Haïti occupe la 86 place sur 180 pays et territoires au classement mondial de la liberté de la presse 2020.
Le rapport de Reporters sans frontières (RSF) est tranchant sur la question de la liberté de la presse dans le pays. Haïti constitue « un environnement de travail dangereux et précaire ». Ce qui explique cette descente aux enfers pour la presse haïtienne qui était à la 62eme place en 2019.
Le rapport souligne que les journalistes haïtiens sont particulièrement vulnérables et régulièrement pris pour cible lors des manifestations. L’assassinat du journaliste Néhémie Joseph (2019) et la disparition du photoreporter Vladjimir Legagneur (2018), alors qu’il réalisait un reportage dans un quartier sensible, ont profondément choqué le pays.
Aussi, RSF a indiqué que malgré la récente évolution des lois relatives à la liberté de la presse, les journalistes haïtiens sont toujours victimes d’un cruel manque de ressources financières, de l’absence de soutien de la part des institutions et d’un accès difficile à l’information. Certains subissent encore des intimidations et des agressions, notamment pendant les manifestations. Les infrastructures existantes sur l’île ont été considérablement endommagées par les catastrophes naturelles successives.
Les médias privés, très liés aux intérêts de leurs actionnaires, peinent à exprimer leurs points de vue sans autocensure. En 2017, un projet de loi sur la diffamation a été voté au Sénat, prévoyant de lourdes sanctions contre les journalistes. Depuis 2018, les protestations, souvent violentes, se multiplient à travers le pays contre le président Jovenel Moïse, empêtré dans des affaires de corruption, poursuit ce rapport.
Ailleurs, RSF estime que ce classement, qui évalue tous les ans la situation du journalisme dans 180 pays et territoires, démontre que la liberté de la presse sera durement affectée ces dix prochaines années en raison de cinq crises majeures: crise géopolitique (agressivité des modèles autoritaires), technologique (absence de régulations appropriées), démocratique (dénigrement de la presse et haine des journalistes encouragée par des chefs d’État démocratiquement élus), de confiance (suspicion en hausse envers les médias d’information) et économique (appauvrissement du journalisme de qualité).
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