Le RNDDH dénonce des conditions de vie alarmantes dans les sites d’accueil des déplacés depuis le séisme du 12 janvier 2010
15 ans après le séisme dévastateur qui a frappé Haïti, des milliers de personnes vivent encore dans des camps de déplacés, confrontées à la pauvreté, l’insécurité, l’insalubrité, la promiscuité et l’exposition aux maladies contagieuses, selon le Réseau National de Défense des Droits Humains (
RNDDH).
Dans son dernier rapport, publié le 11 janvier 2025, le RNDDH affirme avoir mené une enquête dans 59 des 117 sites d’accueil de personnes déplacées, situés dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite. Selon le rapport, ces lieux de refuge, autrefois destinés aux victimes du séisme du 12 janvier 2010, abritent désormais principalement des personnes ayant fui la violence des gangs armés.
Le rapport révèle que 95 % des occupants actuels des sites sont des déplacés internes ayant fui les violences des gangs armés, regroupés sous la fédération criminelle “Viv Ansanm”. Seuls 5 % des sites abritent encore des victimes du séisme de 2010. La majorité des sites monitorés (54 %) ont été créés en 2024, 27 % en 2023, tandis que 14 % datent de 2021-2022 et 5 % subsistent depuis 2010.
Les sites d’accueil sont répartis sur des terrains vagues (34 %), des établissements scolaires (39 %) et d’autres lieux, tels que des églises, des locaux de partis politiques, des institutions étatiques, des orphelinats, un centre de santé et une faculté (27 %). Aucun de ces lieux n’était préparé à recevoir des déplacés, ce qui aggrave les conditions de vie déjà précaires.
Manque d’hygiène et de services de base
Le RNDDH dénonce un manque criant de gestion et d’entretien des sites. Seuls 5 % des sites bénéficient du soutien de l’État pour le nettoyage, tandis que 21 % ne sont pas nettoyés du tout. Les comités de camps et les déplacés eux-mêmes s’occupent de 54 % des sites, mais leurs efforts restent insuffisants.
En matière d’hygiène, 29 % des sites sont dépourvus de toilettes, et celles disponibles sont souvent insalubres. L’accès à l’eau potable est limité, et la collecte des déchets est effective dans seulement 20 % des cas. Cette situation favorise la prolifération de maladies et met en danger la santé des déplacés.
Selon le rapport, 73 % des sites monitorés sont le théâtre d’actes de violence, témoignant de l’incapacité des autorités à sécuriser ces espaces. Cette situation aggrave la vulnérabilité des déplacés, déjà exposés à des conditions de vie déplorables.
Recommandations du RNDDH
Le RNDDH appelle les autorités à :
- Prendre en charge les déplacés : Assurer un encadrement adéquat et mieux coordonner l’aide humanitaire.
- Renforcer la sécurité : Investir dans les forces de l’ordre pour rétablir la paix et protéger les sites.
- Améliorer les conditions de vie : Fournir des services de base, tels que l’eau potable, l’assainissement et des logements décents.
- Faciliter le retour des déplacés : Rétablir les conditions minimales de sécurité pour permettre aux personnes déplacées de regagner leurs foyers.
- Utiliser efficacement les fonds publics : S’assurer que les ressources destinées au renseignement et à la lutte contre les gangs soient utilisées à bon escient.
Le RNDDH croit que, 15 ans après le séisme, l’État haïtien doit assumer ses responsabilités envers ses citoyens. Il exhorte les autorités à mettre fin à cette négligence, à reconstruire un État capable de répondre aux crises et à offrir un avenir digne à toutes les personnes déplacées.