Haïti perd 29 places au classement mondial relatif à la liberté de la presse (99eme sur 180 pays). Une dégringolade qui est liée à la dégradation continue des conditions sécuritaires.
L’organisation reporters sans frontières, à l’occasion de la journée internationale de la presse célébrée ce mercredi 3 mai, a publié son classement des pays en terme de liberté de la presse pou l’année 2023. Haïti figure parmi les pays qui ont perdu plus de places cette année avec un total de 29, le pays dégringole vers la 99eme place sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2023 alors que plus près de nous la République dominicaine se trouve à la 43eme place.
Selon l’ONG les journalistes haïtiens sont victimes d’un cruel manque de ressources financières, de l’absence de soutien de la part des institutions et d’un accès difficile à l’information. Depuis deux ans, ils sont aussi la cible des gangs, victimes d’enlèvement ou assassinés en toute impunité. « Les journalistes sont victimes d’enlèvement ou assassinés en toute impunité. En 2022 seulement, au moins six d’entre eux ont perdu la vie pour des raisons liées à leur profession, plaçant Haïti sur la liste des pays les plus dangereux pour les journalistes dans la région », peut-on lire dans la fiche sur le pays
Reporters sans frontières (RSF) précise que les baisses les plus importantes de l’édition 2023 se trouvent notamment en Afrique. Modèle régional jusqu’à il y a peu, le Sénégal (104e) perd 31 places. La Au Maghreb, la Tunisie (121e) du président Kaïs Saïed, de plus en plus autoritaire et intolérante aux critiques de la presse, dévisse de 27 places. En Amérique latine, le Pérou (110e), où les journalistes payent le prix fort de l’instabilité politique persistante en étant à la fois réprimés, agressés et décrédibilisés pour être trop proches des élites politiques, perd 33 places. En Haïti (99e ; -29), la baisse est aussi principalement liée à la dégradation continue des conditions sécuritaires.
D’un autre coté, la Norvège conserve sa première place pour la 7e année consécutive. Une fois n’est pas coutume, un pays non nordique est placé en seconde position, à savoir l’Irlande (2e ; +4), avant le Danemark (3e ; -1). Les Pays-Bas (6e), qui gagnent 22 places, retrouvent la position qu’ils occupaient en 2021, avant l’assassinat du journaliste Peter R. de Vries.
Le bas du Classement connaît également des changements. Le trio de fin est composé exclusivement de pays asiatiques : le Vietnam (178e), qui a parachevé sa chasse aux reporters et aux commentateurs indépendants ; la Chine (179e ; -4), plus grande prison pour les journalistes au monde et l’une des principales puissances exportatrices de contenus de propagande ; et, sans grande surprise, la Corée du Nord (180e).
Les États-Unis (45e) perdent trois places. L’assassinat de deux journalistes (Jeff German du Las Vegas Review Journal en 2022, et Dylan Lyons de la chaîne Spectrum News 13 en 2023), ont eu un impact négatif sur la place du pays. De son côté, le Brésil (92e) remonte de 18 places, du fait du départ de Jair Bolsonaro, dont le mandat avait été marqué par une forte hostilité contre les journalistes, et du retour au pouvoir de Lula da Silva, porteur d’une promesse d’amélioration. En Asie, d’autres alternances politiques ont aussi permis de desserrer l’étau sur la presse et expliquent quelques belles progressions comme en Australie (27e ; +12), ou en Malaisie (73e ; +40).
Par ailleurs, RSF avance que la situation passe de “problématique” à “très grave” dans trois nouveaux pays : le Tadjikistan (153e ; -1), l’Inde (161e ; -11) et la Turquie (165e ; -16). En Inde, la captation de la presse par des oligarques proches du Premier ministre Modi met le pluralisme en péril, tandis que le régime d’Erdogan a renforcé la répression des journalistes à la veille des élections du 14 mai 2023. En Iran (177e), la répression intense du mouvement social provoqué par la mort de la jeune Mahsa Amini a fait chuter les scores des indicateurs “contexte social” et “cadre légal” du Classement.