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Ronald Gabriel met en lumière les efforts de la BRH pour stabiliser l’économie haïtienne malgré un environnement économique difficile, tout en mettant en avant l’importance de la coopération entre les différents acteurs pour surmonter les défis actuels
A l’occasion de la deuxième édition du Grand Rendez-vous Économique en ce début d’année 2025, le gouverneur de la banque de la République d’Haïti (BRH) , Ronald Gabriel, a présenté tout de go un état des lieux de l’économie haïtienne par une analyse poussée et détaillée des défis économiques, politiques, et sécuritaires auxquels le pays fait face tout en annonçant une augmentation significative des réserves nettes de change malgré un contexte économique difficile.
« En effet, nous avions anticipé que l’environnement économique serait difficile, mais nous n’avions pas prévu qu’il le serait à ce point, » a-t-il déclaré. Ronald Gabriel a expliqué que, jamais en 45 ans d’histoire de la Banque Centrale, autant de défis simultanés n’avaient été rencontrés. « Ces défis se sont manifestés sous forme de chocs : sur le plan sécuritaire, sur celui d’une crise politique prolongée, mais aussi avec un choc technologique majeur en juin 2023. »
Selon les dernières statistiques publiées par l’IHSI, le PIB a encore reculé de 4,2 % « sans surprise », dit-il. Tous les secteurs de production sont en baisse, ce qui affecte également l’efficacité de la politique monétaire. Cette dernière reste maintenue dans une zone de resserrement par la Banque Centrale depuis quelque temps. Ce contexte reflète un arbitrage difficile entre la lutte contre l’inflation et la poursuite des objectifs de croissance économique. Le ratio de sacrifice continue de produire des effets déséquilibrés en raison des conditions adverses qui empêchent l’économie de véritablement se redresser, a-t-il détaillé.
Malgré ces obstacles, le gouverneur a souligné un développement positif majeur : « Un autre point positif important est le renforcement significatif des réserves nettes de change de la Banque Centrale, qui dépassent aujourd’hui plus d’un milliard de dollars, contre seulement 350 millions en septembre 2023. » Cette augmentation place la Banque Centrale dans une position confortable pour soutenir l’offre, lorsque la reprise des activités économiques sera amorcée. « C’est un niveau que nous n’avions pas atteint depuis plusieurs années. »
Ronald Gabriel a mentionné la reprise des activités qui pourrait entraîner une certaine volatilité du taux de change, un phénomène courant qui pourrait également générer une surchauffe sur certains indicateurs de prix. « Cependant, j’aimerais souligner quelques points positifs sur lesquels nous pouvons bâtir, » a-t-il ajouté, précisant que « les crises, en général, sont aussi des occasions de saisir des opportunités. »
Des réserves nette en augmentation et une stabilité du taux de change
En ce qui concerne l’inflation, bien que les pressions demeurent fortes avec un taux annuel de 26,6 %, selon le dernier rapport de l’IHSI, M. Gabriel dit avoir noté une nette tendance à la désinflation par rapport au début de 2023, où l’inflation était de 49 %. Il a également évoqué la stabilité prolongée du taux de change, oscillant autour de 131 à 132 gourdes pour un dollar américain, et la maîtrise du recours du Trésor au guichet de la Banque Centrale, avec un financement monétaire nul.
Aussi, il a apporté quelques précisions concernant cette accumulation des réserves nettes de change par la Banque Centrale en évoquant le paiement de la dette de 500 millions de dollars au Venezuela au courant de l’année. En janvier 2024, la Banque Centrale a payé 500 millions de dollars au PDVSA, dans le cadre d’un accord entre l’État haïtien et l’État vénézuélien. Cet accord a permis à Haïti de bénéficier d’un allègement de 1,7 milliard de dollars sur une dette totale de 2,2 milliards envers le PDVSA, a détaillé M. Gabriel.
Les 500 millions de dollars provenaient d’un compte transitoire, ouvert en 2016 à la Banque Centrale, et régulièrement alimenté par le ministère de l’Économie et des Finances pour assurer le paiement du service de cette dette dans le cadre de l’accord PetroCaribe. Ces fonds n’appartenaient donc plus ni à l’État haïtien, ni à la Banque Centrale, bien qu’ils fassent partie des réserves globales de change. Ainsi, la sortie de ces 500 millions de dollars n’a eu aucun impact sur les réserves nettes de change.
Par ailleurs, le gouverneur en a profité pour lancer un appel à tous les acteurs publics, privés, et à la société civile notamment, sans oublier les partenaires techniques et financiers du pays, afin de mutualiser leurs efforts pour sortir le pays et l’économie de cette situation critique.
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