La démission collective des conseillers électoraux ce vendredi 24 juillet a suscité une avalanche de réactions au sein de la société.
Port-au-Prince , Haïti .- La démission collective, annoncée le vendredi 24 juillet 2020 par les huit membres restant du conseil électoral provisoire continue de susciter des remous au sein de la société haïtienne. Présageant une incertitude autour de la réalisation des prochaines élections, cette décision ne laisse pas indifférents des acteurs clés de la vie nationale.
Depuis la publication de la lettre de démission des membres du CEP, adressée au président de la République, des leaders politiques, des représentants du secteur des Droits Humains, des Hommes d’Affaires réagissent autour de cette décision collégiale qu’ils voient comme une décision de sagesse contrairement au représentant du parti au pouvoir .
Parmi les réactions à chaud, la rédaction de Juno7 retient celle de l’ex-sénateur Youri Latortue. Pour le numéro un du parti « Ayiti An Aksyon ». La démission tant attendue des conseillers arrive à point nommé. « Leur décision dévie le plan d’un Jovenel Moïse qui a voulu compléter le Conseil Electoral Provisoire ( CEP)afin d’aboutir à une élection contestée où tout devait être en sa faveur »,affirme le leader de AAA précisant qu’aucun secteur ne peut désigner son représentant pour le poste de conseiller électoral pas avant un accord politique.
Pour sa part, l’Homme d’Affaires et leader politique, Reginald Boulos se réjouit d’une décision qui prouve que le pays possède encore une réserve de citoyens, de ressources humaines compétents et courageux capables de prendre des décisions difficiles mais justes, dans l’intérêt de la patrie commune.
« C’est une action positive posée avec clairvoyance qui permettra un dénouement de la crise de manière rapide. Elle offre plusieurs opportunités. Elle permettra de résoudre le problème des cartes d’identification nationale, la question de la durée du mandat présidentiel, la composition d’un nouveau Conseil Électoral Provisoire (…) », a déclaré le leader du MTV, Réginald Boulos qui y voit aussi une possibilité d’organiser des élections libres, honnêtes et démocratiques afin que le prochain président soit quelqu’un de légitime et doué d’un projet viable.
Même son de cloche du côté du Directeur Exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance. Pour lui, toutes les conditions étaient déjà réunies pour que des élections sérieuses ne puissent être organisées dans le pays cette année et même au cours de l’année prochaine.
En plus des problèmes relatifs à la production et la livraison de CIN, le défenseur de Droits Humains met l’accent sur ce qu’il appelle l’instauration d’un banditisme d’État dans le pays par PHTK, la fédération du G9 an fanmi et alliés dont la mission, dit-il, est de garantir l’élection à l’ancien président Joseph Michel Martelly en terrorisant la population.
« La situation est grave et le pays prend directement la voie d’une nouvelle transition. On espère que les leaders politiques mettront leur orgueil et leur intérêt personnel de côté afin d’assurer le leadership du pays pour les 2 à 3 prochaines années », prophétise Pierre Espérance à l’instar de Youri Latortue.
Le Docteur Rudy Hériveaux, porte-parole du Parti Haïtien Tèt Kale( PHTK), prend la voie contraire dans son analyse. Critiquant la décision irresponsable des conseillers, il rappelle que le successeur du président Jovenel Moïse sortira des urnes.
« C’est une décision déplorable et irresponsable .
D’une part , elle apporte clairement de l’eau au moulin de ceux qui ont la phobie des élections et fantasment à longueur de journée sur une hypothétique transition. D’autre part,en choisissant de claquer la porte avec fracas, ces conseillers font exactement le contraire de ce qu’ils prônent c’est à dire le dialogue », déclare le défenseur du régime au pouvoir expliquant que le successeur de Jovenel Moïse « ne sera pas un monstre hybride qui serait le résultat démagogique d’un croisement entre les complots malsains et la violence qui freinent le progrès de notre pays ».
La démission en bloc des conseillers électoraux est arrivé un jour après que le chef de l’État a manifesté l’intention de demander aux secteurs de confirmer ou non leur représentant au sein de l’institution électorale. Pour justifier leur décision, les anciens membres ont évoqué leur volonté de faciliter un dialogue entre le pouvoir, l’opposition et la société civile sur un dénouement de la crise que connaît le pays.
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