Présentation, ce mercredi 12 septembre, des résultats préliminaires de l’évaluation nationale en 4eme Année Fondamentale. Des tests en mathématiques, en créole et en français ont été administrés, dans le courant de l’année 2017, à près de 60 mille élèves répartis dans 1771 écoles publiques et 204 écoles non publiques.
Cette évaluation correspond à la troisième des “12 mesures” prises sous l’administration de l’ancien ministre Nesmy Manigat touchant les évaluations des apprentissages en vue de l’amélioration de la qualité de l’éducation.
Les résultats de cette grande enquête ont été présentés, tout d’abord, au ministre et au directeur général de l’Education nationale, puis à une assistance plus large composée de directeurs techniques, directeurs départementaux, de coordonnateurs et pôle et d’inspecteurs généraux du ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP).
Les leçons tirées de cette enquête
Suivant les renseignements obtenus, à partir de cette recherche, un peu plus de la moitié des élèves de la 4eme A. F. (56%) sont des filles; la majorité des élèves sont âgés de 8 à 12 ans. Environ 40% de cette population scolaire se retrouve dans des écoles établies dans le département de l’Ouest alors que les départements du Sud-est, du Nord-Est, de la Grand-Anse et des Nippes accusent le plus faible taux de réception (moins de 5%). De plus, 15% des élèves de la 4eme A.F. fréquentent des écoles publiques contre 85% qui se retrouvent dans des écoles non publiques.
Soumises à l’analyse, ces données révèlent que les élèves ont affiché la plus faible performance en mathématiques. En moyenne, ils ont bien répondu à moins de la moitié des 35 items qui leur ont été soumis, soit 46.7%. Par contre, la performance est supérieure en français (56%) et en créole (53%).
En français, les meilleurs résultats sont obtenus dans le Sud, l’Ouest, le Nord et l’Artibonite, tandis qu’ils sont moins bons et sans grands écarts dans les six autres départements. Pour l’enseignement du créole, le tableau n’est pas trop différent malgré de légères variations.
Par département, pour les trois disciplines considérées (mathématiques, français, créole), globalement, les résultats sont les plus élevés dans les départements de l’Ouest et du Sud et sont plus faibles dans le Nord-Ouest, la Grand-Anse et les Nippes.
Les résultats de cette enquête évalués en fonction du sexe de l’élève révèlent que les filles affichent une meilleure performance en créole (55.9%) et en français (59.3%). Pourtant, en mathématiques, l’écart entre les filles (47.4%) et les garçons (46.8%) n’est pas du tout symptomatique. Pourtant, cela correspond à une tendance mondiale. Fini ou presque le temps où les mathématiques étaient une affaire masculine. Les filles devancent les garçons.
Rendement des élèves par rapport aux types d’école
Cette enquête livre une autre information sur le système éducatif : les élèves des écoles non publiques (il faut voir les meilleures d’entre elles) obtiennent d’excellents résultats dans les disciplines testées, à savoir les mathématiques, le créole et le français. Quelle que soit la discipline considérée, l’écart est significatif entre les écoles publiques et non publiques. Sauf à ne pas minimiser le poids factoriel du statut socio-économique des élèves dans leur performance scolaire, de même on ne saurait négliger le niveau de qualification des enseignants.
Des données bien accueillies par le ministre de l’Education nationale
Le ministre Pierre Josué Agénor Cadet a bien apprécié la présentation de ces données qui permettent de comprendre davantage et mieux la situation d’apprentissage au niveau de la 4eme A.F. qui demeure une classe-jonction entre le premier et le deuxième cycle de l’école fondamentale. Il dit être conscient que ces données mettent en lumière des problèmes auxquels le MENFP se doit d’attaquer dans l’idée d’améliorer la qualité de l’éducation en Haïti.
Le ministre Pierre Josué Agénor Cadet a mis un point emphatique sur la nécessité de former les enseignants afin de remédier à ce genre de situation.
Le titulaire de l’Education nationale reconnait que 70% des enseignants haïtiens ont besoin d’être formés ou recyclés. « On n’aura pas une éducation de qualité sans la formation des enseignants, entre autres », a déclaré, d’un air convaincu, Pierre Josué Agénor Cadet.
Quant au directeur général de l’Education nationale, il a défendu l’idée de renforcer certaines directions techniques du MENFP telles la Direction de l’Enseignement fondamentale, la Direction de l’Enseignement secondaire, le Bureau national des Examens d’Etat (BUNEXE) en vue de rééditer régulièrement et avec plus de maîtrise ce genre d’opération dont l’utilité n’est plus à démontrer dans le cadre de la gouvernance du système éducatif. Le Dr. Meniol Jeune a formulé le souhait que les services compétents du ministère cherchent à tirer d’autres leçons des données collectées lors de cette enquête.
Après le ministère de l’Education nationale, les résultats de l’Evaluation nationale des acquis scolaires en 4eme A. F. seront présentés, ce vendredi, au Groupe sectoriel de l’Education, une instance qui réunit les institutions internationales intervenant dans le secteur de l’éducation en Haïti.
Cette recherche a été menée pour le compte du MENFP par l’Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire(IEA) en partenariat avec l’Institut haïtien de Formation en Sciences de l’Education(IHFOSED) grâce à un financement de la Banque interaméricaine de Développement (BID).
Ce mercredi, la présentation des résultats de cette enquête a été faite par Oliver Neuschmidt (IEA) assisté de Clara Wilsher Beyer (IEA), Sabine Aubourg(BID) et de Vladimir Mathieu (BID).
Idson Saint-Fleur – [email protected]