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Culture

Haïti : Et si on parlait de l’importance de nos artistes ?

La disparition de Joseph Emmanuel Charlemagne ou plutôt Manno Charlemagne m’a offert l’opportunité de me gratter un peu les méninges et j’ai fini par réaliser que le métier d’artiste en Haïti est plutôt dangereux…

J’en connais des artistes qui sont partis et que l’après offre un scenario tellement ignoble que je retire mon chapeau à ceux qui résistent encore à produire de la musique ici à Haïti. Les pauvres, ils ont tenté de chanter quelques paroles qui auraient dû conscientiser certaines personnes qui se trouvent au sommet de l’Industrie Musicale Haïtienne, si bien vrai il en existe une.

Mais qu’est-ce qu’ils croyaient ces artistes, pour qui se prennent-ils ? Ils sont trop nombreux les haïtiens qui écoutent de la musique et qui au final ne se rappellent même pas d’une simple petite phrase de la chanson, notamment quand les propos ne sont pas indécents et malsains.

Il arrive qu’un accident se produise et que certaines stations de radios nous fassent écouter quelques morceaux de certaines compositions quand elles ne sont pas trop occupées à promouvoir les divas et les autres chanteurs des nations étrangères. Résultats, nous avons de nombreuses artistes qui se prennent pour Rihanna ou Beyonce. Comme quoi, les chanteuses comme Yole ou encore Émeline Michel ont déshonoré la musique haïtienne en vendant que la douce harmonie de la voix et non les seins, les fesses et les petites culottes. Bref je ne peux trop les blâmer parce qu’elles risquent de mourir de faim.

Pour ceux qui n’ont pas ces choses intimes à vendre, ils utilisent quand même celles des jeunes filles pour promouvoir les clips de leurs produits sinon ils dénigrent les femmes. C’est une bonne méthode ça, vous pouvez devenir ambassadeur de la jeunesse avec ça et pourquoi pas président de la République, car dire les gros mots paie en matière de popularité dans le monde musicale.

Psst, avant de reprendre notre sujet, vous savez qu’aux Etats Unis vous devez faire le droit et précisément à Harvard pour devenir président mais à Haïti il suffit d’être artiste. Je vous le jure mon fils il devra apprendre à jouer à la guitare et au piano, il devra surtout apprendre à chanter. Je n’espère pas qu’il sera président mais sénateur oui. Surtout, je l’efforcerai à travailler à l’école sinon il me sortira des Quatreline quand il verra le prénom d’IVline, en plus je ne survivrai pas assez longtemps pour voir la fin de son mandat si jamais il aurait osé me sortir PotroCaribe au lieu de PétroCaribe.

Revenons à notre sujet !

Un petit conseil à mes chers amis artistes, pardon il fallait dire musiciens, car les autres talents sont a leur mort, vite oubliés tel un chien écrasé par une voiture sur une autoroute en pleine nuit. Je disais donc, chers amis musiciens, pensez à produire, produisez de nombreuses chansons pour qu’on parle de vous quand vous partirez dans l’au-delà. Surtout n’allez pas croire que ce sera beau votre départ puisque l’état ne dispose pas assez de fonds pour honorer votre départ, ah! j’ai oublié, il y aura des marathons et des quêtes, vous aurez quand même des, à peu près, beaux funérailles. Et puis, que pouvez-vous espérez de plus d’une société qui ne connait même pas l’importance de vos œuvres. Pardon, j’ai oublié que quelque part à Haïti, il existe le BHDA (Bureau Haïtien du Droit d’Auteur), mais je vous assure que j’ai mené ma petite enquête… et là-bas ils ne savent même pas ce qu’ils font. Vous ne me croyez pas ? Allez donc voir vous-même, qui sait, un miracle s’est peut être produit là-bas au cours de ces derniers jours.

En parlant de riche production, malheureusement Black Easy n’a pas beaucoup trop chanté, ils lui ont quand même offert une spéciale caricature sur facebook. Ce qui m’a cependant impressionné, c’est un artiste que j’ai entendu rendre hommage à ses homologues partis récemment. Il a utilisé deux petites phrases assez brèves : ‘Kote Black Easy, Samba Kessy ? M sonje nou wi’, la honte c’est l’enchaînement qu’il a fait à la suite de l’ironique hommage : ‘Leve de men n anlè’… Je vous assure que j’écoute ce truc quand l’envie me prend de rire. Honte à vous peuple incrédule, ces artistes vous ont tous fait danser. Mais aujourd’hui, vous honorez des êtres qui n’ont jamais servi à votre culture. Vous les offrez des tributes.

Attention chers amis artistes, n’espérez pas un tribute comme ils le font pour le célèbre chanteur de reggae haïtien Bob Marley. Surpris, n’est-ce pas ? Vous savez tous que Robert Nesta Marley alias Bob Marley est Jamaïcain et pourtant à Haïti on célèbre la date de sa disparition dans de belles soirées de tribute qu’on n’ose même pas produire pour un chanteur de la trempe d’Emmanuel Rossini Jean Baptiste notre fameux Ti Manno ! Sincèrement désolé, j’ai osé comparer une légende à un ordinaire chanteur haïtien.

Alors pourquoi ne pas tenter une petite critique avec Nemours Jean Baptiste ? Ah non ! Ma réflexion ne sera pas meilleure qu’avant puisqu’ils vont me sortir la carte de l’autre chanteur de Pop haïtien Michael Jackson. Bon sang lui non plus n’est pas haïtien ? C’est vrai, il a même changé sa couleur d’ébène pour en adopter une autre. Et pourtant il a son tribute annuel à Haïti. Je ne vais pas vous le cacher mon très cher peuple, vous savez parfaitement comment adopter ce qui ne vous appartient pas. De votre acculturation, j’en ai ras le bol. Je ne vais pas oser parler de notre légende Azor, d’ailleurs c’était un vodouisant, c’est le jackpot de la dévalorisation pour lui. Bref, laissons reposer les pauvres âmes de nos artistes.

Chers artistes haïtiens, ouvrez grands vos yeux. Comment pourront-ils vous respecter après votre disparition s’ils ne vous ont jamais honoré au cours de vos années d’existences. Il faut aussi noter qu’ils vous préfèrent bien mort. C’est bien plus qu’absurde d’entendre à la radio un prétendu animateur dire sans souci : ‘Se lè atis la pa la pou w’ konn’ enpòtans li’. Bèl omaj zanmi m’, ou ta touye Manno ankò…

Je ne vais pas manquer de vous rappeler, mes chers amis artistes qu’il faut penser à offrir de beaux comptes en banque à vos enfants, sinon ce peuple ingrat dira d’eux : ‘Papa l te gwo atis wi ou wè l eta sa’. Autre chose formez les pour qu’ils puissent s’offrir un bien meilleur avenir.

Je ne peux terminer sans me plaindre de SupaDeno. Dommage Télémax n’est plus là, peut-être que la station aurait organisé un petit « noël nan wèl nou » pour sauver la situation de cet ainé du Rap. Bon sang j’ai dit Rap, oui c’est vrai les chanteurs de Rap ne gagnent pas assez d’argent pour encadrer cette icône de leur propre mouvement. Cependant j’en connais qui collectionnent des baskets assez chers et qui se fringuent hors prix, sans doute à cause des règles du Hip Hop.

Il existe tellement de choses à dire sur le monde artistique et culturel d’Haïti que je vous prie de considérer ce travail comme un résumé. Il est aussi évident que je cesse de trop dire car j’aime assez les quelques années de vie qu’il me reste. Parce qu’il me faut surtout voir mon petit Junior au parlement…

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