Haïti : nouvelle journée de mobilisation contre la crise du carburant, l’insécurité et le gouvernement d’Ariel Henry
Haïti.- Des milliers de personnes ont protesté une fois de plus contre la misère, l’inflation, l’insécurité et la rareté du carburant qui affectent le pays depuis quelques temps. Ce mercredi 7 septembre, plusieurs milliers de personnes ont gagné les rues de la capitale haïtienne et celles de plusieurs villes de province pour faire passer leurs revendications.
Très tôt ce mercredi 7 septembre, les activités étaient déjà quasi dysfonctionnelles au niveau de plusieurs endroits dans la région métropolitaine de Port-au-Prince notamment à Delmas. Certains commerces et institutions financières ont été contraints de fermer leurs portes en dépit des dispositions annoncées par les autorités policières.
À Port-au-Prince, la manifestation a démarré au Champs-de-Mars, dans les parages de l’ambassade de France. Accompagnés d’un char musical, les protestataires ont parcouru quelques artères de la capitale et ont pris la direction de Pétion-ville en passant par Delmas où l’ancien sénateur Jean-Charles Moïse a fait une courte déclaration . Le leader de « Pitit Desalin », qui avait lancé cet appel à la mobilisation, a exigé du gouvernement la disponibilité du carburant dans les stations-service, la baisse du dollar, l’annulation des frais sur les transferts internationaux, entre autres.
Sur leur parcours, les manifestants ont dénoncé la situation catastrophique du pays. Ils ont critiqué le pouvoir en place pour son inaction face à la misère de la population, selon leurs propos. L’inflation, la crise du carburant, la cherté de la vie étaient parmi leurs principales doléances. Certains protestataires en ont profité pour demander le départ du Premier ministre Ariel Henry, principal responsable de cette situation, selon eux.
À Pétion-Ville, un mouvement de panique généralisé a régné. Les agents de la PNH, selon notre reporter, ont fait usage de gaz lacrymogène et d’un liquide communément appelé « pwa grate » pour disperser les manifestants. Ces derniers n’ont pas mâché leurs mots pour dénoncer le comportement des agents de l’ordre.
Au niveau de cette même commune, Youly Destiné, un journaliste reporter de Radio Télé Zénith, a été touché par une balle en caoutchouc. Il a été également signalé que des manifestants ont attaqué le local de la radio Méga, situé au niveau de la rue Panaméricaine, à coup de pierres, selon les informations disponibles.
Des mouvements de protestation ont également lieu dans plusieurs villes de province. À Jérémie, la population a foulé le macadam pour faire part de ses revendications. Les médias locaux ont rapporté trois blessés par balles ainsi que des scènes de pillage au niveau de la Cité des poètes.
La situation est assez similaire aux Cayes où la population exige la disponibilité du carburant au niveau des stations-service, le déblocage de la route de Martissant, la sécurité, entre autres. Les protestataires ont érigé des barricades de pneus enflammés et entreposé des pierres sur plusieurs axes routiers de la ville, selon la presse locale.
Au Cap-Haïtien, les activités commerciales ont été complètement paralysées. Les banques commerciales, les maisons de transfert ont fermé leurs portes. La PNH a également fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants au Cap-Haitien. À Petit-Goâve où les banques commerciales sont fermées depuis deux semaines, des riverains ont décidé « d’apposer des scellés » sur ces institutions financières dans le cadre d’un mouvement dénommé « sele popilè ».
Il faut signaler qu’à la veille de cette journée de mobilisation, le Premier ministre Ariel Henry avait rencontré des représentants de plusieurs associations syndicales de chauffeurs de moto-taxi ainsi que des membres d’organisations communautaires de base de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Lors de cette rencontre, il était question de discuter de la crise du carburant, du marché noir et du commerce illicite du carburant pratiqué par certains secteurs et, notamment, de la nécessité de l’ajustement du prix de ce produit à la pompe.
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