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Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres « réaffirme qu’il faut de toute urgence déployer une force armée spécialisée internationale » en Haïti.
Le Secrétaire général de l’ONU vient de soumettre son dernier rapport en date sur Haiti. Ce présent rapport traite des thématiques comme le climat politique, les Sanctions des Nations Unies et les sanctions bilatérales; l’évolution de la situation socioéconomique; la Protection sociale et la sécurité alimentaire; la propagation de l’épidémie de choléra, les droits humains avec un accent particulier sur les violences policières lors des manifestations, les journalistes victimes, le sort des migrants haïtiens et les violences sexuelles dans les quartiers occupés par les gangs armés.
Daté du 17 janvier 2023 et soumis en application de la résolution 2645 (2022) du Conseil de sécurité, il souligne qu’au dernier trimestre de 2022, le climat politique du pays a été influencé par trois initiatives dont l’adoption de la résolution qui a établi un régime de sanctions en vue d’imposer des mesures (interdiction de voyager, gel des avoirs et embargo sur les armes ciblé) aux personnes qui entretiennent, directement ou indirectement, des relations avec des groupes armés et des réseaux criminels, l’imposition par deux États Membres de sanctions bilatérales à l’encontre de plusieurs personnalités haïtiennes ; la demande faite par le Gouvernement haïtien de déployer une force armée spécialisée internationale pour aider la Police nationale d’Haïti à lutter contre l’insécurité liée aux actes criminels des bandes armées.
Quand la violence devient la règle
Pour l’ONU, la violence liée aux bandes organisées a atteint des niveaux inégalés depuis des décennies et reste la principale menace pour la sécurité publique en Haïti. Ces bandes armées ont cherché à étendre leur influence dans des quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince qui étaient, jusqu’à récemment, considérés comme relativement sûrs. À Port-au-Prince, les rivalités entre bandes ont déplacé des dizaines de milliers de personnes, dont la plupart se sont réfugiées dans des camps improvisés qui, devenus eux-mêmes le théâtre d’infractions violentes, ont mis encore plus à mal les capacités d’une police nationale déjà débordée.
Les bandes organisées ont continué d’utiliser la violence sexuelle, y compris le viol, comme une arme stratégique pour terroriser les populations, dans le but ultime d’étendre leur contrôle. Lors d’affrontements opposant des bandes à la Croix-des- Bouquets en octobre, au moins 40 femmes ont été victimes de viols, y compris de viols collectifs, commis par des membres de bandes lourdement armées.
« Je réaffirme qu’il faut de toute urgence déployer une force armée spécialisée internationale, comme je l’ai expliqué dans la lettre que j’ai adressée le 8 octobre au Président du Conseil de sécurité. À l’heure où l’opinion publique salue largement les avancées relatives aux mesures de sanctions imposées par le Conseil, il faut absolument rétablir l’état de droit afin que le peuple haïtien puisse exercer ses droits politiques et civils, notamment le droit de voter en toute sécurité lors d’une élection générale. Il est vital que les routes principales et les installations essentielles restent accessibles pour que l’État soit à même de fonctionner et de protéger les Haïtiens et les Haïtiennes de sorte qu’ils puissent vivre leur vie en toute sécurité », a avancé M. Guterres dans son rapport.
L’accord du 21 décembre comme la voie à suivre
Après avoir rappelé le processus de discussion qui a conduit à la signature, le 21 décembre du Consensus national par le Premier Ministre et un large éventail de parties prenantes, dont certains signataires de l’Accord de Montana, divers groupes non alignés, la société civile, des groupes religieux, le secteur privé et un grand groupement politique se faisant appeler « le compromis historique », Antonio Guterres a demandé à toutes les parties prenantes d’œuvrer ensemble à la mise en œuvre d’arrangements transitoires inclusifs qui soient propices à créer les conditions nécessaires au rétablissement des institutions démocratiques.
« Je me félicite, ajoute-t-il, du soutien clair et fort apporté par l’ensemble de la communauté internationale en faveur d’une solution prise en main et dirigée par les Haïtiens, qui doivent dialoguer de manière inclusive et véritable pour ouvrir la voie vers un avenir plus stable et durable. Je demande également à nouveau que tout soit mis en œuvre pour enquêter sur l’assassinat du Président Moïse et d’autres personnalités publiques et pour que les auteurs de ces actes soient traduits en justice. »
Le rapport du secrétaire général souligne que le peuple haïtien subit la pire situation d’urgence humanitaire et de droits humains qu’il ait connu depuis des décennies. La violence en bande organisée a aggravé l’épidémie de choléra, augmenté l’insécurité alimentaire, déplacé des milliers de personnes et privé les enfants d’école. Il faut agir de toute urgence, a-t-il martelé, pour atténuer les effets disproportionnés de la violence en bande organisée sur les femmes et les filles en Haïti. Je condamne avec la plus grande fermeté les violences sexuelles généralisées auxquelles se livrent les bandes armées pour terroriser les populations. Les rescapés de ces crimes odieux méritent que justice soit faite, a t-il souligné.
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