C’est sur son compte twitter que l’ancien ministre de l’éducation, également Président du comité des finances du Partenariat Mondial pour l’Éducation, Nesmy Manigat, rappelle que les familles haïtiennes en Haïti et celles de la diaspora dépensent plus d’argent en République dominicaine en éducation que le budget annuel du MENFP.
Cette déclaration intervient dans un contexte où les autorités dominicaines avaient menacé cette semaine de suspendre l’octroi des visas étudiants aux haïtiens avant de clarifier qu’il s’agit d’une mesure pour les nouveaux étudiants. Toujours est-il que des zones floues restent à être élucidés dans cet imbroglio.
Citant une enquête de l’Observatoire binational sur la migration, l’éducation, l’environnement et le commerce (OBMEC) datant de 2017, Nesmy Manigat souligne que plus de 220 millions de dollars américains sont dépensés de l’autre côté de la frontière pour la prise en charge et la scolarisation des haïtiens en RD.
Parallèlement le budget 2020-2021 du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) avoisine seulement 200 millions de dollars, regrette l’ancien ministre qui continue de faire campagne pour faire doubler le budget du secteur public de l’éducation à travers le Pacte pour l’éducation ». Il croit qu’il faut également un pacte fiscal pour faire croître l’économie et garantir les recettes de l’État. « La différence est encore plus saisissante quand le gouvernement haïtien dispose de moins de 100 dollars par tête pour scolariser ses 4 millions d’élèves tandis que la république voisine dispose de 10 fois plus par élève », martèle t-il.
Interrogé sur l’afflux des étudiants haïtiens en République dominicaine dont le chiffre dépassait les 55,000 en 2015, selon le journal dominicain Listin Diario, Nesmy Manigat rappelle que 2010 a marqué un tournant dans le départ des étudiants haïtiens en terre voisine, à cause principalement du tremblement de terre qui a réduit la capacité d’accueil et l’offre des institutions d’enseignement supérieur nationales, grandement endommagées voire détruites.
L’ancien ministre fait remarquer que la République dominicaine doublait pendant cette même période ses dépenses publiques d’éducation, résultat de la mise en œuvre de son « pacto educativo » qui exige d’investir 2% à au moins 4% du PIB dans ce secteur.
Pour rattraper ces retards, en plus de nouveaux financements, l’ancien ministre recommande que la loi sur la formation technique et professionnelle qu’il avait défendu au Parlement soit effectivement mise en vigueur et que d’autre part, le projet de loi sur l’enseignement supérieur de 2014 soit discuté et voté par la prochaine législature. « En plus de la sécurité, Il est urgent de mieux financer et moderniser le secteur qui nécessite des réformes pour devenir plus attrayant aux yeux des parents et des étudiants qui ont besoin de plus de choix de carrière correspondant aux métiers et opportunités du 21e siècle », conclut-il.
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