Haiti: pénurie d’eau et de carburant, réapparition du choléra : un cocktail explosif
Depuis bientôt trois semaines, la population fait face à une rareté d’eau potable à cause du phénomène « peyi lòk » et de la rareté du carburant. Cette situation devrait s’aggraver dans les prochains jours. En effet, Caribbean Bottling Company (CBC), l’un des principaux fournisseurs d’eau traitée en Haïti, annonce qu’elle ne pourra plus produire ou encore distribuer de l’eau culligan en raison de l’épuisement de sa réserve de carburant.
« Caribbean Bottling Company, embouteilleur de l’eau Culligan, est désolé d’informer sa fidèle clientèle qu’à partir d’aujourd’hui 2 octobre elle n’est plus en mesure de produire ni de distribuer l’eau culligan car nos réserves de diesel sont totalement épuisées », lit-on dans cette note publiée sur la page Facebook de l’entreprise ce 2 octobre.
Caribbean Bottling Company précise que « la pénurie de carburant qui sévit présentement dans le pays paralyse toute notre chaîne de production et de distribution qui dépend uniquement du diesel».
L’eau potable devient une ressource encore plus essentielle alors que le pays vient d’apprendre la mauvaise nouvelle de la réapparition du choléra. Les informations disponibles font état de sept décès, au moment où l’on rédige ce papier (17h50). Cette maladie se propage principalement à travers l’eau contaminée par les selles d’une personne malade, ce qui signifie que l’eau potable est cruciale pour endiguer sa propagation.
Apporté par les troupes népalaises de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) après le séisme du 12 janvier 2010, le choléra avait tué plus de 10 000 Haïtiens et causé plus de 800 000 infections. En février 2022, les autorités sanitaires notamment le ministère de la santé publique et de la population (MSPP) avaient annoncé qu’Haïti s’était débarrassée de cette maladie. Ils avaient évoqué l’absence de cas sur tout le territoire entre 2019 et 2022.
D’un autre côté, de nombreux centres hospitaliers en Haïti ont dû fermer ou réduire leurs services faute de carburant. Les hôpitaux Bernard Mevs, Saint-Damien, Saint-Luc, l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti sont quelques-uns de ces centres concernés par ce problème. Et selon l’ONU, le manque d’accès au carburant affecte près des trois quarts des principaux hôpitaux en Haïti. Ceci dit, cette situation risque de compliquer davantage la prise en charge des personnes malades du choléra.
Rappelons que depuis fin septembre, le chef de gang Jimmy Cherizier alias Barbecue et ses soldats revendiquent le blocage de l’un des principaux terminaux de chargement de produits pétroliers dans le pays, prétextant exiger le départ du premier ministre de facto Ariel Henry.