Révoquer des juges, gouverner par décrets : les États-Unis grondent Jovenel Moïse et lui demandent de changer de politique.
L’ambassadeur Jeffrey DeLaurentis, représentant suppléant par intérim pour les affaires politiques spéciales de la mission américaine auprès des Nations Unies, lors de son intervention au Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la situation en Haïti a réagi sur l’indépendance de la justice, la réalisation des élections et la gouvernance par décrets du président Jovenel Moïse.
« Les États-Unis sont préoccupés par le fait que la période prolongée de règne d’Haïti par décrets se poursuit. Nous pensons que les décrets devraient se limiter aux actions nécessaires aux fonctions essentielles, à la sécurité et à la conduite des élections. Cependant, les récentes mesures visant à retirer et nommer unilatéralement trois juges de la Cour suprême, à créer une agence nationale de renseignement et à restreindre le rôle de l’agence d’audit indépendante d’Haïti risquent de porter atteinte aux principales institutions démocratiques d’Haïti », a déclaré le représentant des États-Unis.
Les États-Unis affirment qu’ils sont en faveur du développement d’un secteur judiciaire indépendant, crédible et efficace en Haïti. Ils sont aussi préoccupés par les décrets de l’exécutif qui sapent le pouvoir judiciaire et les grèves intermittentes des principaux acteurs judiciaires, qui continuent d’affecter négativement le fonctionnement du pouvoir judiciaire et limitent le nombre d’audiences et de procédures judiciaires tenues. Un secteur judiciaire pleinement opérationnel est essentiel pour combattre l’impunité et la corruption, et pour réduire les niveaux endémiquement élevés de détention provisoire prolongée.
Les États-Unis se disent également troublés par un manque permanent de responsabilité pour les violations et abus des droits humains. « Nous exhortons les autorités haïtiennes à redoubler d’efforts pour enquêter et poursuivre les crimes violents, y compris la violence sexuelle et sexiste, pour renforcer les pratiques de police communautaire et pour protéger les droits humains des résidents des quartiers contrôlés par les gangs », a-t-il poursuivi.
Une fois de plus, les États-Unis a exhorté le pourvoir en place à tenir dès que possible des élections législatives en retard afin de restaurer le rôle constitutionnel du Parlement. Le peuple haïtien mérite, ajoute Jeffrey DeLaurentis, l’occasion d’élire ses dirigeants et de restaurer les institutions démocratiques d’Haïti. Bien que nous reconnaissions qu’un énorme travail reste à faire, 2021 doit être l’année des élections législatives et présidentielles en Haïti.