Pour le BINUH Haïti est parmi les 10 pays les plus affectés par la détention préventive prolongée.
Si Haïti fait toujours partie de la liste des 10 pays au monde les plus affectés par la détention préventive prolongée avec un taux estimé à près de 80% de la population carcérale à la fin de 2020, le Bureau intégré des Nations-Unies en Haïti, dans un communiqué en date du 26 janvier, qui dit soutenir les efforts nationaux renouvelés contre la détention préventive prolongée a dressé un tableau sombre de la situation.
« Alors même qu’elles jouissent de la présomption d’innocence, les personnes en détention préventive, et donc en attente d’une audition judiciaire, sont souvent incarcérées plus d’une dizaine d’années. Privées d’assistance légale et sans avoir eu la possibilité de comparaître devant les institutions judiciaires, ces individus se trouvent ainsi désemparés, avec le sentiment d’être incarcérés indéfiniment, sans dossier, dans des conditions de détention contraires à toute conception de la dignité humaine », écrit le BINUH.
Il avance que ces « conditions sont tellement inacceptables qu’elles représentent une violation de l’interdiction des traitements cruels, inhumains et dégradants. Personne ne souhaiterait qu’un de ses proches se trouve dans une telle situation ».
Pour le bureau des Nations-Unies présent en Haïti, les personnes en détention préventive représentent l’écrasante majorité de la population carcérale en Haiti. La détention préventive prolongée a par conséquent un impact direct sur une autre problématique tout aussi préoccupante, celle de la surpopulation carcérale, dont le taux s’élève à 316% dans les prisons haïtiennes ce mois-ci.
« Il est donc d’autant plus urgent de mobiliser une forte volonté politique ainsi que les efforts des institutions étatiques et des acteurs judiciaires pour réduire la détention préventive en régularisant la situation des prévenus et en libérant ceux incarcérés au-delà des délais prescrits par la loi », estime le BINUH.
Pour arriver à des résultats significatifs, le BINUH a par ailleurs appelé tous les acteurs de la chaîne pénale, en concertation avec le MJSP et le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, à se mobiliser et à travailler ensemble, dans le respect de leurs mandats et attributions respectifs, afin de réduire drastiquement la détention préventive prolongée dans les prisons haïtiennes.
En savoir plus:
Kidnapping: L’Ensemble scolaire père Basile Moreau suspend provisoirement ses cours