Désespérées, perdues dans le marasme d’une société incapable de les offrir un avenir meilleur depuis tantôt une génération, nos jeunes filles, nos adolescentes se livrent depuis quelques temps à des activités pour la plupart dépréciatives.
Vous avez sans doute l’habitude de les remarquer ces night-clubs improvisés qu’on compare aux activités couramment intitulées Atèplat, sur les différents trottoirs des rues de la capitale, plus fréquemment à Delmas, au Centre-Ville, au Champs de Mars, à Carrefour… Le phénomène est en phase d’envahir même les villes de provinces. C’est la nouvelle mode depuis plus de cinq ans.
De quoi il s’agit vraiment ?
Questionnée à ce sujet, une jeune fille se confie à moi : « Disons que je n’ai personne pour m’aider, personne pour s’occuper de moi… Mon père je ne l’ai jamais connu, il n’a pas voulu de moi et avait conseillé à ma mère d’avorter, sinon il n’a plus besoin d’elle dans sa vie. – Assez souvent c’est moi qui prends soin de ma mère, parfois quand je sors, je lui apporte un petit plat, un poulet grillé ou un plat de fritay. Que veut-on que je fasse ? Je suis jeune et je vis dans la misère au quotidien, il faut bien que je trouve de quoi vivre… »
Donc ces filles viennent travailler dans ces prétendus night-clubs afin de se procurer de quoi subvenir à leurs besoins quand les parents aussi coupables et victimes se retrouvent impuissants face aux responsabilités qu’impliquent les enfants. Nombreuses d’entre ces jeunes filles, adolescentes pour la plupart, sont déjà mères et plus d’une fois.
Notons que le code vestimentaire pour travailler dans ces soi-disant night-clubs, est on peut plus remarquable, des mini-jupes ou des pantalons sanfouk couplés à des chemisettes décolletées qui n’arrivent même pas à couvrir leurs nombrils. Je ne croyais pas mes oreilles jusqu’à ce soir, où je suis tombé sur une de ces boites où le propriétaire impose aux jeunes filles une tenue constituée d’un modèle de maillot d’une des équipes de football très appréciées et d’une culotte qui met en exergue toutes les fesses de ces jeunes filles.
À quel prix ?
Ma jeune interlocutrice fait le point sur cette question : « Notre salaire dépend de notre vente, on doit vendre un maximum de bières afin de gagner yon ti grapday, sur chaque bière vendue, on reçoit au moins cinq (5) gourdes, vous imaginez ce n’est vraiment rien, on ne gagne pas grand-chose, se san nou n’ap bay. Et on doit rester debout toute la nuit sinon on n’aura rien. »
Ces filles sont embauchées dans ces night-clubs mais ne perçoivent pas vraiment un salaire, il n’existe aucun contrat de travail et l’unique garantie qu’elles ont, c’est la vente de bières sur laquelle elles reçoivent entre 8.33 à 16.66%. Que pourrait représenter ces pourcentages ? Logiquement les calculs sont simples, cette même jeune fille m’a laissé croire que la moyenne de vente est de vingt bières par soirée, une vente de vingt bières s’élève à 1200 gourdes, donc le revenu de la soirée avoisine les 100 à 200 Gourdes dépendamment du pourcentage perçu.
Est-ce suffisant ?
« Non, nous n’atteignons pas tous les soirs cette somme. Le pire de tout ça c’est qu’on mange et on consomme une boisson énergisante pour rester éveiller durant la nuit, toutes ces dépenses proviennent de nos poches… » Dixit la jeune fille.
Autres révélations, suite à une importante question : si ce que perçoit cette jeune fille ne pourvoit pas à ses besoins comment procède-t-elle pour y parvenir ?
Honteuse, elle n’a pas voulu répondre. Convaincue que cet entretien est pour le meilleur de son avenir, elle a finalement décidé de répondre à une autre question sur laquelle elle m’a par ailleurs menti, son âge ! Elle m’a laissé croire qu’elle avait vingt ans pour m’avouer quelques secondes plus tard à la suite d’un petit sourire qu’elle venait d’avoir dix-sept ans.
Et finalement elle a décidé de me confier que la plupart d’entre elles se livrent à des activités que certains jugent immorales. Elles acceptent des propositions indécentes où elles doivent accompagner des clients chez eux ou dans des chambres d’hôtels, pour faire suite aux désirs de la libido des clients augmenté par la consommation de la bière, il faut aussi noter qu’ils sont attirés par la tenue agressive que porte ces jeunes filles, je dois vous avouer que la vibration a été assez forte pour mon pauvre cœur. Dans ses explications, la jeune fille fait tout pour écarter les similitudes à la prostitution.
Mais la question demeure dans le fait que les propriétaires de ces boites utilisent ces jeunes filles à cette fin même. ‘Un client satisfait est un client fidèle’. En réalité ces faits jouent un important rôle dans la satisfaction de ces clients. D’où l’importance de jeunes filles belles, gracieuses et exposées.
Il faut donc se poser cette question, ces jeunes filles sont-elles juste des serveuses ou des outils de la prostitution moderne engendrée par le chômage et ces nouveaux entrepreneurs sans trop abuser du terme, avides, escrocs et fourbes.
Je réoriente la question auprès de nos politiciens réputés pour la défense des droits des jeunes filles exploitées, auprès des autorités du prétendu Ministère de la Condition Féminine et de toutes les autres autorités concernées. Messieurs êtes-vous aveugles ou insensibles ?
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