Économie

BRH: de avril à juin, la covid-19 continue de plomber l’économie nationale

De avril à juin, la covid-19 continue de plomber l’économie nationale selon la dernière note de la BRH sur la politique monétaire.

La Banque de la République d’Haïti (BRH) a publié ce lundi 27 juillet une note sur la politique monétaire pour le 3eme trimestre de l’année fiscale 2020. Des constats sur l’évolution de l’économie en cette période de pandémie de la Covid-19 et des perspectives pour l’économie haïtienne sont soulignés dans ce document d’une quinzaine de pages.

Sur le plan national, estime la BRH, l’activité économique a été marquée par un double effet. D’un côté, l’agriculture a affiché une performance en deçà de la moyenne, fruit d’une pluviométrie plus faible et plus irrégulière que d’habitude. De l’autre côté, les secteurs secondaire et tertiaire ont poursuivi leur ralentissement à la faveur des effets de la pandémie et d’un environnement sécuritaire encore volatil. En effet, au niveau agricole, les principales denrées récoltées au printemps, comme le maïs et les haricots, ont continué à souffrir du déficit hydrique observé depuis fin mars. Parallèlement, les activités de labours et de semis ont été retardées, pour ces mêmes raisons, dans le Nord-Est, le Nord-Ouest, le Plateau Central, le Haut-Artibonite et les Nippes.

Quant au secteur secondaire, il a pâti aussi bien de la baisse de la demande pour le textile destiné à l’exportation que de la fermeture proprement dite de nombreuses usines d’assemblage. En dépit de la réouverture progressive de plusieurs de ces usines et la reconversion d’une partie de leur production vers les équipements de protection personnelle, l’activité du secteur demeure largement en deçà de celle du mois de mars 2020. En effet, l’emploi dans le secteur de l’assemblage au mois d’avril se chiffrait à 36 885 postes, soit 67% du niveau du mois de mars, alors que les exportations du secteur pour ce même mois correspondaient à 32% du montant du mois de mars, soit 28,8 millions de dollars.

Au niveau du secteur tertiaire, une poursuite de la baisse de l’activité a été observée, avec l’arrêt quasi complet des activités dans une branche comme l’hôtellerie et un recul marqué dans celles de la restauration, du transport et du divertissement. À noter que les effets de la pandémie sont venus ici se greffer sur l’incertitude sociopolitique et la situation sécuritaire, lesquelles plombaient déjà fortement l’investissement et la croissance depuis le début de l’exercice fiscal, poursuit la BRH.

Là où la population ressent le plus le poids des difficultés économiques du pays c’est au niveau des prix. En ce qui les concerne, la BRH juge que la baisse de l’offre alimentaire locale, combinée à la progression du financement monétaire et à la dépréciation de la monnaie locale ont contribué à alimenter les pressions inflationnistes. Ainsi, le taux d’inflation annuel s’est établi à 23,4% au mois de mai, en hausse de 1,40 point de pourcentage par rapport à mars 2019. En rythme mensuel, l’inflation a été de 2,29% en mai contre 1,73% en mars, affichant à date une moyenne de 1,82% sur l’ensemble de l’exercice.

Par ailleurs, les transferts privés passant par les canaux formels ont progressé de façon substantielle sur le trimestre. Ils ont ainsi affiché une croissance de 31% par rapport au trimestre précédent et de 27% par rapport à la même période de l’an dernier. Néanmoins, il convient de reconnaître que les transferts informels tout comme les dépenses des visiteurs en dollars ont quasiment disparu avec l’arrêt des vols commerciaux entre Haïti et l’étranger, alimentant parallèlement une rareté du numéraire en devise américaine. C’est dans cette conjoncture que le taux de change de référence de fin de période a crû de 15,66% pour se chiffrer à 113,31 gourdes au 30 juin.

Perspectives…

Toujours selon la note de la BRH, les perspectives de l’économie haïtienne au cours du prochain trimestre dépendent de trois facteurs
majeurs. Le climat sociopolitique avec comme corollaire la situation sécuritaire ; l’évolution de la
pandémie de coronavirus, notamment en lien avec la réouverture des frontières et finalement la sévérité de la saison cyclonique avec son impact potentiel sur le secteur agricole. En effet le climat sociopolitique et la situation sécuritaire sera particulièrement déterminant pour le niveau d’activité du secteur tertiaire, l’évolution des recettes publiques et son effet ultime sur le recours par l’État au financement de
la Banque Centrale (BRH).

Quant à la situation sanitaire liée au coronavirus, elle devrait jouer un rôle déterminant dans l’évolution de la situation économique avec un impact particulier sur les entrées de visiteurs, les dépenses de l’État ainsi que la demande externe pour les exportations. Finalement, les
risques liés à la saison cyclonique devraient continuer à peser sur la performance du secteur agricole ainsi que la disponibilité de denrées alimentaires à travers le pays.

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