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Économie

Au 3ème trimestre, les troubles socio-politiques et l’insécurité continuent de plomber l’économie selon la BRH

Stabilisation du taux de change: la BRH requiert la participation des autres entités de l'État
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Au cours du 3ème trimestre de l’année fiscale l’économie du pays continue de pâtir, les finances publiques sont en mauvais état à cause notamment des troubles socio-politiques et de la détérioration du climat sécuritaire, selon la BRH.

La note de la Banque de la République d’Haïti (BRH) sur la politique monétaire du pays pour le troisième trimestre de l’année fiscale 2021, allant de avril à juin, montre les conséquences négatives des troubles socio-politiques et de la détérioration du climat sécuritaire sur l’économie du pays. Dans ce contexte, la banque centrale estime que l’impraticabilité des routes menant vers le Sud depuis le début du mois de juin a entravé la circulation des denrées en provenance des régions agricoles des départements du Sud, Sud-Est, des Nippes et de la Grand’Anse.

« Cette conjoncture a provoqué une perturbation des chaînes alimentaires en raison du problème d’approvisionnement des marchés dans un contexte de faible performance de la campagne d’hiver notamment dans les régions du Nord et du Nord-Est affectées par les inondations en mars dernier, et de l’épuisement des maigres réserves résultant de la période de soudure. Cette
situation s’est reflétée dans la baisse de l’offre alimentaire locale, laquelle a été compensée par les produits importés », peut-on lire dans cette note de la BRH.

Augmentation des transferts et du taux de change

En ce qui a trait aux transferts privés sans contrepartie qui constituent la plus importante source de devises du pays, ils se sont chiffrés à 2,09 milliards de dollars d’octobre 2020 à mai 2021, soit une progression de plus de 40 % en glissement annuel, a indiqué la BRH. Au niveau du marché des changes, le renforcement de la demande d’importations et les anticipations négatives des agents économiques associées à la dégradation du climat sécuritaire ont été les principaux facteurs alimentant les pressions sur le change. En effet, le taux de change est passé de 80,32 gourdes pour un dollar américain en mars à 90,67 gourdes pour un dollar américain en juin 2021, marquant une dépréciation de 12,9 % de la gourde au cours du trimestre sous étude, poursuit la note.

Les finances publiques davantage dégradées

« Au cours du 3ème trimestre, la situation des finances publiques s’est davantage dégradée en raison de l’incapacité de l’État à mobiliser des ressources dans un contexte de détérioration du climat des affaires », écrit la BRH. Dans ses explications, la banque estime que « totalisant 21 790 millions de gourdes au cours du trimestre sous étude, les recettes ont diminué de 8,13 % par rapport au trimestre précédent. Parallèlement, les dépenses budgétaires ont crû de 11,2 % en variation trimestrielle pour s’établir à 84 587 millions de gourdes. »

Aussi, les recettes cumulées d’octobre 2020 à juin 2021 sont en hausse de 15,93 % par rapport à la même période de l’exercice passé, et représentent 33,36 % des ressources totales de l’État chiffrées à 212 217 millions de gourdes. Cependant, ces dernières n’ont pas pu couvrir les décaissements totaux de 239 680 millions de gourdes dont 124 358 millions de gourdes de dépenses budgétaires effectuées par l’État sur les 9 premiers mois de l’exercice. Ainsi, avance la note, cette évolution de la « situation des finances publiques s’est soldée par un déficit du budget partiellement financé par la BRH pour un montant de 40 224 millions de gourdes en juin 2021 contre 34 037 millions de gourdes le trimestre antérieur. »

Le rythme de progression des prix dans l’économie a toutefois connu une décélération, poursuit la banque centrale. Ceci est dû, selon elle, à l’impact statistique associé à la forte progression des prix enregistrée l’année dernière en raison de la dépréciation de la gourde et des anticipations liées au phénomène “Peyi lòk”, ainsi qu’à la pandémie du coronavirus. Ainsi, le taux d’inflation mensuel cumulé sur la période allant d’octobre 2020 à mai 2021 a atteint 5,6 % contre 14,6 % au cours de la même période de l’exercice 2019-2020.

Augmentation des importations

Toujours selon la BRH, les données disponibles jusqu’au mois d’avril 2021 concernant le secteur ont fait état d’une augmentation de 21,60 % des importations et de 8,16 % des exportations pour les 7 premiers mois de l’exercice fiscal comparativement à la même période de l’année antérieure. L’évolution concomitante des importations et des exportations a entraîné une détérioration de 26,28 % de la balance commerciale sur cette période.

« À ces chocs s’ajoute la recrudescence des cas de coronavirus », a ajouté la BRH qui souligne que les variants anglais et brésilien détectés dans le pays au cours du mois de mai 2021 ont aggravé les conditions sanitaires déjà précaires. Aussi, les mesures prises pour contrer la propagation de la pandémie ont-elles été renforcées, traduisant un ralentissement de l’activité économique.

Toujours dans cette note sur la politique monétaire,la BRH a dégagé des perspectives à court terme, pour l’économie haïtienne même si elles « restent mitigées ». La détérioration de la
situation sécuritaire et du contexte socio-politique ainsi que ses incidences sur la production et les circuits de commercialisation pourraient continuer à affecter négativement l’activité économique. Quant à la production agricole, elle pourrait pâtir de l’épuisement des maigres réserves des agriculteurs au cours de la période de soudure et des impacts négatifs potentiels de la saison cyclonique, prédit-elle.

« Parallèlement, la conjoncture socio-politique et sécuritaire risque d’agir négativement, une fois de plus cette année, sur les rentrées des visiteurs durant la période estivale. De même, des pressions inflationnistes pourraient être alimentées par la poursuite de la tendance à la hausse des cours des produits de base sur le marché international notamment ceux du pétrole. De plus, une telle situation risquerait d’alourdir la facture d’importations du pays et d’amplifier les manques à gagner par l’État »,estime la BRH.

Toutefois, la banque centrale croit qu’un dénouement favorable de la crise socio-politique et l’amélioration des conditions de sécurité pourraient permettre d’atténuer les impacts négatifs des chocs actuels sur l’activité économique. Aussi, un tel développement enverrait-il des signaux positifs susceptibles de rétablir la confiance des agents, laquelle peut les conduire à nuancer leur position attentiste quant à leurs dépenses de consommation et d’investissement dans l’économie.

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