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Éditorial: 9 ans après le séisme du 12 janvier, quel est le bilan?

éditorial ,Haiti

Les informations officielles avaient fait état de plus de 250 mille morts et des centaines de milliers de blessés dans le séisme dévastateur du 12 janvier 2010. Nous ne voulons pas mettre en doute ces chiffres, 9 ans après, même si nous regrettons qu’ils ne relèvent d’aucune donnée statistique fiable. Nos dirigeants ne se donnent pas le temps de compter les vivants voire les morts. La preuve, nos dirigeants préfèrent spéculer sur le nombre d’habitants qui vivent sur les 27 mille 750 kilomètres carrés d’Haïti, 11 millions, 12 millions,  ils vont jusqu’à parler de 14 millions au lieu de prendre le temps de nous compter chacun, chacune et du coup vérifier dans quel état sont nos logements, qui pour la plupart constituent une menace pour nous et nos voisins face aux catastrophes naturelles.

Combien de maisons marquées en rouge par le ministère des travaux publics au lendemain du tremblement de terre pour être démolies ont été rafistolées sous les regards complices des autorités, des propriétaires de maisons, d’entreprises ou d’immeubles voisins qui ne sont pas intervenus pour attirer l’attention sur le danger que représentent ces bâtiments fissurés. Cette solidarité dans le mal qui peut causer notre malheur est incompréhensible et inacceptable.

Pire encore, 9 ans après le séisme du 12 janvier 2010 nos dirigeants, maires, ministres des travaux publics, transports et communication… sont incapables de dire, dans le cadre de leurs prérogatives, quelles ont été les mesures prises pour contraindre les citoyens et citoyennes à construire selon les normes. Dans les bidonvilles comme sur des terrains privés au cœur des villes, les constructions anarchiques ont repris au lendemain du tremblement de terre. Aucune intervention de la direction de la planification et de gestion du territoire des mairies,  chargée d’accorder les permis de construction, pour sensibiliser, faire comprendre aux mandants la nécessité, l’obligation de respecter les normes de construction. Ces normes qui ne sont pas suffisamment véhiculées dans des programmes spéciaux que les medias d’Etat devraient diffuser à longueur de journée.

Nos chefs attendent le prochain séisme de grande magnitude pour continuer de déplorer comme ils l’ont fait le 6 octobre 2018 après le tremblement de terre de faible magnitude qui avait quand même causé des morts et des dégâts importants dans plusieurs régions du Grand Nord notamment à Gros Morne.

Pourtant, quelques jours avant ce petit tremblement de terre, en septembre, le Président Jovenel Moise avait déclaré à la tribune des Nations-Unies que le pays est mieux préparé à faire face aux catastrophes naturelles qu’avant 2010. Comme si le monde dont Haïti fait partie n’était plus un petit village ou les problèmes de tous sont exposés et bien connus. Mais de qui veut-on se moquer ?

Dans un message préenregistré, le 12 janvier dernier, le Président Jouvenel Moise a seulement exhorté ses concitoyens à corriger leur mode de construction et la gestion de leur environnement. Sur son compte twitter il a écrit : «  Haïti n’oubliera jamais les victimes de cette épouvantable catastrophe. Au nom d’elles, engageons-nous à construire mieux et bien. » Est-ce que le chef de l’Etat est conscient qu’une simple exhortation ne peut convaincre le modèle de citoyens que sont les haïtiens à changer de comportement ?
Nous ne pensons pas que les Haïtiens peuvent changer de mentalité sur la base de simples conseils de nos dirigeants. Ces derniers doivent assumer leurs responsabilités en prenant des mesures pour empêcher les constructions anarchiques, aménager le territoire. Et puis l’exemple doit venir de ceux qui mènent la barque du pays. Combien de constructions d’institutions publiques sont inachevées parce que des études ont révélé qu’elles ne répondent pas aux normes.

Nous avons raté l’occasion, au lendemain du séisme du 12 janvier 2010, de transformer une tragédie en opportunité pour faire de la Capitale Haïtienne, l’une des villes les plus modernes du monde. Le 17 aout 2010, le pays a été heureux d’apprendre, à l’issue d’une rencontre entre les 26 membres de la commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) que 29 projets pour un montant total de 1 million 660 mille dollars ont été examinés. Ce même 17 aout 2010, l’un des co-présidents de la CIRH, Jean Max Bellerive avait déclaré : «  Nous avons trouvé des engagements fermes de 904 millions de dollars pour financer environ 30 projets. On ne peut pas dire que les bailleurs ne tiennent pas leurs promesses. » Dans quelle partie du pays, ces projets ont-ils été réalisés ? Ou est passé cet argent ? La CIRH, constituée de 13 membres nationaux et 13 membres internationaux, il y a 9 ans de cela avait pourtant fait rêver les yeux ouverts toute le peuple haïtien en lui promettant de ne pas reconstruire des bâtiments, mais de construire un pays, un Etat, une économie sur une nouvelle base. Aujourd’hui, en plus de l’argent de la CIRH, nous cherchons aussi l’argent du programme Petro Caribe destinés à la réalisation de projets de grande envergure à travers le pays. Nous avons encore manqué un grand rendez-vous avec l’histoire.

En attendant de retrouver cet argent pour moderniser nos villes, nous pensons que nos dirigeants, à travers une gestion rationnelle du peu de moyens dont le pays dispose, doivent commencer à redresser la colonne vertébrale de la nation que sont nos institutions. Pendant trop longtemps nous avons fait le mauvais choix de loger nos institutions, les plus importantes, dans des maisons inadaptées en payant à des particuliers des sommes faramineuses qui pourraient permettre de reconstruire ces symboles de l’Etat. « Le Manifeste de la Renaissance », cette œuvre de Hérold Jean François qui est d’ailleurs  une proposition de redéfinition du pays par rapport à notre réalité sociale, culturelle, économique, politique et historique, qui sait, peut vous mettre sur la bonne piste.

En attendant que cet argent soit restitué, nos dirigeants doivent assumer leur responsabilité en empêchant les citoyens récalcitrants de construire dans des zones inappropriées, en s’assurant que les normes en matière de construction sont respectées pour éviter des milliers de morts et des dégâts matériels importants lors de la prochaine catastrophe. En réalité ce ne sont pas les catastrophes qui tuent mais plutôt nos mauvais comportements face à nous et aussi face à nos voisins.
MRP

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