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« Haïti est au bord d’une catastrophe humaine sans précédent, si rien n’est fait », alerte le CARDH

« Haïti est au bord d’une catastrophe humaine sans précédent, si rien n’est fait », alerte le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH)

Le pays s’enlise dans une crise multidimensionnelle marquée entre autres par l’augmentation de la violence des gangs qui tuent, pillent, kidnappent et rançonnent et de l’insécurité alimentaire chronique en progression. « Haïti est au bord d’une catastrophe humaine sans précédent, si rien n’est fait », alerte le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) qui a publié le 9 mars en cours un rapport signalant une « dégradation accélérée des conditions de vie dans le contexte post assassinat du président haïtien Jovenel Moïse.

Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme, tout en abordant, dans ce rapport, les conséquences du retrait de la subvention des produits pétroliers sur la population, des impacts du kidnapping, des impacts du séisme du 14 août et de l’insuffisance de l’ajustement du salaire minimum, souligne que le gouvernement d’exception d’Ariel Henry n’a pas les leviers pour agir efficacement sur cette réalité socio-économique et politique complexe dont les causes sont surtout structurelles. »

« Les conditions socio-économiques de la population haïtienne vont se dégrader davantage » alerte le CARDH qui prévoit, un deuxième choc économique lié à la crise du carburant car « non seulement les importateurs ne trouvent pas à la BRH de dollars suffisants pour placer leur commande, mais encore l’intervention militaire de la Russie en Ukraine provoque déjà une montée du prix du baril de pétrole (140 USD). »

Relativement à l’insécurité, le CARDH souligne que le niveau de criminalité actuel requiert une intervention militaire. « Haïti est au bord d’une catastrophe humaine sans précédent, si rien n’est fait », alerte le centre qui rappelle que les gangs continuent d’étendre leur hégémonie en kidnappant des socio-professionnels, des simples citoyens, des petits commerçants, des étudiants…qui doivent verser jusqu’à trois rançons pour leur libération. La route nationale numéro 3 reliant les départements des Nippes, du Sud, de la Grand‘Anse et une grande partie de l’Ouest avec le reste du pays est toujours bloquée par les gangs de Grand Ravin, de Village-de-Dieu et de Ti Bwa. »

Toutefois le CARDH reconnaît les efforts et le dynamisme de la Police ces derniers mois mais qui sont malheureusement limités faute de moyens humains, matériels, technologiques et autres par rapport aux gangs en pleine extension, financés et soutenus par des autorités, des politiques, la criminalité transnationale.

Par ailleurs, dans ce rapport, le CARDH souligne que l’ajustement salarial récemment fait est largement insuffisant pour aider les couches vulnérables à surmonter cette criante réalité.  » Entre juillet 2019 et février 2022, le salaire minimum pour les ouvriers travaillant dans les industries de réexportation a augmenté de 18 %, passant de 500 gourdes 685 gourdes. Or, les coûts des biens et services ont plus que doublé durant cette période. »

Le CARDH rappelle qu’au plan interne, la nouvelle crise politique engendrée par l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021 provoquant un vide au plus haut niveau de l’État n’est toujours pas résolue, malgré plusieurs initiatives locales pour inciter les protagonistes à trouver une solution consensuelle, la nomination par le gouvernement américain d’un envoyé spécial pour Haïti (Daniel Foote) et l’envoi de trois missions en Haïti après la démission dudit envoyé.

« Une importante partie de la société civile et des partis politiques de l’opposition se battent pour remplacer le président assassiné, alors que le Premier ministre Ariel Henry, reconnu par la coopération internationale et soutenu par une autre fraction de la société civile et des partis politiques (accord 11 septembre), détient la réalité et l’effectivité du pouvoir (premier ministre-président)33 dans un contexte où le Parlement est dysfonctionnel et le Pouvoir judiciaire au bord de l’effondrement. Il n’y a pas un gouvernement qui se sent
responsable et une société civile qui joue le rôle de Virgile », regrette le CARDH.

Le gouvernement d’exception d’Ariel Henry, a indiqué le CARDH, n’a pas les leviers pour agir efficacement sur cette réalité socio-économique et politique complexe dont les causes sont surtout structurelles et la coopération internationale est toujours dans sa rhétorique de promesses, de conférences…depuis des décennies en Haïti.

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