Hervé Boursiquot, directeur général de l’Office National de Partenariat en Éducation, dévoile son nouvel ouvrage intitulé Diplômes, Compétences et Validation des Acquis de l’Expérience en Haïti.
« Diplômes, Compétences et Validation des Acquis de l’Expérience en Haïti » est le titre du nouveau livre de Hervé Boursiquot, docteur en Sciences de l’éducation et spécialiste de sociologie des politiques éducatives. À travers ce nouvel ouvrage paru le 6 juin dernier, il met l’emphase sur les représentations sociales du diplôme et de la compétence. Ce livre d’après son auteur ouvre une réflexion sur le rôle des acteurs dans l’institutionnalisation d’un dispositif qui doit unir les univers de formation et de travail tout en liant l’éducation à la croissance économique.
A travers ce livre, l’auteur nous montre une étude didactique portée sur trois (3) concepts fondamentaux : diplômes, compétences et expériences, tout en se référant au contexte haïtien. Le docteur en Sciences de l’éducation et spécialiste de sociologie des politiques éducatives présente de manière méthodique et réfléchie le solide argumentaire sur la nécessité de recourir à la validation des acquis de l’expérience (VAE) pour apporter un changement «en profondeur dans toutes les pratiques touchées par le secteur de la formation, de l’emploi ou de l’auto-entrepreneuriat».
Le recours à la validation des acquis de l’expérience permet de lever du même coup certains grands défis du fonctionnement du secteur public et non public. Elle répond donc à un besoin et une impérativité : la revalorisation du capital humain. L’auteur chemine, au terme d’une centaine de pages, dans les méandres d’une écriture pragmatique dont la progression des idées permet de cerner la dimension urgente pour les acteurs de se mettre à la tâche en vue de parvenir à mettre en place les cadres préparateurs à cette transformation induite par la validation des acquis de
l’expérience.
L’objectif de cet ouvrage est de montrer aux recruteurs et aux responsables d’institution d’enseignement supérieur en Haïti que la compétence s’acquiert également par expérience professionnelle et les compétences acquises par expériences professionnelles qu’elles soient salariées ou bénévoles peuvent être validées pour répondre aux grands besoins provenant à la fois des individus mais également des
institutions.
Selon Docteur Boursiquot, «le travail est formateur, et les compétences se développent et se renforcent par le travail». Il défend et cherche à institutionnaliser le principe que les compétences ne sont pas uniquement acquises sur les bancs de l’école. Il est tout aussi bien conscient qu’en Haïti, les représentations sociales associent compétences à niveau et à qualité de formation académique.
L’auteur fonde sa conviction sur le fait que: «les choix politiques dans l’éducation fondamentale, l’enseignement secondaire, l’enseignement supérieur et le développement professionnel» doivent cesser «de manifester un oubli total des vrais besoins des acteurs individuels à qui l’on fait croire au quotidien qu’il faut être diplômé pour réussir sa vie».
Le livre débute avec une contextualisation du projet d’écriture qu’il donne comme la conséquence «d’un échange» qu’il a eu en 2012 avec Jacques-Edouard Alexis, ancien doyen de la faculté d’agronomie et de médecine vétérinaire (FAMV) de l’Université d’État d’Haïti de 1985 à 1987. Il prend appui sur l’expérience de Salagnac, une région communale des Nippes, présenté comme un cas concret de valorisation des connaissances acquises par expérience professionnelle qui constitue, selon lui, une première «action concrète ayant pour objectif de montrer les avantages des transformations du noyau central des représentations de la compétence dans la valorisation de la personne humaine dans des contextes atypiques».
Ainsi, «le paysan qu’on croyait inculte avait juste besoin d’un léger coup de pouce pour mieux travailler». Selon ses dires, la validation des acquis de l’expérience permet une transmission de connaissances, une valorisation de l’individu et une amélioration de ses conditions socio-économiques. Elle peut également combler les parcours de formation de ceux qui croient être des experts. L’implication du paysan dans un processus de formation représente une valorisation qui le pousse à travailler sur sa capacité créative en construisant des pratiques agricoles innovantes et à rentrer dans une logique de partage pour mieux apprendre et également pour améliorer sa pratique habituelle.
De manière embryonnaire, il s’agit sans doute d’un cas unique en Haïti dans l’explication des conséquences de la reconnaissance des compétences acquises par expérience professionnelle non salariée. L’essai, dans ce cas, d’établissement de relation logique demeure la transposition des théories apprises à l’université dans un changement de posture permettant au paysan de comprendre pour qu’il soit en mesure d’expliquer les pratiques qui sont les siennes dans ses activités quotidiennes.
A titre d’exemple il a compris, même si le paysan n’a pas fréquenté l’école, il a quand même acquis des compétences dans les activités qu’il exerce quotidiennement. Le contact avec des gens plus solides en contenu théorique ne pouvait que renforcer ses compétences impactant positivement le développement des domaines connexes aux activités agricoles.Le constat qui peut être fait est que la pratique ne sait ni lire ni écrire, mais elle peut former l’individu.
Ce dernier se forme en travaillant. Dès lors, il faut « repenser que l’expérience et/ou le travail avec sa dimension formative donne des pistes assez pertinentes pour amorcer la réflexion sur la validation des acquis de l’expérience non seulement comme dispositif, mais encore comme objet de réflexion scientifique. Il n’est pas dit que le diplôme ne vaut rien, mais en avoir ne signifie pas fermeture à l’apprentissage.