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Edwin Paraison minimise la portée des marches de l’extrême droite en République dominicaine
L’ancien ministre des Haïtiens vivant à l’étranger, Edwin Paraison, s’est exprimé sur la dernière marche organisée par les ultranationalistes dominicains le 7 août dernier. Il estime que cette initiative n’est pas très préoccupante pour la communauté haïtienne qui fait d’importants investissements dans ce pays mais peut de préférence nuire aux intérêts dominicains.
« La manifestation n’a pas attiré la grande foule mais elle est symbolique. Ce n’est pas la première ni la dernière manifestation antihaïtienne. Mais ce n’est pas quelque chose d’extrêmement inquiétante, préoccupante puisque les gens sont libres d’organiser des manifestations pacifiques. Ce qui empêche les autorités d’interdire une telle initiative », a déclaré M. Paraison.
Le président de la Fondasyon Zile estime toutefois que les autorités dominicaines pourraient contrecarrer cette activité qui peut nuire aux relations de bon voisinage entre les deux peuples d’une manière plus diplomatique. « Pour contrecarrer une manifestation de la sorte, les autorités dominicaines pouvaient donner une réponse officielle qui ne doit faire l’affaire du secteur ultranationaliste. Elles peuvent organiser une activité ouverte vers l’amitié, vers le bon voisinage, une activité où les ministères de la culture des deux pays peuvent se coordonner pour organiser une exposition de peinture binationale, par exemple », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, l’ancien diplomate soutient que les grands investisseurs haïtiens n’ont pas vraiment d’inquiétude par rapport à cette situation. « Ils [les investisseurs haïtiens] savent que cela fait partie du jeu politique en République dominicaine et ils s’y habituent. Si la situation va dépasser un certain seuil, l’autorité de l’État s’imposera », a-t-il déclaré, soulignant que certains entrepreneurs haïtiens peuvent même compter sur l’appui du président Luis Abinader. À peine investi de ses fonctions, le président dominicain avait inauguré une zone franche de capital haïtien dans son pays.
S’il reconnaît que les investissements haïtiens moins importants subissent parfois des dommages, M. Paraison rappelle que l’État dominicain a l’habitude d’apporter des réponses. Le spécialiste en relations haïtiano-dominicaines cite les derniers agissements des responsables de la migration dominicaine. Il rappelle que le Directeur général de la migration de ce pays, Enrique García, a été contraint de quitter son poste début août. Il a été remplacé par Venancio Alcantara Vázquez
Par ailleurs, l’ancien ambassadeur d’Haïti dans le pays voisin soutient que ce courant anti-haïtien va à l’encontre des intérêts de la République dominicaine. « Dans ses relations avec Haïti, la République dominicaine en tire un avantage énorme à tous les points de vue, a-t-il argumenté. Même sur le plan migratoire, la main-d’œuvre haïtienne contribue énormément à la production agricole, l’Industrie de la construction. Les investisseurs haïtiens contribuent à un autre niveau au développement de la République dominicaine ». AFP, citant l’homme d’affaires Grégory Brandt, a révélé en mai dernier que les entrepreneurs haïtiens résidant en République dominicaine y ont investi pas moins de 250 millions de dollars pendant l’exercice fiscal 2021-2022.
Environ une centaine d’ultranationalistes dominicains avaient défilé samedi à Santo Domingo en réponse à l’appel lancé par l’Institut Duarte pour exiger que la communauté internationale agisse face à la crise sociopolitique et à la violence que traverse Haïti. Ils ont formulé plusieurs recommandations comme la construction rapide du mur frontalier entre les deux pays, l’application rigoureuse du Code du travail qui établit un minimum de 80% de main-d’œuvre dominicaine dans les activités économiques du pays, le rapatriement soutenu de tous les étrangers en situation migratoire illégale ou irrégulière, entre autres.
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