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Le Secrétaire général de l’ONU, dans son dernier rapport, revient sur la crise en Haïti et lance un appel à l’aide en faveur de l’institution policière.
Le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres a présenté, ce lundi 17 octobre 2022, un rapport dressé par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINU), devant le conseil de sécurité, retraçant les principaux faits survenus dans le pays ces derniers jours. Il revient sur la dégradation spectaculaire des conditions de sécurité qui a provoqué l’immobilisation du pays.
Des bandes criminelles, ajoute le rapport, ont pris le contrôle d’installations stratégiques d’importance vitale, comme le port international de Port-au-Prince et le principal terminal pétrolier du pays, situé à Varreux. Le blocage du terminal a entraîné la quasi-paralysie des services essentiels – eau et assainissement, collecte des ordures, électricité et soins médicaux, notamment. Qui plus est, une nouvelle flambée de choléra s’est déclarée récemment, et la situation actuelle crée les conditions parfaites pour une augmentation exponentielle du nombre de malades dans tout Haïti.
Selon l’ONU, Les violences se sont encore intensifiées lorsque, le 11 septembre, le Premier Ministre a annoncé que les subventions aux carburants seraient supprimées. Des barrages routiers ont été mis en place dans tout le pays, ce qui a entraîné un verrouillage total de la capitale et d’autres grands centres urbains. Une action concertée de la police visant à dégager les routes a été lancée le 16 septembre quand une alliance de bandes criminelles de la capitale a pris le contrôle du principal terminal pétrolier du pays, situé à Varreux. Les signataires des différents accords ont revu leurs alliances face à ces tensions croissantes, compliquant encore plus la recherche d’un consensus.
Pendant les troubles, le Premier Ministre a fait part de son empathie face aux souffrances humaines subies, déplorant par ailleurs les pillages de biens essentiels et d’aide humanitaire. Il a encouragé les Haïtiens à ne pas se laisser duper par les discours politiques violents, à résister aux intérêts corporatistes et à s’unir pour le bien de la nation. Il a de nouveau appelé à un large dialogue ouvert avec l’ensemble des parties prenantes et souligné que le Gouvernement était déterminé à renforcer la police nationale, à augmenter les recettes douanières, à améliorer l’économie et à réduire les subventions régressives aux carburants, peut-on lire dans ce rapport.
« Je condamne la vague de violence de ces derniers mois, à laquelle la population civile – en particulier celles et ceux qui vivent dans une pauvreté abjecte – paie un lourd tribut. Si des efforts sont en cours pour améliorer les capacités des forces de l’ordre et lutter contre la violence de proximité, il faut en faire plus pour lutter contre l’impunité des bandes armées et de leurs soutiens. Les attaques portées contre les institutions de l’État doivent cesser immédiatement.
Je condamne avec la plus grande fermeté les violences sexuelles généralisées auxquelles se livreraient des bandes armées. Les auteurs de ces crimes odieux devront en répondre. En outre, je suis consterné par les attaques menées contre les installations et les fournitures humanitaires. Les partenaires humanitaires doivent être protégés. Je demande instamment aux autorités haïtiennes de garantir le respect des droits humains et des libertés fondamentales et de garantir l’accès humanitaire aux populations en proie à la violence », a indiqué Antonio Guterres.
Appel à l’aide en faveur de la Police nationale
L’Onu avance que les taux d’attrition dans la police nationale ont continué à augmenter en raison des démissions, des départs à la retraite et des décès, conjugués à la lenteur du recrutement. Sur 14 161 agents enregistrés, dont 1 567 femmes, quelques 13 000 étaient actifs au 12 septembre. Le ratio de policiers pour 1 000 habitants est de 1,06 en Haïti, ce qui est inférieur à la norme internationale reconnue, établie à 2,2 pour 1 000 habitants.
« Malgré une augmentation de 12 % du budget pour l’exercice 2021/22, la police continue d’être en butte à l’inflation croissante et à la gabegie budgétaire, ce qui se traduit par un manque d’équipements et de fournitures. Le nombre limité de véhicules de police et d’équipements de protection a entravé la capacité de la police.
Forte d’un effectif de 150 agents de police, la force opérationnelle de lutte contre les bandes organisées créée récemment a amélioré les performances de la police et renforcé la coordination interne. Cette force, dont les membres ont fait l’objet de tous les contrôles préalables requis et qui peut être renforcée grâce à des dons de matériel et à des formations, devrait passer à 300 agents de police », poursuit le rapport.
Le BINUH par le biais du secrétaire général a continué à demander que des contributions soient versées au panier de financement commun multidonateurs géré par le PNUD, afin de soutenir la professionnalisation de la police nationale. Le panier, qui cherche 28 millions de dollars de dons, a jusqu’à présent reçu environ 11 millions de dollars.
« Il est essentiel d’aider le Gouvernement à donner à la police nationale les moyens de lutter contre la violence en bande organisée, et à mettre en place des mesures visant à renforcer la cohésion et les capacités opérationnelles des forces.
Parallèlement aux résultats obtenus à cet égard, il est également essentiel que les autorités nationales adoptent des stratégies multidimensionnelles et globales de réduction de la violence aux niveaux politique et institutionnel, l’objectif étant non seulement d’apporter aux populations touchées par la violence la sécurité dont elles ont tant besoin, mais aussi de proposer aux populations à risque des solutions socioéconomiques et d’assurer la protection des plus vulnérables, notamment des femmes et des jeunes », a poursuit M. Guterres.
Par ailleurs, le secrétaire général avance qu’en cette période de crise sans précédent, Haïti a un besoin urgent d’unité pour avancer face aux difficultés multidimensionnelles auxquelles le pays est en butte. Il a exhorté tous les Haïtiens à ne ménager aucun effort pour favoriser le dialogue afin de parvenir à une solution dirigée et contrôlée par les Haïtiens, englobant tous les aspects de la situation – des questions constitutionnelles aux questions de sécurité – et conduisant à la restauration complète des institutions démocratiques en 2023.