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Le gouvernement haïtien a lancé un programme spécial de sécurité alimentaire.
En présence de plusieurs membres de son gouvernement dont le ministre de l’agriculture Charlot Bredy, le Premier ministre Ariel Henry a procédé ce vendredi 6 janvier 2023 au lancement du programme spécial de sécurité alimentaire, un projet de promotion et de protection sociale.
Dans son allocution, le Premier ministre Henry a déclaré que la production nationale et l’insécurité alimentaire sont deux préoccupations majeures de son gouvernement. « Dans la mise en place des politiques publiques, j’ai tenu à commencer l’année au Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural, parce qu’à côté des problèmes de sécurité causés par les gangs armés, la production nationale et l’insécurité alimentaire sont deux préoccupations majeures pour le gouvernement. C’est donc avec intérêt que je suis venu participer à l’activité organisée aujourd’hui par le ministère de l’agriculture », a-t-il déclaré.
M. Henry a en outre rappelé qu’il est du devoir de son gouvernement de veiller à ce que les Haïtiens trouvent, en quantité suffisante et à des prix abordables, des denrées qui rentrent dans leurs habitudes alimentaires. « Cette responsabilité, il nous incombe de l’assumer pleinement, en faisant des plans et en nous donnant les moyens qu’il faut à cette fin », a-t-il dit, déplorant au passage que le pays soit obligé d’importer des denrées qu’il peut produire pour alimenter le marché local et même exporter.
Abordant le problème de l’insécurité alimentaire, Ariel Henry se dit par ailleurs déterminé à mobiliser les ressources qu’il faut pour que, dans le courant de l’année 2023, Haïti amorce un virage significatif dans la lutte contre ce problème. « 4.5 millions d’Haïtiens ont des difficultés a subvenir à leur faim c’est-à-dire qui n’ont pas de quoi manger à leur faim. Aujourd’hui le nombre a augmenté et on parle de plus d’un million qui serait en insécurité alimentaire aigue. Tous ces chiffres ne confirment qu’une seule et même chose : twop moun nan grangou nan peyi a », a déploré le chef de la Primature.
Pour atteindre ces objectifs, M. Henry dit compter aussi sur le soutien de la communauté internationale. « Nous les [agences humanitaires] convions à soutenir la production nationale en fournissant les intrants nécessaires aux paysans (machines agricoles, semences, fertilisants, renforcement des coopératives agricoles, etc.) et en s’approvisionnant sur le marché local », a-t-il rappelé, soulignant néanmoins que le pays ne pas peut pas uniquement miser sur ces organisations pour venir en aide aux plus démunis.
Dans le même esprit, le Premier ministre Henry a annoncé qu’Haïti devrait bénéficier prochainement du soutien financier de la communauté internationale dans le cadre du « Food Shock Window », un programme visant à soutenir les pays affectés par les conséquences du conflit russo-ukrainien. « Haïti sera l’un des premiers bénéficiaires de ce programme qui nous permettra de mettre sur pied une série d’actions de protection sociale », a annoncé le chef de la Primature.
Pour sa part, le ministre de l’agriculture Charlot Bredy a déploré le fait que la catégorie de la population qui fournit la majorité des besoins alimentaires du pays soit la plus vulnérable face à l’insécurité alimentaire et à la faim.
« Le Ministère de l’Agriculture n’est que la porte d’entrée du secteur agricole. Il accompagne les agriculteurs dans les dix départements géographiques du pays et intervient sur les 27 750 kilomètres carrés. Il travaille avec moins d’un million d’exploitations agricoles et d’environ 52 mille familles de pêcheurs. Paradoxalement, cette population agricole qui fournit 45% des besoins alimentaires du pays est la plus vulnérable à l’insécurité alimentaire et à la faim », a déclaré le ministre Bredy.
Le ministre de l’agriculture a également déploré le peu d’investissements du secteur privé et même de l’État dans le secteur agricole, malgré la fonction qui lui est attribuée. « Malgré la contribution de plusieurs institutions internationales et des organisations non gouvernementales à la mise en œuvre du plan stratégique de développement d’Haïti et des différents plans de développement agricole, la participation du secteur privé reste mitigée et le financement du secteur par le gouvernement n’est pas à la hauteur des besoins », a-t-il fait remarquer.
Par ailleurs, le ministre dit souhaiter que cette rencontre de haut niveau soit suivi d’effets et contribue au développement de l’agriculture et à l’amélioration de la sécurité alimentaire dans le pays. « La question de la sécurité alimentaire n’est pas seulement un choix stratégique mais plutôt une urgence nationale. Elle est considérée à juste titre comme une nécessité permanente car il constitue le fervent de la problématique globale de sécurité et de souveraineté », a fait valoir M. Bredy.