Edgard Jeudy, ex-Directeur General du Fonds de Développement Industriel (FDI) demande à l’ULCC de revoir les conclusions de son rapport l’accusant de corruption.
L’ancien directeur général du Fonds de Développement Industriel (FDI), Edgard Jeudy, actuellement membre du conseil d’administration de la banque centrale, dans une correspondance adressée à Hans Jacques Ludwig Joseph, directeur Général de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés lors de son passage à la tête de cette institution l’invitant à revoir ses conclusions. S’estimant indexé à tort, il dit ne pas vouloir se justifier, mais plutôt de rectifier les faits qui ont amené l’ULCC à de pareilles conclusions qui « laissent planer des doutes sur son intégrité ».
« Dois-je commencer par l’allégation d’« entrave au bon fonctionnement de la justice », pour dire que jamais je n’ai produit d’acte ni affiché aucun comportement qui relève de près ou de loin d’une entrave au bon fonctionnement de la justice », a-t-il indiqué avant de détailler sa collaboration avec le Coordonnateur général de l’ULCC d’alors (en 2017), Major David Bazile, en acceptant de mettre un bureau à la disposition des inspecteurs de l’ULCC pendant toute la durée de l’investigation. « Aucune suite n’a été donnée à cette offre de franche et ouverte collaboration. Alors que je m’attendais à ce que l’ULCC réagisse à ladite correspondance pour une approche plus harmonieuse, grande a été ma stupéfaction de vous voir aboutir à cette conclusion erronée et dénaturée », a-t-il ajouté.
Par rapport à l’allégation d’ « abus de fonction », il rappelle que le rapport de l’ULCC a fait état de prêts qui auraient été accordés aux trois entreprises privées suivantes: La Réserve SA, Port Lafito SA et HL Constructions SA. Ces prêts auraient été octroyés sur une base de clientélisme et en non-conformité avec l’article 15 du décret du 20 mars 1981 modifié par la loi du 24 août 1983 obligeant le FDI à intervenir sur la base de la Déclaration Générale des Politiques et Procédures. Pour sa défense, Edgar Jeudy précise : « Ma prise de fonction, comme Directeur général du FDI, date du 21 février 2017. Mes fonctions avaient pris fin le 29 août 2019, date à laquelle j’ai été nommé au Conseil d’administration de la banque de la République d’Haïti (BRH). Les prêts dont il s’agit ont été convenus et octroyés, dans leur quasi-totalité, entre 2009 et 2014; soit bien avant mon accession à la tête du FDI ».
Sous mon administration, dit-il dans sa lettre, il n’a été question que d’assurer le suivi régulier et systématique de ces dossiers figurant dans le portefeuille de l’institution, à faire ce qu’on appelle l’administration de crédit. Il explique à ce propos que comme pour toutes les autres entreprises ayant bénéficié de crédit du FDI ces suivis consistent à émettre régulièrement des bordereaux de créance, des lettres de rappel, à la convocation en réunions des responsables d’entreprises en vue de faire le point sur des difficultés de paiement, à des visites de terrain, à l’élaboration des plans de restructuration d’entreprises ou de créances ainsi qu’à la transmission des dossiers de créances irrécouvrables au Service du Contentieux de l’institution, qui, ultimement, peut arriver jusqu’à la saisie et à la réalisation de biens donnés en garantie.
« Je n’ai tiré aucun avantage indu qui puisse profiter à moi-même, à une autre personne ou à une entité. En conséquence, il est absolument impossible d’établir les faits de l’allégation d’abus de fonction. Ainsi, je rejette catégoriquement l’allégation d’abus de fonction contre moi-même », a-t-il déclaré tout en invitant l’ULCC à ne pas « indexer à tort des personnes qui sont connues pour être au-dessus de tout soupçon de corruption ».
Plus loin, il a souligné le fait qu’à aucun moment de l’enquête l’ULCC n’a jugé nécessaire de lui contacter. Aussi, Edgar Jeudy a reproché à l’ULCC un manque de maitrise de la procédure d’octroi de ces fonds qui font toujours l’objet de protocoles de coopération spéciaux signés entre les bailleurs et le FDI par conséquent leur utilisation n’est pas assujettie à la Déclaration Générale des Politiques et Procédures (DGPP).