Ce lundi 7 octobre, alors qu’Haïti entrait dans une quatrième semaine de paralysie pour obtenir la démission du président Jovenel Moïse, le sénateur républicain de la Floride, Marco Rubio a déclaré que les États-Unis n’interfèreront pas dans la question de la démission du président.
Selon le sénateur américain, les États-Unis n’ont aucun rôle à jouer dans la crise croissante provoquée par des pénuries de carburant récurrentes et par des allégations de corruption et de mauvaise gestion de l’économie haïtienne.
« Mes intérêts en Haïti ont toujours été qu’il y ait une démocratie, des élections et un État de droit et je continuerai à soutenir (Haïti) dans ces efforts. Ceux qu’ils (les Haïtiens) choisissent comme dirigeant dépend des processus qu’ils gèrent à l’interne », a déclaré Rubio au Miami Herald. « Nous n’avons pas de rôle à jouer (à savoir) qui démissionne et qui reste. »
En Haïti et à Miami, les Haïtiens ont accusé l’administration Trump d’avoir soutenu Jovenel Moïse. La semaine dernière, ils ont demandé aux États-Unis et à d’autres membres de la communauté internationale de se dissocier du président haïtien et d’appuyer les demandes de démission pour ce dernier. Les revendications, disent-ils, émanent non seulement de l’opposition politique, mais également d’autres secteurs de la société haïtienne, notamment des églises catholiques et protestantes, des juges, des intellectuels, des maires et des citoyens ordinaires.
En tant que président du sous-comité du Sénat sur l’hémisphère occidental, les commentaires de Rubio sur Haïti ont été prononcés ce lundi à la fin d’un discours lors d’une conférence de l’Association de la presse interaméricaine à Coral Gables. à Port-au-Prince et dans d’autres villes.
S’adressant à une foule de journalistes et de directeurs de l’information de toute l’Amérique latine, Rubio a évoqué la crise au Venezuela, au Nicaragua et à Cuba. Il a déclaré que les élections ne transformaient pas un pays en démocratie et qu’aucun pays ne peut survivre s’il est divisé.
« Vous ne pouvez pas gouverner dans une démocratie s’il n’y a pas de consensus», a-t-il déclaré.
Interrogé plus tard par le Miami Herald pour savoir si ce sentiment s’appliquait également à Haïti- Moïse ayant été contraint lundi d’annuler une cérémonie traditionnelle ouvrant la nouvelle année judiciaire en raison de la crise politique actuelle et des menaces de manifestations- Rubio a déclaré: « C’est un problème interne et c’est aux Haïtiens de décider. Je ne pense pas que ce soit la place des États-Unis d’inviter un dirigeant élu démocratiquement à se retirer. Ce serait une interférence. Tout comme il serait éronné que les États-Unis prennent la parole et disent qu’il devrait rester. »
Certains, cependant, ont relevé une contradiction, soulignant qu’en 2004, les États-Unis étaient intervenus et avaient négocié le départ du président alors élu démocratiquement, Jean-Bertrand Aristide, qui avait subi des pressions du monde des affaires pour se retirer.
« Je n’étais pas au Congrès en 2004 », a déclaré Rubio. « Je peux vous dire qu’aujourd’hui, il existe un système de gouvernement en Haïti. Que cela fonctionne ou non, il appartient au peuple haïtien de décider. Mais nous n’interférerons pas pour ou contre un élu. »
A New York, alors qu’il abordait la crise dans le briefing quotidien des Nations Unies lundi, le porte-parole des Nations Unies, Stephane Dujarric, a déclaré que la mission de maintien de la paix en Haïti demeurait profondément préoccupée par l’impact de la crise politique sur la population.v
« Ils ont déclaré être attentifs aux demandes des différents secteurs de la société et se tenir prêts à soutenir des solutions pacifiques, que seuls des acteurs haïtiens peuvent concevoir, afin de résoudre la situation actuelle et d’alléger les souffrances de la population », a déclaré Dujarric. « La mission encourage tous les acteurs étatiques et les citoyens à s’abstenir de la violence, à assurer le fonctionnement normal des écoles, des hôpitaux et des services d’urgence et à permettre aux acteurs humanitaires d’assister les plus vulnérables. »
Nancy Roc – traduction de l’article du Miami Herald de Jacqueline Charles de ce 7 octobre Rubio on calls for Haitian president to resign: “We are not going to interfere.”