Déploiement de la MMSS : espoir et controverses parmi les citoyens haïtiens.
La situation en Haïti s’apprête à connaître un tournant majeur avec l’arrivée imminente d’une force multinationale destinée à assister la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans la lutte contre les gangs armés. Ces groupes criminels, responsables de la terreur qui règne dans de nombreux quartiers populaires, notamment dans la capitale où ils contrôlent environ 80% du territoire, ont poussé les autorités à faire appel à une intervention internationale.
Des réactions mitigées parmi la population
Juno7 a recueilli les avis de plusieurs citoyens haïtiens sur cette intervention internationale. Pour beaucoup, la venue de cette force représente une « bouchée d’air frais » tant attendue. Ils espèrent que l’appui étranger permettra de restaurer la paix et la sécurité dans les zones gangrenées par la violence. Cette opinion est particulièrement partagée par les habitants des quartiers populaires, régulièrement terrorisés par les bandes armées.
« Je soutiens l’arrivée de cette force étrangère. Dans la situation actuelle du pays les gangs armés contrôlent le territoire et terrorisent les habitants des quartiers populaires. La police nationale est impuissante. Comment peut-on refuser l’intervention de cette force multinationale ? Je dois être honnête, le problème de l’insécurité ne sera pas entièrement résolu, mais nous verrons quelques améliorations, » a déclaré un déplacé qui vivait auparavant à Bel-Air, un quartier contrôlé par des gangs depuis plusieurs années.
Cependant, d’autres voix se montrent plus sceptiques et proposent une approche différente. Certains citoyens estiment que les énormes sommes d’argent dépensées pour faire venir une force étrangère pourraient être mieux investies dans le renforcement et l’équipement de la PNH. Ils suggèrent que la solution à long terme réside dans la capacité de la police locale à affronter et à démanteler ces gangs de manière autonome.
Un trentenaire résidant à Nazon exprime son scepticisme quant à l’impact de la force multinationale à venir sur l’amélioration de la situation. Il rappelle que les interventions étrangères passées, telles que la MINUSTAH, n’ont pas apporté de changement positif et ont même empiré la situation sécuritaire du pays. Il croit en la capacité des policiers et soldats nationaux et estime qu’il suffirait d’investir dans leur formation et équipement pour renforcer leurs compétences. Selon lui, l’arrivée de cette nouvelle force n’apportera rien de bénéfique à long terme pour le pays.
Une coordination essentielle pour une mission réussie
Le Conseil Présidentiel de Transition, en collaboration avec le Haut commandement de la PNH, a tenu le mardi 21 mai 2024 une séance de travail dédiée aux préparatifs du déploiement de cette Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité. Il a été clairement indiqué que la composition, les objectifs, les règles d’engagement et le contrôle sanitaire des troupes seront soigneusement coordonnés et supervisés par les autorités policières haïtiennes.
La séance de travail du Conseil Présidentiel de Transition avec le Haut commandement de la PNH a mis en lumière la nécessité d’une coordination étroite pour garantir le succès de cette mission. La collaboration entre les forces internationales et la police haïtienne sera cruciale pour atteindre les objectifs fixés, notamment la sécurisation des zones sous contrôle des gangs et la protection des civils.
La gestion des règles d’engagement et des mesures de contrôle sanitaire pour les troupes étrangères revêt une importance particulière dans ce contexte. En effet, assurer la discipline et la coopération entre les différentes entités militaires et policières sera un défi de taille mais nécessaire pour la crédibilité et l’efficacité de l’opération.
Par ailleurs, selon un responsable américain cité par le Miami Herald, un retard dans l’acquisition de véhicules blindés et d’hélicoptères pour les évacuations médicales pourrait repousser le déploiement de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité en Haïti au début du mois de juin. Ce déploiement était initialement prévu pour le 23 mai, selon des médias étrangers, y compris le New York Times.
Entretemps, la population, fatiguée par la violence des gangs, espère voir une amélioration rapide de la situation sécuritaire. Cependant, la question de l’investissement dans la police nationale soulève des débats importants sur la durabilité des solutions apportées.
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