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Un appel urgent de Dominique Dupuy sur la situation en Haïti
Lors de la 220e session du Conseil Exécutif de l’UNESCO, la ministre des Affaires étrangères et ministre des Haïtiens vivant à l’étranger, Dominique Dupuy, a pris la parole avec une ferveur poignante, appelant la communauté internationale à ne pas détourner le regard des graves problèmes auxquels Haïti est confronté. À travers un discours émouvant prononcé depuis la chaire de vice-président du conseil qu’occupe Haïti, elle a mis en lumière la réalité désastreuse du pays, devenu un véritable théâtre de violence et de désespoir, comparant ce qui fut la terre de liberté à la prison d’Alcatraz en Californie.
« Dans mon pays, théâtre d’un combat entre l’éducation et la faim, c’est la violence qui l’emporte. Je peux vous confier que tout mon peuple, plus de 12 millions d’âmes, est pris en otage par 2000 bandits. Six millions de mes compatriotes vivent dans l’insécurité alimentaire, et le spectre de la famine, la première de l’hémisphère, s’accélère. Les filles et les femmes sont en première ligne des ravages causés par les bandes armées. Entre janvier et mai de cette année, plus de 4000 vies ont été dévastées par la violence basée sur le genre », a déclaré Dupuy, soulignant l’urgence de la situation.
La ministre a peint un tableau sombre de son pays, où les écoles sont transformées en refuges pour des milliers de personnes déplacées, où les enfants sont recrutés de force par les gangs, et où la violence basée sur le genre atteint des niveaux alarmants. Elle a évoqué le sort tragique de 700 000 déplacés internes, souvent contraints de chercher refuge dans des établissements scolaires.
Les défis auxquels Haïti est confronté vont bien au-delà des simples statistiques. La ministre a partagé des récits déchirants d’enfants jadis porteurs d’espoir, maintenant happés par les gangs. « Nous mourrons tous, trop nombreux, trop vides, trop seuls », a-t-elle exprimé avec une émotion palpable. « Nous mourrons émaciés par la faim, par la peur et par le désespoir. Nous mourrons aussi de honte », a-t-elle déclaré, exprimant le sentiment d’humiliation d’un peuple réduit à chercher l’aide de la communauté internationale de manière incessante.
Le discours poignant de la ministre a culminé avec un appel à l’action. « Je vous implore de ne plus détourner le regard de mon pays. Ce bain de sang qui se profile peut et doit être évité », a-t-elle déclaré. Dominique Dupuy a également appelé les nations présentes à reconnaître les implications des politiques racistes et du discours de haine qui gangrènent la région. « Vous ne pouvez plus rester insensibles aux effets insidieux de ces politiques », a-t-elle insisté. « Je vous exhorte à ne pas vous complaire dans une cérémonie de commémoration en l’honneur des victimes de notre inaction collective. »
La chancelière a rappelé que le pays, autrefois grand, fait face aujourd’hui à de graves problèmes qui pourraient, avec l’aide de la communauté internationale, devenir plus petits. Elle a appelé à l’adhésion au plan d’action de soutien à la transition élaboré par l’UNESCO et Haïti, à une solidarité mondiale face à l’inacceptable, soulignant que le silence face à ces urgences serait inacceptable. « Dans cette maison qui sert aussi de rempart contre le racisme et la discrimination, vous ne pouvez plus rester insensibles… Le pire est encore inévitable, mais il ne le sera pas pour longtemps. »
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