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Coup d’État en Guinée : le président Alpha Condé arrêté par des militaires qui ordonnent la dissolution des institutions
Alpha Condé, président de la Guinée a été arrêté ce dimanche 5 septembre 2021 par un groupe de soldats qui a aussi annoncé la dissolution du gouvernement et la fermeture des frontières.
« Nous avons décidé après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous (…) , de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions, dont le gouvernement », a déclaré, dans une vidéo, le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, au nom d’un Comité national du rassemblement et du développement (CNRD)
Plusieurs médias rapportent que des tirs nourris à l’arme automatique ont été entendus à Conakry et, notamment, dans le quartier de Kaloum, une extrémité péninsulaire de la ville qui abrite des bâtiments importants, entre eux le palais présidentiel, la Sékoutoureya. Les accès ont été bloqués, tandis que les militaires eux-mêmes ont exhorté les citoyens à ne pas sortir dans la rue en attendant que ce qui se passait soit clarifié.
Des sources citées par RFI et par le portail Jeune Afrique ont identifié les auteurs des tirs comme étant des membres du Groupement des Forces Spéciales, organisme créé en 2018. Le groupe est dirigé par un ancien légionnaire des Forces armées françaises, le lieutenant colonel Mamady Doumbouya, qui a déjà été aperçu dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
« La situation socio-politique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens, la mauvaise gestion économique (…) ont conduit l’armée républicaine à assumer ses responsabilités vis à vis du peuple de Guinée », explique le Commandant des forces spéciales Mamady Doumbuya dans une vidéo. Il annonce également la formation d’un Comité national pour l’Union et le Développement.
Tandis que les militaires affirment détenir le président Condé et en guise de preuve ont publié une photo du président, assis dans un fauteuil, avec sa chemise ouverte et pieds nus et entouré de soldats, le gouvernement guinéen, à travers le secrétaire général de la présidence, Naby Yusuf Kiridi Bangura, a défendu que « la situation est sous contrôle. » « La garde présidentielle, appuyée par les forces de défense et de sécurité, loyalistes et républicaines, ont contenu la menace et repoussé le groupe d’assaillants », a indiqué un communiqué.
Condé, 83 ans, a entamé son troisième mandat en décembre 2020, après avoir remporté une élection que l’opposition considérait comme frauduleuse. Son intention de rester au pouvoir avait déjà provoqué un rebond des tensions qui remonte à 2019 et qui a fait plusieurs morts.
L’actuel président est arrivé au pouvoir en 2010 après des décennies en tant que chef de l’opposition sous la dictature de Lansana Conté et, pour briguer un troisième mandat, il a exigé une modification de la Constitution. Condé a déjà subi une tentative de coup d’État en 2011.
L’ONU et la France condamnent ce coup d’État
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fermement condamné toute prise de pouvoir en Guinée par la force du fusil, appelant à la libération immédiate du président Alpha Condé.
Le président en exercice de l’Union africaine (UA) Félix Tshisekedi et le président de la Commission de l’UA Moussa Faki Mahamat condamnent toute prise de pouvoir par la force et demandent la libération immédiate du président Alpha Condé et appellent à une réunion d’urgence de l’organisation.
La France, elle aussi, exige « la libération immédiate et sans condition du président (Alpha) Condé ».
Les militaires acclamés par les habitants
De nombreux habitants de Conakry, notamment dans les banlieues réputées favorables à l’opposition, sont descendus dans la rue pour acclamer les militaires des forces spéciales.
« Nous sommes fiers des forces spéciales, honte à la police, honte à la milice de l’ancien président Alpha Condé, mort aux tortionnaires et aux assassins de notre jeunesse », s’exclamait un manifestant voulant rester anonyme.
« Je ne pouvais pas imaginer qu’Alpha Condé allait quitter le pouvoir de mon vivant, tellement il m’a fait du tort », a confié Madiaou Sow, un chauffeur, « il a tué dans les manifestations ma sœur Mariama, mon neveu Bissiriou, mon cousin Alphadio ».