L’ex-président de la République dominicaine, Hipólito Mejía, a abordé la question de la migration de travail haïtienne, appelant à une régulation plus claire et rationnelle de l’entrée des travailleurs étrangers dans le pays.
Selon lui, l’économie dominicaine, en particulier les secteurs agricoles et de la construction, dépend fortement de la main-d’œuvre haïtienne. Dans une interview accordée à l’émission El Sol de la Mañana sur Zol 106.5 FM, Mejía a souligné qu’une grande partie des travaux dans les champs agricoles et les chantiers de construction était assurée par des travailleurs haïtiens, précisant que la majorité des Dominicains n’occupent pas ces emplois. Il a ajouté : « Que nous le voulions ou non, nos gens ne travaillent ni dans les champs, ni dans les cultures de bananes, ni dans le riz. Dans la plupart des cas, ce sont des citoyens haïtiens. »
L’ancien président a insisté sur la nécessité d’une gestion plus réfléchie et organisée de l’immigration haïtienne pour éviter des problèmes futurs. “Il faut de la rationalité dans l’approbation et l’autorisation pour les Haïtiens de venir travailler”, a-t-il déclaré, appelant à une régulation plus stricte, mais aussi pragmatique, des flux migratoires.
Mejía a évoqué son expérience dans le secteur de la construction, précisant qu’au début de son mandat, les travailleurs haïtiens étaient indispensables pour la réalisation de projets, notamment dans le domaine des logements. “Les Haïtiens les ont pris”, a-t-il expliqué, soulignant les difficultés rencontrées par les employeurs locaux pour trouver de la main-d’œuvre nationale.
L’ancien président a également mentionné sa connaissance approfondie de la situation à la frontière, précisant qu’il avait personnellement travaillé en Haïti et avait une compréhension fine des enjeux migratoires. “Je sais ce que nous devons faire sans arbitraire”, a-t-il affirmé, appelant à une meilleure gestion des autorisations et à une réduction de la corruption liée à l’immigration.
Cependant, Hipólito Mejía a précisé qu’il n’avait aucune intention de s’opposer au gouvernement actuel du président Luis Abinader, mais qu’il se sentait légitimement appelé à partager ses idées en raison de son expérience et de son expertise dans le domaine. “Je ne voudrais pas être en désaccord avec mon président… Si je crois que mon expérience peut contribuer, je le fais sans aucun intérêt”, a-t-il ajouté.
L’ex-président a mis en garde contre les risques que comporterait l’absence de mesures appropriées pour encadrer l’immigration haïtienne. “Je vous assure que s’il n’y a pas de régulation, la construction dans l’est du pays et dans de nombreuses régions sera grandement limitée”, a-t-il précisé, suggérant que la rationalisation de la migration de travail pourrait être une solution pour soutenir les secteurs clés de l’économie dominicaine.
Le débat sur l’immigration haïtienne continue de diviser l’opinion publique en République Dominicaine, et la proposition de Mejía d’une régulation plus stricte de la main-d’œuvre haïtienne pourrait avoir des implications importantes pour l’avenir des relations bilatérales entre les deux pays.