Haiti – Économie: Le premier ministre Ariel Henry adresse la lettre de cadrage du Projet de Budget 2022-2023 aux ordonnateurs publics.
A moins d’un mois de la nouvelle année fiscale, le chef du gouvernement, Ariel Henry a adressé, en date du 2 août, à tous les ordonnateurs des institutions de l’administration publique la lettre de cadrage du Projet de Budget 2022-2023 avec les grandes lignes de la politique budgétaire pour l’exercice 2022-2023. Le Gouvernement, dit-il, a fait le choix d’inscrire la gestion budgétaire dans le cadre pluriannuel à partir de l’exercice fiscal 2022-2023, en application de la Loi du 04 mai 2016 remplaçant le Décret du 16 février 2005 sur le processus d’élaboration et d’exécution des lois de finances.
« Au niveau de chaque institution publique, nous devons nous focaliser sur les actions susceptibles d’engendrer des résultats rapides et tangibles dans chacun des domaines prioritaires » a préconisé le chef du gouvernement. Les crédits budgétaires doivent être affectés essentiellement aux actions suivantes : l’organisation de la consultation populaire et les élections pour renouveler le personnel politique l’implémentation des programmes sociaux du gouvernement, notamment la PNPPS, afin de mitiger les effets de l’inflation sur les plus pauvres, combattre l’insécurité alimentaire, créer les conditions de mise en œuvre de certaines réformes nécessaires.
Toujours selon lui, une intervention dans le financement des campagnes agricoles pour mitiger la hausse anticipée de l’inflation ; la lutte contre la contrebande, le financement du terrorisme et le blanchiment des avoirs; L’extension du programme de départ volontaire à la retraite afin non seulement de moderniser et rajeunir la fonction publique mais également de contenir les dépenses de traitements et salaires qui pèsent lourdement sur le budget, la dotation de l’administration publique d’un cadre global rénové intégrant la révision des lois organiques des Ministères et des organismes déconcentrés et autonomes pour améliorer les services publics et mieux répondre aux besoins de la population ; la prise en compte de la dimension genre ; la lutte contre la traite des personnes.
« La situation des finances publiques reste des plus préoccupantes et appelle à la responsabilité de tous. Notre pays s’affiche parmi les moins performants au monde en ce qui concerne la mobilisation des recettes. Le taux de pression fiscale implicite oscille autour de 60/0 contre une moyenne de 23 0/0 pour la région Amérique Latine et Caraïbes. La corruption, le poids important du secteur informel, la contrebande, le retard dans la digitalisation de nos administrations fiscales et douanières, le faible niveau de civisme fiscal des contribuables sont autant de facteurs qui expliquent nos faibles performances fiscales. Cette situation réduit les marges de manœuvre de l’Etat pour répondre aux urgences sociales et aux exigences du développement économique. Les ressources mobilisées restent souvent insuffisantes pour couvrir les dépenses courantes. Dans ce contexte, les investissements, pourtant essentiels à la croissance, sont sacrifiés d’année en année », a indiqué le PM.
Face à ces constats, le chef du gouvernement croit que nous devons accentuer nos efforts pour améliorer la mobilisation des ressources domestiques. A cet effet, les administrations fiscales et douanières doivent déployer des actions rigoureuses pour accélérer la digitalisation des opérations ; maîtriser les bases imposables et développer des cadres pour améliorer la conformité fiscale. Il assure que toutes les dispositions seront prises pour que l’AGD et la DGI travaillent en parfaite synergie pour atteindre ces objectifs. Trop souvent les fraudeurs, contrebandiers et malfaiteurs profitent du manque de communication entre ces entités, pourtant sœurs pour perpétrer leurs forfaits. Du côté des dépenses, toutes les institutions de l’État doivent s’investir à rationaliser les choix de dépenses afin de dégager des ressources pour le financement des projets structurants
« C’est dans ce contexte difficile et incertain que se déroule le processus de préparation du Budget 2022-2023 et se définissent les orientations pour la période triennale. A un moment où elle tente de se relever des effets de la crise sanitaire, l’économie mondiale fait face aux conséquences néfastes de la guerre Russo-Ukrainienne. Au niveau national, malgré les efforts consentis pour sortir l’économie haïtienne de la récession, l’exercice fiscal 2021-2022 aura été une fois de plus marqué par un recul de l’activité économique, une accélération de l’inflation et une détérioration du taux de change », a ajouté le premier ministre.
Pour Ariel Henry, les perspectives macroéconomiques et financières indiquent que la période triennale (2023-2025) sera encore un défi. Mais, du niveau de nos efforts dépendront nos réussites. Ainsi, dit-il, la politique budgétaire, dans le cadre du budget programme pluriannuel, sera orientée vers une diminution du financement monétaire afin de faire baisser les pressions inflationnistes ; et une accélération des dépenses publiques pro-croissance.
« Renouer avec la croissance économique, assurer la stabilité sociale et améliorer les conditions sécuritaires sont des nécessités des plus importantes et constituent nos priorités pour l’exercice fiscal 2022-2023. La stratégie retenue pour le budget 2022-2023 consiste à se concentrer sur l’essentiel afin d’optimiser l’utilisation des ressources et éviter le saupoudrage. Pour ce faire, nous devons améliorer les performances dans la mobilisation des ressources domestiques et la qualité des dépenses publiques de manière substantielle », a-t-il fait savoir.
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