Le regard plongé dans l’écran de son laptop, Marco se soucie très peu de ce qui se passe autour de lui. Face à la situation chaotique du pays, ce jeune de 22 ans a décidé de ne pas abdiquer, de ne pas fuir, de ne pas céder mais de continuer à … étudier ! A carrefour, Ils sont des milliers à résister aux sirènes de l’exil pour s’accrocher à des études universitaires même dans cet environnement apocalyptique.
“Limiter l’accès à l’éducation est une stratégie séculaire utilisée par des élites rétrogrades pour décourager les jeunes et maintenir plus facilement la population dans la servitude”, se plaint Marco, jeune étudiant en sociologie. Il déplore les récentes attaques armées dont ont été victimes des universités notamment la faculté des sciences. Il refuse de se laisser prendre au piège du découragement. Contre vents et marrées, il s’accroche à ses études qu’il considère comme son unique porte de sortie, comme seul moyen d’accéder à une vie digne.
À l’instar de Marco, pour les quelques jeunes qui fréquentent le centre culturel municipal Emmanuel Charlemagne, le combat en vaut la peine. En Haïti ou ailleurs, comment réussir sans être formé ? Dans un pays miné par l’instabilité, il faut de la détermination pour avancer, pense Jean Reynald Belance. Pour ce jeune médecin, les jeunes universitaires haïtiens sont des héros car Haïti est l’un des rares pays où l’on se rend à l’école en ne sachant pas si l’on retournera chez soi.
De son côté, Abdias, mémorant en sociologie (FASCH), avoue se sentir très souvent dépassé par les événements. “Difficile de faire un quelconque projet”, lâche t-il, déçu par la situation du pays. Il reconnaît toutefois que le soutien de ses proches, notamment sa mère, lui permet de ne pas céder au découragement. Il planche dur sur la rédaction de son mémoire de sortie en espérant qu’une solution à la crise politique ramènera la paix.
Par ailleurs, face à la triste réalité haïtienne actuelle, il est légitime pour beaucoup de jeunes de vouloir à tout prix quitter le pays. “Le hic c’est qu’on ne pourra pas tous partir », prévient Marco. “Tôt ou tard nous devrons assumer notre responsabilité face à ce pays, même si cela doit nous coûter notre peau.” De son côté, Belance conseille à tous ceux qui laissent le pays de toujours garder en eux le sentiment d’appartenance à ce coin de terre. Il s’interroge : « Que se passera-t-il si toute la jeunesse partait ? »
A carrefour, la vie est rythmée par la violence des gangs armés. Des vies volées, des rêves bafoués. La jeunesse, espoir de demain, se trouve piégée au cœur de ce chaos. Mais elle ne courbe pas l’échine et s’accroche à ses rêves. Avec fermeté et courage !