, selon les responsables du regroupement politique permettra de satisfaire aux revendications populaires.

 Dans ses propos de circonstances, l’ancienne ministre à la condition féminine et aux droits de la femme Marjory Michel a souligné que ce 7 février 2022 est une date symbolique.  « Cela fait 36 ans depuis que les Haïtiens ont renversé la dictature, a-t-elle rappelé. C’est une date qui symbolise les luttes du peuple haïtien dans sa quête pour vivre de façon décente comme d’autres peuples le font dans des pays où les droits de la personne humaine sont respectés.»

 Et 36 ans après, il y a encore des hauts et des bas dans la lutte pour l’établissement de la démocratie, le peuple gémit encore dans la misère et dans la souffrance. « Chaque pas effectué vers l’établissement de la démocratie, certains empêchent le pays d’avancer et le font reculer de 3,4,5 pas. Mais c’est un peuple combatif. Il s’est toujours engagé dans la recherche de son bien-être. Nous voulons donner l’assurance au peuple haïtien que le secteur démocratique va toujours rester soudé et luttera pour que ses revendications soient satisfaites.

 Mme Michel a également tenu à saluer l’intelligence du peuple haïtien qui, dit-elle, à garder son calme ce 7 février. « Nous saluons l’intelligence du peuple haïtien qui sait identifier ceux et celles qui luttent ou pas à ses côtés ». C’est en ces termes que l’ancienne titulaire du MCDF a introduit ses deux autres camarades, sous les applaudissements de plusieurs militants et sympathisants du SDP.

 Fidèle à l’accord du 11 septembre 2021, mais prêt au dialogue

Très élogieux envers l’accord du 11 septembre, l’ancien Sénateur Nènèl Cassy a fait savoir que c’est l’unique document dont l’application permettra la satisfaction des revendications populaires. « Nous n’avons pas signé cet accord pour la satisfaction d’intérêts particuliers mais pour la satisfaction des revendications de la population », a-t-il déclaré.  

Et si le train a du mal à démarrer, ce serait de la responsabilité des autres acteurs. « S’il y a du retard dans la satisfaction des revendications de la population, c’est parce que les autres acteurs ne nous ont pas encore rejoints. Ils doivent venir nous rejoindre à cette fin », a-t-il souhaité.  

C’est pourquoi l’ancien élu des Nippes appelle ces groupes organisés à les rejoindre. « Nous sommes prêts pour travailler avec tout le monde. Nous voulons parler avec eux parce que nous voulons une transition de rupture. Et ce 7 février 2022 marque le début de cette transition de rupture, déclare-t-il. Dès qu’il est question de l’intérêt du peuple haïtien, on est prêt à travailler avec eux. Le moment est venu pour que le dialogue haïtien ait lieu. »

Le militant politique a aussi fait part des insatisfactions du SDP concernant l’application de l’accord du 30 septembre. Organe de contrôle, assemblée constituante, l’évaluation de la carte dermalog, procès des massacres, procès Petrocaribe, retrait des décrets « scélérat » de Jovenel Moïse, entre autres : ce sont tous des points de l’accord qui ne sont pas encore appliqués. Si le SDP demande à Ariel d’engager des  discussions avec les autres groupes, il conditionne sa participation aux prochaines élections à la satisfaction de ces revendications : sécurité, libération des prisonniers politiques,   cessation des affrontements entre gangs rivaux à Martissant, Cité-soleil, audit des organismes publics de gestion autonome, entre autres.

Photo: Ody Bien-Eugène | Juno7

Le SDP veut le retrait de certaines décisions des administrations antérieures

Défendant le bien-fondé de l’accord du 11 septembre, Me André Michel signale d’entrée de jeu que le SDP mène une bataille avec Ariel Henry et son gouvernement et que celle-ci va dans l’intérêt collectif et c’est ce qui fait sa force. Pour illustrer ses dires, Me André Michel affirme que le SDP va demander le retrait de plusieurs décisions qui font du tort à la population notamment la circulaire de la BRH sur les transferts.  

« Il y a une décision qui a été prise sous la présidence de Jovenel Moïse avec M. Baden Dubois. Ils ont pris une circulaire permettant aux maisons de transfert et aux banques de garder les dollars et de payer les citoyens en gourde. Et s’ils ont besoin du dollar, ils doivent l’acheter. C’est un crime », a dénoncé André Michel. Il estime que le temps d’application de cette mesure est révolu. « Le SDP dit que le moment est arrivé pour qu’on retire cette circulaire de la BRH. Il faut remettre au peuple haïtien ses dollars. C’est le combat du SDP. Nous demandons au gouvernement d’Ariel Henry de prendre sa responsabilité », a tranché M. Michel.  

Le porte-parole du SDP a également abordé le dossier des ports de Saint-Marc et de Miragoâne où le dédouanement des effets personnels est interdit depuis 2020. « Cette décision pénalise la population et fait l’affaire des nantis », dénonce-t-il, précisant que le représentant du SDP au gouvernement, l’ancien Sénateur Ricard Pierre, a été chargé d’aborder le problème en conseil des ministres.  

Concernant la formation du Conseil électoral, Me André Michel affirme que le SDP avait exigé l’intégration de la diaspora. « Lorsque nous signions cet accord avec Ariel Henry, nous lui avons dit que si la diaspora n’a aucun représentant dans le nouveau CEP, le SDP n’ y adhèrerait, rappelle-t-il. Pour nous, il est inacceptable que ce groupe ne soit pas intégré dans la gestion politique du pays. Il faut un représentant de la diaspora pour défendre ses intérêts dans la gestion de la chose publique en Haïti. »  

Il est hors de question  d’envoyer l’écharpe présidentielle au Sénat

Réagissant à la dernière résolution du tiers du Sénat affirmant que le temps de service d’Ariel Henry prend fin ce 7 février 2022, Me Michel signale que la position du SDP est claire. « Ils ne sont plus sénateurs. Ce sont des acteurs politiques. Dans un contexte de crise, nous devons leur parler. Mais leur mandat a pris fin le deuxième lundi de janvier 2022. Ils n’ont aucun droit de prendre de résolution demandant qu’on leur apporte l’écharpe présidentielle ». 

Aussi demande-t-il au ministre de la planification Ricard Pierre d’aborder ce sujet en Conseil des ministres afin qu’une résolution officielle soit adoptée. « Le gouvernement n’a pas pris sa responsabilité et doit se prononcer. Nous demandons à Ricard Pierre de réintroduire cette question en débat. Le conseil des ministres doit se prononcer de manière  formelle sur la fin constitutionnelle du mandat des dix anciens sénateurs », a-t-il dit.  

Audit des organismes publics et reddition de compte

Toujours dans la logique de défense de l’intérêt général, le SDP dit avoir pris en main le dossier de l’Office National d’Assurance Vieillesse (ONA) où plus de 100 milliards de gourdes ont été dilapidés pendant les dix dernières années, selon les dires de Me Michel. Accusant des dirigeants politiques et hommes d’affaires, le SDP qualifie cette situation de crime et estime que c’est inacceptable. « Ils prêtent de l’argent aux businessmen aux politiciens en utilisant l’argent des ouvriers, des policiers, professeurs, des petits commerçants qui cotisent à l’ONA. C’est un crime et le SDP ne peut l’accepter», a-t-il déclaré.  

C’est dans cet objectif que le SDP dit avoir demandé à la Cour des comptes d’auditer les dix dernières années de gestion au sein de l’ONA. « Nous avons déposer une plainte formelle à la CSC/CA pour qu’elle enquête sur la gestion de l’ONA afin de déterminer qui sont ceux qui ont volé cet argent.

Et peu importe de qui il s’agit, il doit être arrêté », a-t-il fait savoir.  

Dans la même veine, Me André Michel annonce être de retour devant la Cour des comptes avec le dossier Petrocaribe. L’homme de loi rappelle que la CSC/CA, dans ses rapports, a constaté la dilapidation de 4,5 milliards de dollars. Aussi demande-t-il à la Cour de prendre ses responsabilités. « La Cour des comptes n’a pas encore rendu les arrêts de débet. Elle doit se prononcer contre les ordonnateurs de fait, contre les comptables de fait et droit. Si elle ne fait pas son travail, la justice aura toujours des difficultés à prendre ses responsabilités. »

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