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Devant l’ONU, Mme La Lime salue les efforts du PM Ariel Henry pour aboutir à l’accord du 11 septembre et évoque l’insécurité qui règne dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
La représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU et cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), Helen Meagher La Lime lors d’une déclaration faite ce lundi 4 octobre devant les membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies pour une mise à jour de la situation en Haïti, qui traverse actuellement l’une des périodes les plus difficiles de son histoire récente a évoqué les diligences faites par le premier ministre Ariel Henry pour aboutir à l’accord du 11 septembre et ses nombreuses dispositions pour l’avenir du pays.
Elle a aussi fait mention de la recrudescence de l’insécurité notamment le phénomène du kidnapping ces derniers jours et la nécessité pour les pays membres d’aider Haïti qui doit gérer la catastrophe provoquée par le séisme du 14 août.
Après un résumé de la situation mettant l’accent sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, le tremblement de terre dévastateur qui a touché plus de 800 000 personnes dans la péninsule du sud, l’insécurité qui est devenue endémique à Port-au-Prince, où les enlèvements sont à nouveau en hausse, où les gangs ont étendu leur contrôle sur de larges pans de la ville, ainsi que des milliers de migrants qui cherchent de meilleures conditions de vie dans les pays voisins et qui sont en train d’être rapatriés, la cheffe de la BINUH a mis en avant les avancées majeures obtenues par l’actuel chef de l’exécutif pour trouver un accord pour une gouvernance apaisée.
« Depuis son entrée en fonction le 20 juillet, le Premier ministre Ariel Henry n’a ménagé aucun effort pour parvenir à un accord politique avec les différentes factions de la politique haïtienne. Adoptant une approche inclusive et consensuelle, il a cherché à créer les conditions minimales pour la tenue d’élections législatives, locales et présidentielles, et ainsi orienter un pays en proie à une profonde crise de gouvernance vers le fonctionnement régulier de ses institutions démocratiques », a précisé Helen La Lime.
Un accord plus inclusif souhaité
Dans une démarche positive, des acteurs politiques et des organisations de la société civile, y compris d’anciens groupes de l’opposition et de la coalition au pouvoir, ont signé l’accord du 11 septembre. Le pacte reprend les principales demandes exprimées par les acteurs nationaux, telles la formation d’un nouveau Conseil électoral provisoire et l’inclusion de la diaspora. Il prévoit également la tenue d’élections au plus tard au cours du second semestre 2022.
« On ne peut qu’espérer que les leaders politiques et de la société civile haïtienne continueront à travailler ensemble pour trouver un terrain d’entente autour d’un projet commun qui contribuera à favoriser un climat plus apaisé dans lequel des actions décisives pourront être prises et des réformes essentielles promulguées », a-t-elle rapporté.
Certes, de nombreux points de convergence existent. Par exemple, il existe un large consensus national sur la nécessité de réformer la constitution haïtienne de 1987, une charte largement considérée comme contribuant à l’instabilité politique et institutionnelle récurrente. Le projet de Constitution soumis par le Comité consultatif indépendant au Premier ministre le 8 septembre devrait servir de base à un nouveau débat constructif et inclusif sur les moyens de remodeler le système politique haïtien, a indiqué Me La Lime.
Le rétablissement de la sécurité, Ariel Henry attendu au tournant.
« De même, le rétablissement de la sécurité, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, doit être une priorité pour les autorités haïtiennes. Depuis juin, une recrudescence significative et soudaine de la violence des gangs a provoqué le déplacement de quelque 19 000 personnes des communes de Cité-Soleil, Croix-des-Bouquets, Delmas et du quartier de Martissant à Port-au-Prince. Le contrôle que les gangs exercent autour des points stratégiques d’entrée et de sortie de la capitale a eu un impact négatif sur l’économie haïtienne et la circulation des personnes et des biens », a-t-elle déclaré devant le conseil de sécurité.
Pourtant, a-t-elle nuancé, une force surchargée et manquant de ressources ne peut à elle seule endiguer cette inquiétante augmentation de la criminalité. La principale institution de sécurité d’Haïti ne pourra pas obtenir de résultats durables si ses capacités ne sont pas renforcées et si les services gouvernementaux ne sont pas ramenés dans les quartiers pauvres qui servent de terrain fertile aux gangs armés.
Réforme de la police et de la justice : une nécessité.
« Par conséquent, en plus de poursuivre ses efforts pour réformer la police avec le soutien des Nations Unies et des partenaires bilatéraux, le gouvernement doit mettre en œuvre une approche plus holistique pour lutter contre la violence des gangs, dans le cadre de la stratégie nationale de réduction de la violence communautaire qui a été élaborée avec le soutien des Nations Unies et approuvée le 5 juillet », a ajouté Mme La Lime.
Toujours selon elle, le système judiciaire haïtien reste également confronté au défi de la détention préventive prolongée qui touche 82% des détenus du pays, soit l’un des taux les plus élevés au monde. Les autorités nationales, a insisté la cheffe du BINUH, doivent redoubler d’efforts pour s’attaquer d’urgence à ce problème, en étroite consultation avec toutes les parties prenantes du système judiciaire. En outre, il est impératif que le processus de révision des nouveaux codes de procédure pénale se poursuive car, une fois promulgués, ils seront essentiels pour lutter contre la détention provisoire et pour harmoniser le droit haïtien avec les normes régionales et internationales en matière de droits de l’homme.
Ricardo LAMBERT
Licencié en Droit,
Journaliste à Le Nouvelliste,
Diplômé en Service Social
Tél : +509 34 61 1041