Le FMI, lors de sa récente visite en Haïti Juin dernier, a reconnu que notre pays en l’occurrence Haïti s’était conformé à la plupart des objectifs convenus avec cet organisme depuis que nous entretenions des relations avec lui. En fait, le Fonds Monétaire International reconnaît que l’économie de notre pays croît de 2%, ce qui est mieux que ce que nous avions prévu. De même, il reconnaît que les politiques appliquées par les autorités dans le cadre de la conformité aux exigences du FMI, conduisent à l ‘identification de nouvelles ressources et finissent par recommander l’application de nouvelles mesures pour maintenir la croissance économique et la réduction de la pauvreté.
Toutefois, le FMI ne semble pas reconnaître qu’Haïti représente un cas spécial qui ne peut être traité avec les recettes habituelles qui s’appliquent à d’autres pays. Les politiques économiques qui finissent par générer une pression fiscale plus forte sur une population gravement touchée par la pauvreté, ne produisent en aucun cas les résultats attendus par les techniciens du FMI.
S’il est vrai que la mission du FMI est de faire en sorte que les comptes des pays présentent un bon équilibre entre les recettes et les dépenses, il n’en reste pas moins que les sources internes de financement de notre pays ne crée pas un environnement qui incite les investisseurs internationaux à apporter des capitaux pouvant faire bouger notre économie.
Notre classe politique, et j’entends par là tous les partis politiques, syndicats, associations professionnelles, l’église et en général tous les groupes d’intérêt en Haïti, doivent repenser les relations avec cette entité multilatérale de telle sorte qu’ une compréhension des limites que nous avons actuellement et qui nous empêchent d’avancer sur la voie du développement, puisse être dégagée .
Notre approche devrait expliquer aux techniciens du Fonds monétaire international les obstacles auxquels le pays fera face par rapport à l’augmentation disproportionnée des prix du carburant. Cette révision ẚ la hausse n’améliorera pas nécessairement le déficit que le gouvernement compte enregistrer. Comme nous avons fait remarquer dans ces derniers jours, la simple annonce de cette augmentation a entraîné une série de dommages aux infrastructures et de nombreuses entreprises du secteur privé. Cette situation aura sans aucun doute un impact négatif sur le rythme de la croissance économique que nous devons conserver et protéger.
Les comptes budgétaires équilibrés représentent un objectif positif pour le pays. Mais nous devons rechercher des mécanismes alternatifs qui ne finissent pas par constituer un fardeau supplémentaire pour les citoyens qui réalisent à peine ce qui est nécessaire à leur subsistance. Les investissements dans nos infrastructures (électricité, communications, routes et eau courante) placeraient notre pays dans une meilleure position pour attirer les investisseurs étrangers, ce qui accélérerait considérablement la croissance économique dont nous avons tant besoin.
L’idée initiale est d’entamer une vaste consultation nationale qui détermine nos priorités pour améliorer la qualité de vie de nos gens. Ce processus de consultation doit avoir un contenu éducatif élevé. Il est nécessaire d’expliquer le fonctionnement des mécanismes de financement de l’État afin d’arriver à des niveaux adéquats d’engagement au sein de la population pour atteindre nos objectifs.
Une fois que nous aurons ce plan, il sera plus facile de s’asseoir avec des organisations internationales pour finaliser des plans avec des objectifs réalisables à moyen terme. Notre pays ne peut pas continuer dans la pratique du tâtonnement. Le temps est venu de mettre les connaissances scientifiques à l’appui du processus de prise de décision en reconnaissant le besoin d’éviter des impacts sociaux négatifs qui nuit à notre réputation en tant que peuple.
Michelet Nestor
PDG SECO GROUPE