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«Il faut l’implication de tout l’écosystème économique pour stabiliser le taux de change», a dit Enomy Germain.
La Banque de la République d’Haïti a fait une deuxième injection de 15 millions de dollars américains sur le marché des changes, après les 12 et 15 millions injectés en janvier et mars dernier. En réaction l’économiste Enomy Germain, lors d’une interview exclusive accordée à Juno7, a fait savoir que la décision, étant donné l’insuffisance de l’offre de dollars dans l’économie, fait un certain sens.
«L’offre est insuffisante parce que les sources primaires de dollars pour le pays ne répondent pas suffisamment. En effet, 1) les exportations n’ont pas connu de bons spectaculaires depuis le début de l’exercice (seulement une augmentation de 8,16%), 2) le tourisme est à plat, 3) les transferts – en dépit d’une augmentation de 40% en glissement annuel (pour atteindre 2,09 milliards de dollars en juin) – ne suffisent pas à supporter la demande du marché pour le dollar», a-t-il détaillé.
D’un autre côté, l’économiste a indiqué que les importations augmentent considérablement (21,6% en avril). La demande de dollar pour le motif d’importation augmente donc parallèlement. De plus, les gens demandent de plus en plus de dollars pour le motif de précaution (épargne). « Dans cette circonstance, une injection fait sens même si elle n’est pas la solution », a-t-il ajouté.
C’est la troisième injection pour un total de 42 millions de dollars. Est-ce que cela a eu des effets sur le taux de change ? A cette question il a expliqué qu’il doit y avoir un certain impact, mais ce qui est clair, c’est que le problème n’est pas résolu. Car, du 04 janvier au 5 aout 2021, en dépit de ces injections, la gourde a perdu plus de 33% de sa valeur.
Est-ce efficace pour stabiliser le taux de change ? Enomy Germain n’y croit pas. « Les injections ne sont qu’une catégorie d’outils de politique monétaire. Elles ne suffisent pas à stabiliser le taux de change. Ce ne sont que des mesures d’atténuation des tensions conjoncturelles », a-t-il dit soulignant au passage que la BRH, à elle seule, ne peut pas résoudre le problème même si cela fait partie de ses missions les plus élémentaires.
Pour lui, les autorités politiques, fiscales et budgétaires, monétaires, les institutions financières et bancaires qui ne cessent de spéculer et provoquent des spéculations, etc devraient toutes comprendre que la stabilisation du taux est un enjeu majeur. Elles doivent toutes œuvrer pour une stabilisation des prix dans l’économie. Car, « le taux de change instable nuit au fonctionnement de pratiquement tous les agents économiques et donc de toute l’économie en ce sens qu’il provoque des déséquilibres néfastes dans l’économie », a-t-il conclu.
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