8 jours après une visite à JACMEL, Jerry Tardieu, Coordonnateur National de EN AVANT, a fixé la position du mouvement qu’il dirige dans la difficile conjoncture actuelle marquée par l’insécurité et l’impasse politique. EN AVANT qui n’est signataire ni de l’accord Pen-Montana, ni de l’accord du 11 septembre plaide pour le Bon ACCORD. La rédaction de Juno7 publie dans son intégralité une note de EN AVANT ce lundi 14 mars sur la conjoncture politique.
EN AVANT n’a signé aucun des deux grandes propositions d’accords qui aujourd’hui se disputent âprement la préséance sur le terrain politique (Pen-Montana et 11 septembre). Nous plaidons pour le BON ACCORD, celui qui trouvera le consensus suffisant sur une feuille de route réaliste de la transition devant mener le pays aux élections dans les meilleures conditions.
En avant a noté que l’urgente nécessité de trouver un accord politique a porté plus d’un à proposer des formules qui semblent reprendre à quelques nuances près la même chose. Toutes ces formules sont bien contenues dans la position exprimée par les deux principaux protagonistes que sont l’accord PEN-Montana et ceux de l’accord du 11 septembre. C’est pour cela que les signataires de ces deux accords sont obligés aujourd’hui de trouver un compromis politique capable de défaire le nœud qui étrangle Haïti selon EN AVANT.
Il s’agit de confier la direction de l’Etat à un gouvernement qui bénéficie de la confiance des haïtiens et des haïtiennes. Ce gouvernement sera formé autour d’un agenda précis qui indique les tâches à accomplir au cours d’une période définie dans le temps. Toutes les activités de ce gouvernement seront circonscrites dans une démarche arrêtée de RÉTABLIR LA SÉCURITÉ PUBLIQUE, stopper le cycle de violence actuelle en vue d’aboutir à l’organisation d’élections crédibles en Haïti souligne EN AVANT.
Aujourd’hui le peuple haïtien est mécontent et frustré. L’angoisse et la peur remplissent tous les foyers. Il n’y a de place pour aucune distraction ni aucun faux-semblant. La parole ne peut pas remplacer l’action. Les acteurs doivent agir vite et bien. Parce que la légitimité n’est nulle part, parce que le pays est sorti de l’ordre constitutionnel, la seule issue reste un consensus patriotique qui réclame des concessions de part et d’autre. C’est à ce prix que des élections honnêtes pourront reconduire le pays à la normalité. Nous estimons que l’année 2022 pourrait être consacrée à la préparation de ces élections avec bien sûr la mise en place d’un CEP impartial au-dessus de tout soupçon. Ainsi donc :
2022 serait l’année du compromis politique que les protagonistes devraient trouver dans les meilleurs délais. Ce serait donc celui de la préparation des élections qui passe nécessairement par le rétablissement de la sécurité publique et l’évaluation du système DERMALOG par une firme indépendante crédible.
2023 serait une année électorale où les partis politiques présenteraient leurs visions et leurs candidats à la population. Le gouvernement s’efforcera à motiver les électeurs en Haïti et en diaspora pour que la participation soit maximale.
2024 serait l’année d’un nouveau départ pour Haïti avec des élus légitimes qui prendront charge avec la mission indispensable de restaurer l’autorité de l’État qui doit réorganiser le pays.
La République est privée de ses institutions. Il y a péril en la demeure. Depuis le 14 février 2022, les pourparlers se sont arrêtés entre le Premier ministre Henry et les responsables de l’accord PEN-Montana. Entre-temps, la situation du pays continue de se dégrader au point que même les signataires de l’accord du 11 septembre qui partagent le pouvoir actuel se sont sentis obligés de mettre en garde le chef de gouvernement contre ce qu’ils qualifient de dérives répétées.
Le temps est donc venu pour les différents acteurs politiques – sans tenir compte des Chapelles respectives- d’envisager une passerelle qui permettra des discussions sérieuses autour de ce qui peut être sauvé. Un seul consensus patriotique est nécessaire.
Aux amis forgerons de l’accord PEN–Montana, nous suggérons le choix réaliste de la négociation politique éclairée. Ils sont légitimes à revendiquer les espaces de pouvoir qu’ils veulent occuper pour défendre les valeurs qu’ils entendent incarner, pour imposer un agenda qu’ils estiment nécessaire pour réussir la transition. La réalité est que, au-delà de leurs bonnes intentions, la réalité du rapport de force actuel fixe des limites à reconnaître. Ils ne devraient pas se cantonner à un scénario idyllique, fut-il le meilleur au monde ! La raison commande de changer de tactique tout en conservant la stratégie et en gardant intacte leur ambition de secouer le système. La fenêtre d’opportunités, c’est maintenant.
Aux amis forgerons de l’accord du 11 Septembre, nous disons qu’il est aussi venu le temps pour eux d’accepter l’idée d’une responsabilité partagée avec les tenanciers de l’accord PEN–Montana. C’est le seul moyen de débloquer la situation sans qu’il n’y ait besoin d’un passage en force qui ne mènera nulle part. Il est impossible de penser à un PIKE DEVAN, une réforme constitutionnelle et des élections. Ce serait un suicide politique avec des conséquences trop lourdes pour Haïti.
Cette entente s’avère urgente en raison même du fait que l’accord du 11 septembre donne la désagréable impression d’avoir été un partage de gâteau, un deal réalisé pour satisfaire des intérêts de clans et non pour définir une responsabilité partagée visant le bien-être collectif. Ni l’un ni l’autre de ces deux partis n’a intérêt à forcer la note, à être intransigeant sans avoir les moyens de cette posture radicale qui ne fait que perdurer la crise.
EN AVANT appelle les acteurs à se mettre à la hauteur des espérances d’un peuple qui attend que ses élites se réveillent et agissent. EN AVANT signera le BON ACCORD, celui que le pays attend. Il ne devrait être ni celui de Louisiane, celui de PEN -Montana, ni celui du 11 Septembre. Il sera plutôt celui qui met Haïti d’abord et qui charrie un consensus suffisant sur le contenu de la transition et la date des prochaines élections.
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