La Conférence Épiscopale d’Haïti (CEH) exige l’arrêt du génocide dans le pays et demande aux tenants du pouvoir des gestes concrets pour une vraie réconciliation historique.
Les Évêques de l’Église Catholique en Haïti, regroupés au sein de la Conférence Épiscopale d’Haïti (CEH) ont lancé le 14 septembre 2023 un cri d’alarme face à la violence armée qui gangrène le pays. Ces personnalités, qui disent vivre avec amertume et douleur les souffrances du peuple haïtien causées par la violence aveugle des bandits lourdement armés, le cynisme et l’indifférence des dirigeants politiques, et les hésitations de la communauté internationale, exigent des pouvoirs publics et d’autres secteurs de la nation d’arrêter leur complicité aux gangs armés pour mettre fin à ce génocide.
« En effet, depuis environ quatre ans, notre pays vit l’une des crises sociopolitiques et sécuritaires les plus longues et les plus meurtrières de toute son histoire. Tout le Peuple, tout le pays, est affecté jusqu’aux entrailles. […] L’État a perdu le contrôle du territoire national. Le crime organisé a gagné tous nos départements, tous nos diocèses et presque toutes les grandes villes du pays. La région métropolitaine de Port-au-Prince est presque entièrement contrôlée par des bandits armés, organisés en gangs. Dans le département de l’Artibonite, des points stratégiques sont abandonnés à leurs actions terroristes », lit-on dans ce document signé, entre autres, par Mgr Launay Saturné, Mgr Desinord Jean, Yves Mary Péan, Pierre André Dumas, Chibly Cardinal Langlois, Mgr Max L. Mesidor.
À travers cette déclaration, les Évêques en question déplorent également le fait que la population est prise en otage par la violence impitoyable des gangs et leurs alliés. Aussi, pour ces personnalités les terreurs quotidiennes à Carrefour-Feuilles, à Lilavois, le massacre dans la zone de Canaan, « semblent confirmer qu’est donnée carte blanche aux gangs pour agir contre la population ».
Face à cette situation, la CEH dit vouloir continuer à soutenir avec espérance les efforts vers la résolution pacifique de cette crise multidimensionnelle. « Nous encourageons toutes initiatives prises pour arrêter les robinets de sang qui coulent à flot et pour protéger la population vulnérable livrée à elle-même. Nous réaffirmons haut et fort à la face du monde qu’il faut arrêter ce génocide. Nous demandons aux actuels tenants du pouvoir de poser des gestes concrets et forts pour une vraie réconciliation historique ici et aujourd’hui en Haïti », préconise-t-elle.
Dans la même veine, la CEH exige des pouvoirs publics et d’autres secteurs de la nation d’arrêter leur complicité et leur soutien aux gangs armés. Elle dit aussi souhaiter que « la police devienne l’alliée de la population, que le dialogue politico-social se construise sur la base des vrais besoins du peuple et que les formules de solution trop longtemps utilisées et qui n’aboutissent à rien cèdent de manière urgente la place à d’autres pour mettre fin à cette situation inhumaine à laquelle nous essayons de survivre et qui fait la honte d’une si grande nation ».
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