Etzer Emile analyse la situation économique du pays et la crise multiforme pour attirer l’attention des décideurs sur l’urgence de l’heure.
L’économiste Etzer Émile, lors d’une conférence de presse, mercredi 12 mai 2021, a analysé la situation économique du pays pour l’année 2020 et les perspectives pour 2021-2022, une semaine après la publication, par l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI), des comptes économiques de l’année dernière.
Pour lui « l’environnement général est marqué par une crise multiforme qui tend à devenir une crise totale et permanente (constitutionnelle, institutionnelle, politique, sécuritaire, socio-économique). Les questions politiques prennent en otage le débat public et mettent en arrière-plan la gravité de la situation économique. »
Ce qui ne surprend pas, à son avis, car le discours du Président de la République prononcé le 1er Janvier dernier avait clairement établi les trois priorités de l’Etat : référendum, élection et électricité. Pendant que la population a ses priorités qui sont l’insécurité et la misère. Aussi, « le Plan de Relance Economique Post-Covid (PREPOC) lancé en janvier 2021 est dans l’impasse. La relance économique annoncée n’aura pas lieu. Cela devient le cadet des soucis des autorités, qui sont plutôt occupés à promouvoir et à défendre le référendum. »
Le secteur réel de l’économie en 2020
L’économiste a cité les données de l’IHSI qui parlent de mauvaise performance du secteur de l’Energie (-25,2%). La production énergétique est passée de 896 millions de Kwh en 2019 pour atteindre 633 millions Kwh en 2020. Baisse de la valeur ajoutée dans le secteur de l’Eau et Assainissement (-3,4%). Chute du secteur de la construction (-15%). Fluctuations négatives du commerce, transport et restauration (-4,7%). Toutefois le secteur bancaire a connu une croissance plutôt positive de 1,1% et les Institutions d’Assurances de 4,8%.
Les Finances publiques en 2021
De manière globale, Etzer Emile a indiqué, en citant la banque centrale, que les ressources collectées par l’État sur les six premiers mois de l’exercice ont été chiffrées à 130,46 milliards de Gourdes. Ces dernières ont été insuffisantes pour couvrir les décaissements totalisant 154 milliards. Faible progression des recettes fiscales (7.5 milliards de Gourdes moyenne mensuelle contre une prévision de 11 milliards de Gourdes en moyenne mensuelle).
Il a fait mention de la progression continue des dépenses publiques (improductivité, biens importés, lobby, lutte inefficace contre les gangs, petits projets). Le financement monétaire de la BRH 35 milliards de Gourdes mi-avril, qui est censé être très proche de 39 milliards aujourd’hui. Ce montant correspond à peu près au montant fixé de 39 307,90 MG dans le cadre du pacte de gouvernance économique et financière signé entre le MEF et la BRH, a-t-il ajouté.
Conséquences de la crise
Les conséquences de la crise se déclinent en une perte d’emploi, faillite des entreprises, une accélération de la pauvreté et de la misère, une fuite de cerveaux et de la main-d’œuvre (106 396 travailleurs haïtiens dans la construction en RD) et une fuite de capitaux (Transferts vers l’étranger et les investissements haïtiens à l’étranger). Le cas de la République Dominicaine.
La firme de l’economiste Etzer Emile « Haïti Efficace », voit les perspectives très sombres (pendant qu’on n’a pour l’instant ni crise électorale ni de catastrophes naturelles). On peut s’attendre selon l’économiste à une poursuite des chocs internes (troubles socio-politiques, insécurité, etc..) et chocs externes (progression des produits de base, pétrole, Covid-19), la hausse continue de la vie chère dans un contexte d’accélération du taux de change, des défis humanitaires et une prévision de croissance 2021 (2,9% MEF, 1%, FMI).
Dans ces recommandations, Etzer Emile croit qu’il faut mettre la conversation sur les questions économiques, créer les conditions politiques pour discuter et négocier avec les bailleurs de fonds, assurer la mise en œuvre du plan de relance économique post-covid qui devrait être de préférence un plan de relance post-kidnapping (en faisant l’hypothèse que le gouvernement veut lutter contre le kidnapping) et combattre l’insécurité (tout en admettant les ressemblances de complicité au plus haut niveau de l’Etat avec les maitres de la violence).
En savoir plus:
UNESCO: vers la création d’une Chaire en Histoire et Patrimoine à IERAH