Getting your Trinity Audio player ready...
|
L’insécurité, un fléau pour les « Madan Sara » et l’économie haïtienne, entraîne une augmentation des prix, impactant ainsi directement le panier de la ménagère.
Les « Madan Sara », piliers de l’économie informelle haïtienne, sont confrontées à une situation de plus en plus difficile en raison de l’insécurité généralisée. Une enquête approfondie menée par la Banque de la République d’Haïti (BRH), publiée dans le 3e numéro de BRH – Info à la Loupe, révèle l’ampleur des défis auxquels ces commerçantes font face au quotidien.
Comme le souligne la banque centrale, les « Madan Sara » jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement des marchés locaux, notamment en produits alimentaires. Majoritairement des femmes (environ 80 %), elles constituent un maillon indispensable entre les producteurs et les consommateurs. Elles sont un rouage clé de l’économie haïtienne, assurant la distribution des denrées essentielles. Cependant, elles subissent de plein fouet les effets de l’insécurité qui perturbe leurs activités.
L’insécurité a des répercussions directes sur les activités de ces commerçantes. Les difficultés de circulation, les taxes illégales et les vols augmentent les coûts de transport et de commercialisation. « Cette distorsion observée au niveau de la chaîne de distribution et d’approvisionnement découle de plusieurs événements ayant entraîné une fragmentation continue du territoire haïtien, impactant ainsi les coûts de commercialisation et provoquant une hausse des prix des biens d’une région à une autre », explique la BRH.
Grâce à des groupes de discussion organisés avec des représentantes de RAMSA, la BRH a recueilli des témoignages précieux sur les difficultés rencontrées par les « Madan Sara ». Les déléguées de différentes communes du département de l’Ouest ont partagé leurs expériences et préoccupations.
Selon les résultats de l’enquête, l’activité principale des « Madan Sara » consiste en l’achat et la revente de diverses marchandises, principalement des produits alimentaires. De plus, environ 28 % des répondants ont indiqué que s’adonner à la transformation et à la préparation de produits, notamment des engrais et des sons de blé, sont essentiels pour l’agriculture et, dans certains cas, l’élevage.
Les difficultés rencontrées par les « Madan Sara », un groupe existant depuis plus de 200 ans, ont des répercussions bien au-delà de leur secteur. Elles contribuent à l’instabilité des prix, à la réduction de l’offre sur les marchés et à une baisse du pouvoir d’achat des ménages, car elles représentent une grande partie des marchandes qui revendent, dans les grands marchés publics du pays, les denrées alimentaires achetées aux exploitants agricoles.
Cette hausse des coûts se répercute inévitablement sur les prix finaux, alourdissant le panier de la ménagère. « Les interrogations portant sur le déroulement de leurs activités ont permis à la BRH de réaliser une analyse comparative de ce secteur, particulièrement pour les périodes entourant les perturbations récentes. Les informations qualitatives obtenues permettront une meilleure compréhension des agents économiques quant à l’incidence des tensions socio-économiques sur le niveau général des prix », précise l’étude.
Cette enquête de la BRH met également en évidence l’urgence d’agir pour soutenir les « Madan Sara » et améliorer la sécurité dans le pays. Des mesures doivent être prises pour faciliter la circulation des biens et des personnes, lutter contre les taxes illégales et renforcer l’état de droit.