Les autorités policières et judiciaires doivent s’expliquer sur la « Bavure policière » à « Ravine Pintade », exige le CARDH.
Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), est revenu sur le drame survenu dans la soirée du mardi 21 septembre 2021 à Ravine Pintade (avenue John Brown/rue Nord Alexis) lors du tournage d’une vidéo d’un groupe rap, New Wave. Selon l’institution, l’intervention musclée de la police sur ce lieu où des jeunes tournaient ce vidéo clip a fait au moins 11 décès et plusieurs blessés. Elle réclame une enquête policière et judiciaire pour fixer les responsabilités afin de faire la lumière sur ce dossier.
«Pour ce tournage les rappeurs utilisaient des armes factices achetées en République Dominicaine et s’étaient entourés de fanatiques, de riverains, de curieux, de petits commerçants de la zone a rapporté le CARDH qui souligne qu’une patrouille de la police administrative (Nissan kicks de couleur blanche) a sillonné l’espace peut-être par hasard ou afin de constater le déroulement du tournage et qu’ensuite vers 22h : 30, est arrivé du commissariat de Port-au-Prince la Toyota Land Cruiser sans portes (communément appelée Zo Reken), avec quatre (4) policiers.
Un des policiers à genoux a tiré sur la foule. Un autre s’est positionné derrière lui, tirant dans la même direction », a raconté le CARDH mentionnant qu’ensuite, les quatre policiers ont pourchassé les gens qui se précipitaient un peu partout dans les corridors, tirant dans toutes les directions. Les maisons ont essuyé plusieurs balles tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ».
Deux morts sont enregistrés sur le champ. Deux personnes, dont Asalas ainsi connu, atteintes d’une balle au pénis et à la ceinture, ont été exécutées. Il y eut également plusieurs blessés poursuit le CARDH qui note que plusieurs patrouilles d’unités spécialisées sont ensuite venues: CIMO, BIM, UDMO « Des blessés emportés par la police ont été retrouvés morts plus tard au carrefour Samida, à l’avenue Pouplard (carrefour Miragôane), à la ruelle Berne et à la ruelle Jérémie » , a révélé l’institution.
«Au moins 11 personnes ont été tuées, dont Loubens, fils de l’inspecteur divisionnaire Louicéus Délius : trois sur le champ, puis deux blessés exécutés, quatre autres emportés par la police et retrouvés morts au carrefour Samida, à l’avenue Pouplard (carrefour Miragôane), à la ruelle Berne et à la ruelle Jérémie ; trois autres le lendemain », a ajouté le CARDH.
«Cette exécution paraît être injustifiée si l’on tient compte de deux facteurs parmi d’autres, savoir : préméditation et usage de la force disproportionnée. Toutefois, il faut souligner que le groupe a manqué à l’obligation légale d’avoir l’autorisation de la mairie, visée par la police pour l’occupation de l’espace », a soutenu le CARDH qui s’est rendu sur les lieux pour recueillir des informations sur l’événement, pour recueillir le témoignage des témoins et victimes.
« Le CARDH estime qu’il y a eu préméditation puisqu’une première patrouille de la police administrative a sillonné la zone, a donc vu le tournage. Ensuite, les quatre policiers de la patrouille Toyota Land Cruiser (commissariat de Port-au-Prince), sans portes, sont venus et ont ouvert le feu sur les citoyens indistinctement ».
Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) recommande une enquête policière et judiciaire afin de déterminer les manquements, de fixer les responsabilités et de rétablir les parents des victimes dans leur droit. « L’enquête permettra de définir fondamentalement si les policiers ont été emportés par ces armes factices, apparentées à des armes réelles, et comment devraient ils réagir professionnellement », a noté l’institution.
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