Politique

Au delà des accords, Gérald Germain propose la recherche d’un consensus large pour une solution à la crise

Photo: Ody Bien-Eugène | Juno7

Au delà des accords, Gérald Germain propose de trouver un large consensus, en toute bonne foi, avec toutes les forces vives pour une sortie de crise et un retour à la normalité constitutionnelle.

Le professeur et économiste, Gérald Germain, lors d’une interview exclusive accordée à Juno7, a passé en revue les différentes facettes de la crise pluridimensionnelle qui ronge la société haïtienne dans une analyse poussée et a même formulé une proposition de solution. Sans vouloir faire la leçon aux secteurs, il estime que personne n’a la formule magique pour tirer le pays de ce marasme. Au contraire, il a exhorté l’équipe en place à aller à la rencontre des forces vives du pays avec pour objectif de trouver une stratégie pour ramener le pays à la normalité constitutionnelle le plus vite que possible.

Avant toute chose, il a tenu à rappeler que sa dernière intervention dans la presse remonte à 2020. A cette époque, il dit avoir mis en relief la polarisation des forces politiques, d’un côté il y avait le président Jovenel Moïse soutenu par la communauté internationale mais lâché par une majorité de la population haïtienne, et de l’autre côté, une opposition avec une grande capacité de nuisance l’empêchant de déployer des politiques publiques en réponse à ses promesses électorales à la population. Il en résultait ce que certains appelaient une crise multiforme. « En ce moment, j’avais lancé un appel au consensus et au dialogue aux deux camps au nom de l’amour qu’ils ont pour la patrie commune en vue d’une sortie de crise honorable et bénéfique pour le pays », a précisé M. Germain.

Actuellement, on a l’impression que la situation s’est aggravée. Le pays est sous assistance respiratoire. Les acteurs n’arrivent pas à se mettre d’accord pour tourner la page de la transition et remettre Haïti sur les rails démocratiques en facilitant le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais. En effet, dit le professeur Germain, il faut créer les conditions de sécurité, pour permettre au peuple haïtien de devenir acteur de son propre destin en exerçant ses droits pour se donner un autre cadre constitutionnel sur la base duquel les prochaines élections doivent être organisées pour un pouvoir élu, bénéficiant de la légitimité populaire pour agir et créer des perspectives d’avenir pour tout un peuple.

« Je crois que l’actuel gouvernement a hérité d’une situation extrêmement complexe et compliquée . La situation économique s’est aggravée . Les indicateurs macroéconomiques sont tous au rouge . Le pays est sur sa 4ième année de décroissance économique avec un taux d’inflation de 30% . De plus, nous avons une gourde qui est en train d’être déppréciée jour après jour par rapport au dollar”. L’économiste Gérald Germain reconnaît toutefois que sur le plan international le dollar comme monnaie de réfuge se renforce même par rapport à l’euro à cause de la crise russo-ukrainienne.

Une proposition de sortie de crise pour un retour à la normalité constitutionnelle

Photo: Ody Bien-Eugène | Juno7

L’ex ministre du Commerce et de l’indutrie, ex ministre des affaires sociales et du travail Gérald Germain exhorte les dirigeants actuels à impliquer les forces vives du pays à la recherche d’une solution viable à cette crise qui nous expose à toutes sortes de danger a-t-il proposé. Ce processus dit-il doit être mené de bonne foi pour le bien commun et la patrie commune. Il y a urgence, selon lui, de réunir les représentants des différents secteurs ( politique, économique, social , réligieux , culturel ainsi que le secteur de la dispora…) pour s’entendre sur une stratégie et définir une feuille de route afin de prendre les mesures nécessaires pour retourner à la normalité constitutionnelle le plus rapidement possible .

« Nous devons nous assurer que les institutions démocratiques fonctionnent contre vents et marées. Le pays ne peut plus laisser autant de place au vide et à l’incertitude tenant compte de l’absence des institutions comme le parlement, le pouvoir judiciaire , l’autre branche du pouvoir exécutif etc. “À cet effet, j’exhorte le premier ministre Ariel Henry à se réunir avec les représentants des diffenrents secteurs sus-mentionnés pour trouver la stratégie et la feuille de route nécessaire” a indiqué Gérald Germain.

Taux de change et insécurité : deux poids pour l’économie

L’impact de l’insécurité sur les entreprises locales notamment celles qui sont dans les départements coupés de la capitale à cause de la guerre des gangs à Martissant vient s’ajouter à la question du taux de change. On assiste, explique- t- il, à une desintermédiation financière . C’est le fait de retirer des dollars du secteur formel pour éffectuer des transactions dans le secteur informel en vue d’en tirer un meilleur taux. Cette pratique est illégale et doit être sanctionnée par la BRH. C’est exactement l’une des raisons pour laquelle le GAFI ménace de suspendre les transactions finacières entre les banques haïtiennnes et les banques étrangères. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les récentes mesures adoptées par les autorités compétentes visant à soutenir la monnaie nationale d’une part , et d’autre part à se mettre en conformité par rapport aux normes du GAFI at-il précisé.

La crise du carburant

Toujours selon l’économiste Gérald Germain , la crise du carburant a contribué à détériorer les conditions de vies du peuple haïtien. Les produits pétroliers ont tendance à laisser les pompes à essence pour se vendre sur le marché informel, les propriétaires des pompes à essence sont à la recherche d’une meilleure marge de profit. À l’instar de la désintermédiation financière sur le marché des changes, ce désordre doit être sanctionné et corrigé . Pour rappel, le décret de 1995 prévoit qu’en cas de fluctuation à la hausse ou à la baisse du prix du baril de pétrole dans une fourchette de plus de 5% , les prix des produits pétroliers doivent être ajustés à la pompe . En toute transparence , les autorités doivent prendre des dispositions pour régulariser la commercialisation des produits pétroliers a-t-il proposé .

La rentrée des classes

Photo: Ody Bien-Eugène | Juno7

« J’ai une position de principe par rapport au fonctionnement de l’école. Sous aucun prétexte nous ne devons pas sacrifier le nombre de jours de classe des enfants car il y va des intérêts supérieurs de l’enfant dont les adultes ont l’obligation de respecter et ce, conformément aux conventions internationnales . En général en Haïti , l’État offre très peu d’encadrement à l’occasion de la rentrée des classes. Les autorités doivent prendre des dispositions entre autres pour mettre le réseau d’école publique en condition de fonctionner, de replâtrer les routes pour faciliter une meilleure circulation des véhicules et des piétons et de garantir la sécurité publique a dit le professeur d’université Gérald Germain ».

Aussi, le professeur , économiste Gérald Germain recommande aux autorités gouvernementales en particulier et aux acteurs politiques en général de respecter le droit des enfants haïtiens à passer les 186 jours en salle de classe a -t-il conclu d’un ton ferme.

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