Antony Blinken a brandi la menace de sanctions contre les acteurs entravant la transition politique en Haïti et demandé à Leblanc de mettre son devoir au propre dans la formation du CEP dans le plus bref délai en vue de restaurer la démocratie dans le pays.
Lors de sa visite en Haïti, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a tenu plusieurs rencontres séparément, le jeudi 5 septembre 2024, il a discuté avec neuf leaders politiques haïtiens à l’ambassade américaine. Parmi les personnalités présentes, il y avait Caude Joseph , André Michel, Pascal Adrien, Maryse Narcisse, Jerry Tardieu, Clarens Renois, Joel Vorbe, Moïse Jean Charles et Magali Como Denis. À la suite de cette rencontre, Juno7 a interviewé plusieurs acteurs, le chef de la diplomatie américaine a profité de cette occasion pour lancer un message très clair aux participants, il faut évacuer le plus vite les membres impliqués dans l’ affaire liée à la Banque Nationale de Crédit (BNC). Selon lui cette distraction empêche le bon fonctionnement du CPT et du coup bloque la réussite de la transition politique en Haïti.
Blinken a averti les leaders politiques que des sanctions pourraient être imposées contre ceux qui tenteraient d’entraver l’éviction des membres indexés du Conseil Présidentiel de Transition. Selon des informations obtenues par Juno7, la réunion a été marquée par des divergences d’opinion, notamment sur la position à adopter vis-à-vis de ces membres. Contacté par Juno7, Moïse Jean Charles, leader de Pitit Desalin, a soutenu que Emmanuel Vertilaire ne devait pas être écarté malgré les accusations portées contre lui. Sans langue de bois, il estime que ces sanctions doivent plutôt aller à l’encontre des secteurs qui ne veulent pas la réussite de la transition et la stabilité dans le pays.
De son côté, André Michel, représentant de l’accord du 21 décembre, a affirmé pour Juno7 avoir plaidé pour le retabissement de la sécurité en Haïti, le retour du Premier ministre Ariel Henry et a rappelé que 21 décembre avait déjà accepté la proposition de la Caricom de remplacer son représentant au CPT, pour apaiser les tensions et permettre à la transition de se dérouler sans accroc.
Blinken a également signifié l’urgence de la formation du Conseil Électoral Provisoire (CEP) lors de discussions avec Edgard LeBlanc Fils, coordonnateur du CPT. Les efforts pour organiser des élections dans les meilleurs délais ont été mis en avant. Edgard Leblanc Fils est au pied du mur pour résoudre la crise interne du dysfonctionnement du CPT et trouver la cohénence nécessaire pour faire avancer l’agenda de la transition.
En conférence de presse, Blinken a réitéré l’engagement des États-Unis envers Haïti, annonçant une nouvelle aide humanitaire de 45 millions de dollars via l’USAID pour alléger les souffrances économiques et soutenir les efforts de stabilisation dans le pays. Il a aussi souligné la volonté de Washington de poursuivre la lutte contre la corruption en Haïti, en citant notamment les sanctions imposées récemment contre l’ancien président Michel Martelly impliqué au trafic de drogue, le blanchiment des avoirs et le parrainnage des groupes de gang en Haïti
Quant à la question sécuritaire abordé avec le Premier Ministre Conille et ses collaborateurs dont Dominique Dupuy et Nesmy Manigat, le diplomate américain a encouragé un soutien financier accru pour la force multinationale de soutien à la sécurité (MMSS) en Haïti et a évoqué l’idée de transformer cette force en une mission d’opération de la paix des Nations Unies. Les États-Unis s’engagent aux côtés d’Haïti pour discuter avec le conseil de sécurité des Nations unies en vue de résoudre la crise haïtienne pour un avenir plus sûr en faveur du peuple haïtien. Antony Blinken prévoit de discuter avec le secrétaire général de l’ONU prochainement pour une meilleire lecture sur la crise actuelle et convaincre d’autres partenaires de s’engager à aider Haïti.