Ce jeudi 29 février 2024, Port-au-Prince et plusieurs zones dans l’aire métropolitaine étaient en ébullition. Des tirs nourris ont été entendus à plusieurs endroits, une situation qui a créé un vent de panique au sein de la population. Selon les informations recueillies par notre rédaction auprès de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, plusieurs personnes ont été touchées par balles. Une source sûre nous a confirmé que plus d’une vingtaine de personnes, touchées par des projectiles, ont été reçues pour recevoir des soins.
Très tôt dans la matinée de ce jeudi noir, des tirs nourris ont été entendus un peu partout dans la capitale.Alors que Vitelhomme Innocent et le gang « Kraze baryè » attaquaient l’Ecole Nationale de Police à Frères, des individus armés ont assiégé et incendié le sous-commissariat de Portail Léogâne. Devant cette éruption inattendue et violente des gangs, la police a semblé être prise de court. A l’exception du Champ-de-Mars où des policiers à bord d’un blindé opéraient contre les gangs aux abords de la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l’UEH, la PNH était aux abonnés absents.
L’horreur vécue par les habitants de la capitale haïtienne a remis les projecteurs sur le débat autour de la PNH et de ses insuffisances car le peuple apparaît de plus en plus livré à lui-même. Des familles entières, d’origine modeste, ont été obligées d’abandonner leur domicile pour se rendre dans des camps de réfugiés afin de ne pas être victimes des attaques répétitives des gangs. Dans ces camps de fortune aménagés à la va-vite règnent, le désarroi, la peur et l’angoisse…
« Les autorités nous obligent à vivre comme des bêtes malgré nos différents appels à l’aide lancés, nous n’avons reçu aucune assistance. Nous dormons à même le sol. Nous manquons de tout » déplore une mère accompagnée de ses 4 enfants en guenilles et désemparés. Devant le comportement irresponsable des autorités, ces réfugiés crient leur ras-le-bol et leur désespoir. Ils implorent les autorités policières à déployer des efforts nécessaires pour traquer les gangs et les neutraliser.
Au-delà de ce drame, devant la montée exponentielle de l’insécurité dans le pays, il est important de se poser la question : qui finance les groupes armés qui se multiplient à Port-au-Prince et dans des villes de provinces ?
Plus d’un se plaint de la passivité de la communauté internationale devant ce genocide. Certains disent voir la main de l’étranger dans ce chaos, dénonçant le fait que les armes à feu et munitions proviennent de l’étranger notamment des USA . Mais la réalité est plus simple et plus dure. Il revient à nous autres haïtiens en premier lieu d’assumer la responsabilité de nos malheurs. Les gangs ont proliféré car nous n’avons pas su créer une économie offrant des opportunités d’emplois. Les armes rentrent à flot parce que nos dirigeants n’ont pas su équiper et organiser nos douanes pour contrer ce fléau.
Le peuple souffre car nous n’avons pas été en capacité de former une police équipée et formée pour contrer la criminalité et protéger la société. Nous avons porté au pouvoir des élus qui ont eux-mêmes financé des gangs armés pour s’assurer de gagner les prochaines élections par la force des armes. Nous avons porté à la tête de l’État des dirigeants qui n’avaient pas la capacité de redresser la barque nationale. Et souvent, ces derniers qui, une fois arrivés au pouvoir, doivent combattre les armes qu’ils ont eux mêmes distribuées au préalable .
Il faut un véritable plaidoyer pour que cesse le commerce illégal d’armes et de munitions vers Haïti. Certes, la police judiciaire a procédé à plusieurs reprises à des arrestations de citoyens impliqués dans le trafic d’armes. Il est vrai que les Etats-Unis ont condamné plusieurs haïtiens pour avoir envoyé des armes et munitions aux gangs. Mais rien n’est fait jusqu’à présent, malgré les différents actes judiciaires posés à l’encontre des trafiquants, la situation va de pire en pire. Les gangs se multiplient et ne manquent jamais d’armes ni de munitions pour s’accaparer des territoires, voler et piller. Face à cette situation alarmante, nos autorités doivent vite réagir et mettre fin au trafic illicite des armes à feu en renforçant la douane et les points frontaliers.
A ce propos, le comportement complaisant des autorités ne prouve-t-il pas que ce trafic joue en leur faveur ? Sont-ils de connivence avec les gangs ? Sont-ils simplement laxistes ? Sont-ils irresponsables ou simplement en manque de moyens logistiques et techniques pour faire face aux criminels qui sont mieux armés. Peu importe la réponse, il est évident que le pays va mal,la priorité absolue dans les mois à venir sera de restaurer la sécurité. À qui profite l’insécurité en Haïti ? A personne sauf à des hors-la-loi qui tiennent le pays en otage, un territoire autrefois symbole de la liberté universelle.
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