Lors d’une audience réalisée auprès de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) à Washington ce 5 décembre, le RNDDH, accompagné de plusieurs représentants autres institutions et des membres du gouvernement dont Stéphanie Auguste, ministre chargée auprès du Premier ministre des droits de l’homme, a présenté la situation carcérale en Haïti.
Lors de cette audience, le Réseau National de Défense des Droits Humains a révélé que 118 détenus ont perdu la vie de janvier à octobre 2018 à cause des mauvaises conditions de détention.
Sur les conditions générales de détention, l’organisation rapporte que 37 % des bâtiments logeant les prisons sont vétustes. Certains d’entre eux existeraient depuis l’époque coloniale, selon l’organisation de défense des droits humains.
La capacité d’accueil de l’espace carcéral haïtien serait de 3 mille prisonniers alors qu’en octobre 2018, le RNDDH dit avoir recensé 11 mille 839 personnes, soit 4 fois plus de sa capacité.
Ce manque d’espace oblige les détenus à vivre dans une grande promiscuité. L’absence ou le manque de lits poussent certains à dormir à même le sol, sur des morceaux de cartons ou de tissus.
Il existe, par ailleurs, trois postes de polices transformés en prison dans le pays, informe le RNDDH. Les conditions de détention y sont pires qu’en prison.
Les conditions sanitaires ne sont pas au rendez-vous car les prisons n’ont pas d’infirmeries. Seulement 23 médecins et 62 infirmières sont disponibles pour les 11 839 détenus, les toilettes sont sales et nauséabondes, informe le RNDDH.
Dans ce document de quatre pages, le RNDDH révèle aussi que les prisonniers n’ont pas de programme de formation, ni d’activités récréatives. Confinés dans leur cellule pendant leur temps de détention, ils n’en sortent qu’en cas de besoins physiologiques et quand ils doivent se laver.
Concernant le statut juridique des prisonniers : la loi haïtienne interdit la détention préventive dès le 4ème mois, tandis que 25% seulement des 11 839 détenus recensés par le Réseau sont condamnés et d’autres, incarcérés depuis dix ans attendent encore d’être jugés ou libérés.
À cette audience, le RNDDH en a profité pour rappeler au CIDH que ses cris d’alarmes sur les problèmes auxquels fait face le milieu carcéral haïtien n’ont jamais été pris en compte et que les autorités étatiques n’ont pas de volonté politique pour changer l’état actuel des choses.
Aussi demande-t-il aux responsables du CIDH d’effectuer une visite in loco afin de contraindre les autorités haïtiennes à prendre en charge les personnes privées de liberté dans le pays.