Honorables Sénateurs de la République,
Honorables Députés du peuple,
Le personnel administratif du parlement,
Mesdames, Messieurs de la presse,
Peuple haïtien,
Ce soir, il m’était venu à l’idée de vous adresser un discours qui prendrait en compte les principes démocratiques pour surtout rappeler la place du parlement dans le nouveau régime politique que le peuple haïtien s’est choisi depuis tantôt 31 ans.
Je voulais céder à cette tentation parce que dans nos turbulences, certains nostalgiques non encore guéris ne parviennent pas à s’accommoder de la grande utilité qui ressort de la séparation des trois pouvoirs dépositaires de la souveraineté nationale.
Depuis la grande rupture de 1986 et la ratification de la constitution de 1987, le peuple Haïtien a compté des acquis démocratiques importants qu’aucun gouvernement ne saurait anéantir.
Une nouvelle culture se développe dans notre société qui malheureusement se débat, avec difficultés, en quête de nouvelles politiques publiques. C’est le vrai combat qui invite les dirigeants à de vraies réflexions et à de nouveaux comportements plutôt que d’encourager inutilement la destruction des instruments nécessaires à la consolidation des idéaux démocratiques.
Notre charte fondamentale a consacré les libertés individuelles et collectives ; elle a reconnu la liberté d’association, le pluralisme politique et de manière essentielle, elle porte le bicamérisme.
Ce renouveau a renforcé la place du parlement dans le système démocratique haïtien même si certains détracteurs parlent de prépondérance parlementaire ou de régime d’assemblée. C’est plutôt une juste compréhension du législateur qui a voulu éviter la confusion ou la concentration des pouvoirs au gré d’une explosion démocratique survenue après 30 ans de dictature.
Voici la raison fondamentale qui porte le peuple haïtien à considérer le parlement comme un instrument nécessaire à la défense de ses intérêts. Dans un passé récent, il a été donné de constater le support que l’institution parlementaire a récolté face à des tentatives mal inspirées qui cherchaient une confiscation du pouvoir.
Toutefois, il convient de faire remarquer, pour l’assumer, que certaines critiques adressées au parlement sont fondées. J’en appelle à l’intelligence et à la sagesse de mes collègues qui devront admettre l’urgence de corriger certaines pratiques dans notre palais législatif. Nous avons le devoir de maintenir en vie le parlement haïtien et c’est à nous aussi qu’il revient de renforcer chaque jour davantage l’honorabilité de notre institution.
Mes chers collègues,
Voici le genre de propos que je m’étais proposé de vous livrer aujourd’hui, comme je voulais les partager avec la nation toute entière. Mais le parlement que j’exalte aujourd’hui se trouve pris dans la tourmente qui nous impose à vous comme à moi de disséquer la conjoncture pour détecter les vrais du faux.
Depuis le mois de février 2018, l’assemblée sénatoriale fait l’objet de certaines critiques pour avoir orienté un dossier vers l’institution chargée d’auditer la gestion des deniers de l’Etat.
Aujourd’hui, aucune institution, aucun dirigeant, aucun citoyen ne peut faire l’économie de ce fer brulant (kote kob petroKaribe a) ? Il faut l’aborder avec un esprit lucide, pondéré pour ne pas le noyer sous la vague des émotions populaires au risque d’échouer dans la recherche des informations vraies qui doivent identifier les dilapidateurs de ces fonds.
De tous les Départements du pays, des villes et des bourgs comme des sections communales, s’élève le cri des hommes et des femmes ; les jeunes partout sont debout et demandent des comptes. Le pouvoir que nous confère la constitution nous commande de bien remplir le rôle qui est le nôtre pour voir les institutions compétentes fournir au peuple les explications qu’il exige à bon droit.
Désormais, PETROCARIBE constitue une affaire. Une affaire nationale qui interpelle tous et chacun, PETROCARIBE doit être considéré comme l’aune à laquelle se mesure la civilisation haïtienne contemporaine selon le traitement que nous aurons décidé de lui accorder. C’est aussi un dossier qui peut faire le prétexte d’un nouveau contrat social qui tiendra compte de la corruption à combattre, de la justice à renforcer et d’une nouvelle gouvernance à instaurer.
Le parlement connait ces temps-ci une autre turbulence qui se réfère à la ratification du nouveau gouvernement. Depuis la tempête sociale des 6, 7 et 8 juillet, les élites se sont interrogées et au terme des évaluations est sorti un sursaut qui a imposé un nouveau gouvernement à la tête de l’Etat.
La démission de l’ancien gouvernement et la nomination d’un nouveau gouvernement ont imprimé une accélération de l’histoire nationale dans laquelle s’est volontiers inscrit le parlement qui, dans le cadre de ses prérogatives, a invité les nouveaux ministres à déposer leurs pièces avant l’énoncé de la politique générale du Premier ministre.
Bien des voix se sont élevées pour condamner cette démarche jugée inconstitutionnelle. Pourtant, les faits ont donné raison au parlement qui a pu éviter que des citoyens étrangers viennent investir le sanctuaire de la représentation nationale.
Si le processus de ratification traine aujourd’hui encore, le retard n’est pas imputable au parlement toujours assujetti à la volonté du peuple qui attend depuis trop longtemps une amélioration de ses conditions de vie. Le parlement attend la finalisation des dossiers pour pouvoir sanctionner la déclaration de politique générale du nouveau premier ministre.
L’assemblée des sénateurs s’engagent de manière formelle à ne pas passer cette semaine sans recevoir la déclaration de la politique générale du Premier Ministre Jean Henri Céant.
J’encourage le Président de la République, son Excellence Monsieur Jovenel Moise à convoquer à l’extraordinaire la chambre des Députés qui devra se prononcer au plus tôt, entre autres, sur la ratification de la politique générale du Premier Ministre nommé, sur le projet de de loi de finances 2018-2019, sur le projet de loi électorale
Un autre dossier nous interpelle au parlement, l’insécurité nationale et la résurgence de certaines zones de non droit que la police nationale, peut-être par manque de moyens, n’arrive pas à maitriser.
Trop souvent, nos routes sont bloquées, fermant la voie à de nombreux départements géographiques du pays et à la libre circulation des gens et des biens. Dans un pays démocratique qui est dirigé suivant les principes de l’Etat de droit, de telles obstructions sont inadmissibles et les forces de l’ordre doivent pouvoir intervenir de manière ponctuelle et efficace.
A côté de ces problèmes qui viennent d’être énumérés, il importe de mentionner que l’année prochaine sera consacrée essentiellement à l’organisation des élections parce que l’échéance appelle l’Etat au renouvellement de son personnel politique.
Quel conseil électoral sera chargé d’organiser ces élections ? La question est brulante et nous interpelle tous.
Chers collègues,
Nous savons tous que la situation de notre pays n’est pas facile. De nombreux défis nous attendent. Nous ne saurions les surmonter dans la discorde sinon la nécessité d’encourager le vivre ensemble, le dialogue permanent qui doivent l’emporter sur les diversités et les différences. C’est la voie à emprunter pour arrêter la désintégration de notre tissu social.
Honorables Députés
Vous partez en vacances, je vous souhaite bon courage. Je sais que vos circonscriptions vous attendent avec des questions pertinentes.
J’aurai l’occasion de vous revoir bientôt car vous laissez derrière vous une tache inachevée et urgente.
Merci.
Que Dieu bénisse
Haïti