Les dilapidateurs des fonds du Programme d’Aide au Développement PetroCaribe n’ont point besoin de compter sur la compassion de l’église pour espérer échapper à la sentence de la justice pour avoir réalisé ce que l’économiste Enomy Germain compare à la « casse du siècle ».
À l’instar des PetroChallengers, la Conférence Épiscopale d’Haïti exige la réalisation du procès PetroCaribe afin de rendre justice au peuple haïtien qui croupit dans la misère car « les deux rapports publiés par la Cour des Comptes et du Contentieux Administratif sur la gestion des projets financés par les fonds PetroCaribe jette une lumière crue et saisissante sur l’ampleur et la gravité déconcertante du mal de la corruption dans ses divers mécanismes politiques et opérationnels au plus haut niveau de la société qui trouve son origine dans l’amour excessif de l’argent », souligne-t-elle.
« Le peuple haïtien s’attend à ce que ces deux rapports d’audit publiés par la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) ne soient pas classés sans suite. Dans sa juste colère et sa furie face à ce vaste scandale de corruption qui atteint ou éclabousse les plus hauts sommets de l’État, il exige que le procès PETROCARIBE ait bel et bien lieu. Et pour cause, l’argent qui a été dilapidé de manière si éhontée, si scandaleuse, devait servir plutôt à l’amélioration de ses conditions de vie qui ne cessent de se dégrader », précisent les Évêques Catholiques dans une note acheminée à la rédaction de Juno7.
Selon les membres de la CEH, la corruption généralisée devient un mal endémique, une bourbe salissante, un fait dégradant, un vol organisé. Elle est devenue une véritable plaie sociale qui gangrène nos institutions, rend la politique malade, menace la démocratie et la paix sociale, et ainsi nuit gravement, tant d’un point de vue éthique qu’économique, au développement de notre pays.
Déplorant le fait que le pays se trouve systématiquement appauvri par
la déconcertante avarice de certains dirigeants rapaces et sans conscience qui ne tiennent pas compte de
la situation de misère du peuple en détresse, la Conférence Épiscopale d’Haïti les exhorte à réparer les injustices sociales, à se soumettre à la justice de leur pays si c’est le prix à payer pour reconstituer
l’autorité morale de l’État et de ses dirigeants. Car, ajoute-t-elle, l’instabilité politique
qui sévit en Haïti et les comportements indignes des politiciens sont sur le point d’inaugurer dans le pays
l’ère de l’ivresse assassine du sans-limite dans presque tous les secteurs de la vie nationale.
« Nous exhortons à un nécessaire changement.
L’heure n’est pas au règlement de comptes, mais bien à la reddition de comptes », précisent les évêques afin, soulignent-ils, de mettres tous les acteurs politiques devant leurs responsabilités. « L’heure est au changement, un changement réel, radical. Nous demandons au peuple de distinguer ceux qui recherchent vraiment son bien », concluent les évêques.