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Enomy Germain livre ses analyses à Juno7 sur l’instabilité du taux de change

Enomy Germain livre ses analyses à Juno7 sur l’instabilité du taux de change dans un contexte d’appréciation du dollar contre la gourde.

Port-au-Prince , Haïti .- L’économiste Enomy Germain dans une interview exclusive à Juno7 a livré ses analyses de l’appréciation du dollar contre la gourde, les indicateurs qui expliquent cette instabilité au niveau du taux de change, le manque d’impact des décisions du gouvernement et de la BRH sur le taux de change, ainsi que l’inaction du ministère du commerce et de l’industrie.

« Pour moi, il s’agit d’une situation normale étant donné l’état de l’économie nationale. Je veux dire que puisqu’il s’agit d’une économie qui se détériore continuellement, on ne doit pas s’étonner du fait que la monnaie nationale se déprécie. Donc, la perte de valeur incessante de la gourde par rapport au dollar n’est autre que la résultante d’une économie globalement en crise », a-t-il expliqué.

Les éléments explicatifs sont à la fois structurels et conjoncturels, ajoute-t-il. C’est une économie qui a une panne structurelle de production et donc de croissance. Je vous rappelle que la croissance était négative durant les deux dernières années. Elle doit être encore négative en 2020. Déjà, l’indice global de l’indicateur conjoncturel de l’activité économique publié par l’IHSI montre clairement la tendance : les activités avaient reculé de -6.1% au 3e trimestre 2020 par rapport au 3e trimestre 2019.

L’agriculture a connu une contraction de -6.2% sur la même période. Donc, il s’agit d’une économie en difficulté de production. Elle ne fait qu’importer (avec du dollar). D’où une augmentation continue de la demande pour le dollar, qui implique une augmentation du taux de change.

« Conjoncturellement, je pense qu’il y a des anticipations négatives sur le taux de change. Tous les agents (ménages, banques et autres institutions financières) font des spéculations. Les anticipations négatives s’opèrent en particulier dans le secteur informel qui est en panne du « bien-dollar » à cause notamment de la circulaire 114-2 de la BRH qui a en quelque sorte fait une « canalisation » des dollars en provenance de la diaspora.

Le secteur informel, en panne de dollar, est pourtant le lieu où plusieurs autres acteurs informels avaient l’habitude de trouver du dollar pour le motif d’importation notamment. Puisque le dollar est rare dans ce secteur, le prix (donc le taux augmente). C’est pour cela que le taux est de loin plus élevé dans l’informel que dans le formel », a indiqué M. Germain.

Il faut comprendre qu’il s’agit des annonces, a-t-il poursuivi. Les annonces peuvent avoir des effets, des « effets d’annonce » qui ne sont pas durables, mais si les décisions ne sont pas encore prises, on n’aura pas de véritables impacts. Par exemple, pour la BRH, les 150 millions de dollars ne sont pas encore injectés. Il faut donc attendre les actions pour assister à une stabilisation conjoncturelle et non durable du taux.

« Le MCI n’a pas tout à fait les moyens de sa politique. Le ministère prend des mesures, mais ne peut malheureusement pas veiller à leur application. Y a-t-il des agents du Ministères qui sont déployés sur tout le territoire national pour le contrôle nécessaire ? NON. Le Ministère a-t-il des moyens financiers pour un tel travail ?
Donc, comme d’habitude, les acteurs profitent de la faiblesse de l’État pour ne pas respecter les dispositions du décret », s’est-il questionné.

Enomy Germain dit penser que le décret pose de sérieux problème. Ce décret ignore le fonctionnement d’une économie de marché. Dans une économie de marché, contrairement à une économie « dirigée », on ne peut pas fixer des marges de bénéfices à respecter. C’est la concurrence qui fait baisser les prix, pas des décrets. Les prix sont particulièrement élevés parce que c’est une économie dominée par des monopoles et des oligopoles. Le Ministère ferait mieux de se doter d’une véritable autorité de concurrence comme tout pays qui veut protéger ses consommateurs.

Dans ses recommandations sur la situation socio-économique du pays pour la période des fêtes de fin d’année, l’économiste estime que l’année 2020 est l’une des plus difficiles années économiques en Haïti et dans le reste du monde à cause de la pandémie de Covid-19. Le bilan est lourd. La facture est salée. En Haïti, en plus de cette pandémie, les troubles socio-politiques et l’insécurité (dont le kidnapping) grandissante ont participé au mauvais bilan.

Les fêtes de fin d’année ne seront en conséquence pas belles dans le pays. Mais il faut éviter le pire, notamment en cherchant à créer un environnement sécuritaire dans le pays. L’économie fonctionne mal en l’absence de sécurité.

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